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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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des maux. Ses eaux étaient « les plus visitées et les plus fréquentées de France ». La goutte que Gaston d’Orléans avait pu y guérir n’était pas étrangère à ce succès. En revanche, le cul-de-jatte Scarron, qui y vint par deux fois, ne quitta pas la ville en trottant comme un chat maigre ! Corneille y soigna une pneumonie, sans succès. Boileau y suivit une cure de vingt et un jours pour tenter de venir à bout d’une aphonie chronique qui le désolait : « J’ai été saigné, purgé et ne manque aucune des formalités prétendues nécessaires pour prendre des bains, écrit-il alors à son collègue et complice l’historiographe Jean Racine. La médecine que j’ai prise aujourd’hui m’a fait, à ce que l’on dit, tous les biens du monde car elle m’a fait tomber quatre ou cinq fois en faiblesse et m’a mis en un tel état qu’à peine je puis me soutenir. Il s’agit de prendre douze verrées qu’il coûte plus encore à rendre qu’à avaler et qui vous laissent tout étourdi le reste du jour sans qu’il soit possible de sommeiller un moment. »
    Mais Boileau admettra quand même, au terme de sa cure, que l’effet Bourbon n’était pas totalement négatif : « J’ai donc tenté l’aventure du demi-bain (il s’agit de s’immerger jusqu’à la ceinture) avec toute l’audace imaginable, confie-t-il encore à Racine ; mes valets faisaient lire leur frayeur sur leur visage et certains s’étaient retirés pour ne pas être témoins d’une entreprise si téméraire. À vous dire vrai, cette aventure a été un peu semblable à celle des maillotins dans Don Quichotte, je veux dire qu’après bien des alarmes, il s’est trouvé qu’il n’y avait qu’à rire ; puisque non seulement ce bain ne m’a pas augmenté la fluxion de poitrine, mais qu’il me l’a même fort soulagée et que, s’il ne m’a rendu la voix, il m’a du moins, en partie, rendu la santé. »
    De son côté, à Versailles, le Roi, en manque d’historiographe, se plaignait à Racine en ces termes : « Il ferait mieux de se remettre à son train de vie ordinaire, la voix lui reviendra lorsqu’il y pensera le moins. »
    Selon le Roi-Soleil donc, l’extinction de voix chronique de l’auteur des Satires n’aurait été qu’une affection psychosomatique avant l’heure !
    Quoiqu’elle préférât Vichy, la marquise de Sévigné vint aussi à Bourbon : « Aujourd’hui, j’ai commencé la douche, écrit-elle à sa fille. C’est une bonne répétition du purgatoire. On est toute nue dans un petit lieu, sous terre, où l’on trouve un tuyau de cette eau chaude qu’une femme vous fait aller où vous voulez. Cet état où l’on conserve à peine une feuille de figuier pour tout habillement, c’est une chose assez humiliante. J’avais voulu mes deux femmes de chambre pour voir encore quelqu’un de connaissance. Derrière le rideau se met quelqu’un qui vous soutient le courage pendant une demi-heure. »
    Mme de Sévigné, Boileau, Corneille, Scarron... il est vrai que les médecins du temps recommandaient particulièrement les eaux de Bourbon aux gens de lettres parce qu’ils étaient, estimaient-ils, « prédisposés à l’apoplexie par leurs travaux sédentaires ».
    Durant ses cures, Athénaïs prenait une douzaine de bains. Pour cinq sols on lui apportait de l’eau que les livreurs versaient dans une baignoire de bois qu’elle louait. Le médecin du cru, maître Gilbert Bourdier, venait régulièrement s’enquérir de sa santé et lui prescrivait un régime : abondance de pommes cuites et de pruneaux, mais peu de melon. Point de laitage ni légumes ou fruits crus qui sont trop « humides ». Le porc salé bien cuit à satiété. Gibier autorisé, gibier à plumes uniquement, tels les perdrix ou les faisans. Pas de folie pour la pâtisserie, mais pas d’interdiction formelle ! Aucune restriction sur le poisson qu’il fallait arroser d’un petit vin blanc de Saint-Pourçain... S’étonnerat-on ? Athénaïs ne maigrit pas...

 
    XII
 
LA MISE EN QUARANTAINE
    On s’est un peu hâté de faire démeubler son appartement.
    S AINT -S IMON .

 
    Le 30 juillet 1683 meurt à Versailles la reine Marie-Thérèse. Quatre jours plus tôt elle se portait encore à merveille ! Elle mourut tout doucement, à sa manière, un peu comme elle avait vécu. Elle mourut d’un abcès qu’elle avait sous le bras, signale la Palatine qui précise encore « au lieu de le tirer dehors,

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