Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Madame de Montespan

Madame de Montespan

Titel: Madame de Montespan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel de Decker
Vom Netzwerk:
qu’elle avait jalousée, haïe sans doute, celle qu’elle avait évincée.
    — Vous pleurez, lui dit soeur Louise de la Miséricorde, moi, je ne pleure plus.
    — Vous ne pleurez plus ! Ah, moi, je pleurerai toujours {52}  !
    L’une s’était déjà réfugiée en Dieu, rédigeait même des traités mystiques ; l’autre frémissait encore de sa ruine et ne détempêtait pas.
    M. de Chateaubriand, parlant des colères de Mme de Montespan répudiée, lui opposera la noble et touchante figure d’une femme aimée et abandonnée de François I er . Quand le Roi lui fit demander les joyaux chargés des devises qui avaient consacré les beaux jours de leur passion, elle ne s’emporta pas, non, elle ne cria pas ; au contraire, raconte Brantôme {53} , elle renvoya calmement le tout « fondu et converti en lingot ».
    — Portez cela au Roi, dit-elle à l’émissaire. Puisqu’il lui a plu de me révoquer ce qu’il m’avait donné si libéralement, je le lui rends et lui renvoie en lingot d’or. Quant aux devises, je les ai si bien empreintes en ma pensée et les y tiens si chères, que je n’ai pu permettre que personne en disposât et en jouît... »
    Dupé, le roi François !
    Louis XIV ne fera jamais subir un tel affront à son ex-favorite. Tout ce qu’il a donné à Athénaïs restera à Athénaïs. À une exception près, toutefois. Après avoir quitté Versailles, la marquise, fière, renvoie à Louis Soleil tous les bijoux qu’elle tient de lui, persuadée évidemment que son amant ne supportera pas ce geste orgueilleux et qu’il s’empressera de les lui restituer. C’est ce qu’il fera, d’ailleurs, mais après avoir soustrait un magnifique collier de perles qu’il offrit à Marie-Adélaïde de Savoie, l’épouse de son petit-fils, le duc de Bourgogne, et par là même mère du futur Louis XV. Hormis la confiscation de cette parure, Louis XIV agira toujours très dignement et généreusement avec Athénaïs. Il faudra même attendre l’an 1707 pour enregistrer une diminution de la rente mensuelle (100 000 livres) qu’il continuait de lui bailler. Le Roi expliqua alors que cette réduction était due à la pénurie du Trésor. Il ne mentait pas. Athénaïs répondit :
    — Les pauvres y perdront plus que moi !
    Elle disait vrai. Car non seulement elle versait une rente de 500 livres à ses orphelines de Saint-Joseph, mais elle avait fondé, à Saint-Germain-en-Laye, un hospice pour les vieillards et un couvent d’ursulines. À Fontevrault, elle pourvoyait aux besoins d’un hôpital de la Sainte-Famille, à Saumur elle construisit une maison pour les oratoriens, à Oiron, elle organisa un hospice... Cette générosité saura se transmettre de grand-mère en petit-fils : le duc de Penthièvre, par exemple, que l’histoire retiendra sous le nom de « Père des pauvres », dépensera lui aussi un peu de son immense fortune d’hôpital en hospice pour le bien-être des vieillards et des malades qu’il protégeait.
    Mais ne brûlons pas les étapes. Nous ne sommes qu’en 1691 et, cette année-là, le 16 juillet, on reparle de poudre !
    Et cette fois, c’est Mme de Main tenon qui a droit au titre d’empoisonneuse ! Ce jour-là, en effet, Louvois est pris de malaise alors qu’il lit une dépêche devant la morganatique. Il suffoque subitement, il tousse, il pâlit, il s’allonge, il ne se relèvera pas : un quart d’heure plus tard, il est mort. Une fin un peu trop brutale, estime la princesse Palatine qui en profite pour consigner noir sur blanc son impression. «Je l’avais rencontré une demi-heure avant sa mort et je lui avais parlé. Il semblait bien portant... s’il est vrai que M. de Louvois est mort empoisonné, je ne pense pas que ce soit du fait de ses fils, quelque méchants qu’ils puissent être. Je crois plutôt que c’est un médecin qui a fait le coup pour plaire à une vieille femme que M. de Louvois a vivement contrariée et sur le compte de laquelle il a parlé trop librement alors qu’il menait Sa Majesté à Mons. Le Roi n’a pas eu l’air bien incommodé après cette mort. De longtemps je ne l’avais vu si gai. »
    Athénaïs, de son côté, est triste. D’une tristesse immense. Plus les mois passeront, plus les amis seront rares à franchir les grilles de Saint-Joseph et, le jour où plus personne ne viendra, elle ne résistera pas, elle prendra la route de Versailles, elle rejoindra la cour sous le prétexte de visiter ses enfants qui

Weitere Kostenlose Bücher