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Marc-Aurèle

Marc-Aurèle

Titel: Marc-Aurèle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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souhaitée. Tu es citoyen de Rome. Tu étais l’ami de Marc Aurèle. Cherche en toi ce que tu as pensé ! »
     
    Je sais seulement qu’à la fin de juillet, un courrier est arrivé de Rome, porteur de la réponse de l’empereur.
    Elle était brève, nette et dure.
    Les renégats, dès lors qu’ils avaient réaffirmé l’abandon de leur foi en Christos, devaient être relâchés. Mais tous ceux qui, se déclarant chrétiens, persévéraient dans leur superstition, leur croyance en la résurrection, qui refusaient donc les dieux de Rome, devaient être mis à mort et ce, quels que fussent leur condition, leur sexe, leur âge.
    Ainsi le voulaient la loi de Rome et donc l’empereur du genre humain.
     
    Eclectos a raison. Je n’aurais pas dû douter – et peut-être ne l’avais-je pas fait – de la réponse de Marc Aurèle.
    Je me souviens maintenant de ce qu’il me disait quand je lui rapportais l’opposition de tel ou tel à une décision impériale.
    « Essaie d’abord de le persuader, mais agis contre sa volonté si l’ordre de la justice l’exige », m’avait-il conseillé.
    Et, pour lui, sans doute aussi pour moi, en ces années-là, je l’avoue, la justice exigeait le respect de la loi, et donc le châtiment des chrétiens.
    Tout était prêt, selon les ordres du légat impérial, pour qu’il leur fût infligé dès les premiers jours du mois d’Auguste.

 
     
48
    Cela commença le 1 er août au matin et se termina le 3 du même mois alors que la nuit tombait.
    Je veux parler du châtiment des chrétiens de Lugdunum ordonné par Marc Aurèle et réclamé par la plèbe romaine et gauloise ; du martyre d’Attale et d’Alexandre, de Blandine et de Ponticus, des autres – peut-être plus d’une trentaine – dont j’ignore les noms.
     
    Les gradins de l’amphithéâtre avaient été envahis dès l’aube par tous les habitants de la ville, citoyens romains de la cité de Fourvière et Syriens et Grecs des faubourgs d’Ainai, bateliers et pêcheurs vivant sur les bords du Rhône, venus à Lugdunum pour célébrer leur union dans le grand empire du genre humain.
    Cette foule criait, clamait sa haine et sa joie, trépignait d’impatience, aboyait son désir de voir souffrir et mourir.
    La rumeur m’a réveillé.
    L’amphithéâtre était situé à faible distance de la demeure du légat impérial où je résidais.
    Je me souviens que Doma s’est cramponnée à moi, me suppliant de ne pas me rendre à ce spectacle, à ces jeux, à ce carnage, mais chaque jour j’ai rejoint la galerie inférieure de l’amphithéâtre où se trouvaient les notables, les magistrats, les prêtres de Cybèle rassemblés autour du légat impérial.
    J’ai vu ainsi mourir Attale et Alexandre, Blandine et le jeune Ponticus, presque un enfant.
    Puis j’ai tout oublié.
    Mais voici que tout revit.
     
    Alexandre et Attale sont entrés les premiers.
    Alexandre s’est avancé d’un pas lent, comme s’il marchait dans le désert, comme s’il ne sentait pas les mains des soldats qui l’agrippaient, puis le torturaient, lui faisant subir, au milieu des cris de la foule, tous les supplices.
    Après chacun d’eux il se redressait, chancelant, poussé, projeté vers le suivant qu’il acceptait en silence, avec la même indifférence, comme si son corps qu’on perçait, tailladait, brûlait, ne lui avait pas appartenu. Au bout de la spina, après qu’on l’eut assis sur la chaise de métal chauffée à blanc, Alexandre n’a pas pu se relever et un soldat l’a égorgé, puis des esclaves, à l’aide de crochets, ont arraché son corps au siège infernal.
     
    Le tour d’Attale est venu. Il a crié aux spectateurs :
    « C’est vous qui êtes des mangeurs d’hommes ! Quant à nous, nous ne faisons rien de mal. »
    On l’a poussé sur la chaise et sa chair s’est mise à fumer, à exhaler cette odeur qui prenait à la gorge, donnait des haut-le-cœur. Dans le silence qui s’était établi, un magistrat lui a lancé :
    « Quel nom a Dieu ?
    — Dieu n’a pas de nom comme en ont les humains, a répondu Attale dans un cri.
    Sa tête est retombée sur sa poitrine et le même soldat qui avait achevé Alexandre lui a tranché le cou.
    Son corps a été tiré par les esclaves sur le sable gris de l’arène.
     
    Il y eut ensuite des combats de gladiateurs, puis les bêtes fauves ont été lâchées et elles se sont emparées des corps, les déchiquetant à grands coups de gueule.
    Et ainsi se

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