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Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
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– hormis Toulouse – la négligent, lui battent froid, même. Mais elle s’apercevra qu’à la cour, elle n’est plus qu’une étrangère. Mme de Caylus, l’y observant un jour, écrira : « Mme de Montespan est comme ces âmes malheureuses qui reviennent dans les lieux qu’elles ont habités pour expier leurs fautes. »
    Il est vrai qu’elle est malheureuse, Athénaïs, immensément. Elle ne paraîtra même pas, en 1692, le 18 février et le 19 mars, aux mariages de Mlle de Blois et du duc du Maine. Son nom ne figure pas aux contrats.
    Le mariage de Françoise-Marie de Bourbon – la petite Mlle de Blois de quinze ans – avait été annoncé par le Roi le 11 janvier précédent. Il était entendu que la fille d’Athénaïs épouserait le duc de Chartres, Philippe d’Orléans, le futur régent et ce, malgré la colère noire de la Palatine ! La mère du fiancé ne parvenait pas à se faire à l’idée que son fils allait épouser une légitimée ! « Légitimée donc bâtarde », disait-elle. Et qui plus était, une bâtarde qu’elle ne pouvait souffrir ! « Son arrogance et sa mauvaise humeur sont insupportables et sa figure parfaitement déplaisante », écrit-elle encore. Avant de poursuivre : « Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à un cul. Elle est toute bistournée ; avec cela une affreuse prononciation comme si elle avait toujours la bouche pleine de bouillie et une tête qui branle sans cesse. Voilà le plus beau cadeau que la vieille ordure nous a fait. » Celle que la princesse Palatine traitait avec tant de délicatesse de « vieille ordure », c’était, évidemment, Mme de Maintenon ! Laquelle, il est vrai, avait bien inventé cette union.
    Arrogante, Mlle de Blois ? Sans aucun doute.
    — Peu me chaut qu’il m’aime, disait-elle de son promis, mais je me soucie qu’il épouse ! »
    Vaniteuse, même. Elle disait de son mari qu’il n’était que le neveu du Roi alors qu’elle en était la fille. Elle était, s’amuse Saint-Simon, « petite-fille de France jusque sur la chaise percée ».
    Mais elle était aussi d’une indolence désespérante : assurément plus Bourbon que Mortemart ! « Elle n’aimait que son lit, c’était la plus altière et la plus paresseuse des femmes. » Elle n’avait pas hérité, non plus, le tempérament sensuel et bouillant de sa mère ! Certains chroniqueurs ont même affirmé que si « elle n’avait été point tant frigide » le Régent n’aurait pas institué le libertinage à la cour de France. Frigide ou non, elle lui donnera huit rejetons !
    Le 19 février, lendemain du mariage, la Palatine ne put se maîtriser ! Comme, après la messe du Roi, Monsieur, son fils, s’approchait d’elle pour lui baiser la main ainsi qu’il faisait tous les jours, « elle lui appliqua un soufflet si sonore qu’il fut entendu de quelques pas et qui, en présence de toute la cour, couvrit de confusion ce pauvre prince, et couvrit les infinis spectateurs, dont j’étais, d’un prodigieux étonnement », écrit Saint-Simon qui, trente ans après la gifle, se réjouit encore de l’avoir entendue claquer !
    Un mois plus tard, le 19 mars, on célébrait le second mariage, celui du duc du Maine, fils aîné d’Athénaïs et chéri de Mme de Maintenon, avec Anne-Louise de Bourbon, la petite-fille du Grand Condé.
    Maine était bien le préféré de la veuve Scarron. Elle avait pour lui, dit Saint-Simon, un « faible de nourrice ». Sans doute parce qu’il était intelligent et spirituel, peut-être aussi parce qu’il était très faible de corps. On sait qu’il était pied-bot. Faible de corps, certes, mais guère plus vigoureux d’âme. Peu d’autorité, beaucoup de timidité, à la limite de la lâcheté ! En revanche, côté ruse, il était passé maître. Il excellait en « marches profondes » et en « faussetés exquises ». En somme, il était bien le « fils » de la Maintenon !
    « De l’esprit, il en avait, se délecte Saint-Simon, qui parle en connaisseur. Il en avait, je ne dirai pas comme un ange, mais comme un démon. »
    À vingt-deux ans, il épousa donc la petite-fille du Grand Condé. Vraiment une petite fille, Anne-Louise, car comme tous les Condé elle était minuscule par la taille. On la surnommait « la petite poupée de France ». D’une grande intelligence, en revanche, mais aussi légèrement déséquilibrée : une humeur très capricieuse, des scènes violentes que

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