Marcel Tessier racontre notre histoire
ne sont pas connus. Voici comment on le décrit dans le Dictionnaire biographique du Canada : «Personnage extraordinaire, amoureux de la vie, peu encombré de scrupules religieux, moraux ou patriotiques, il symbolise tout le pittoresque et la richesse d’une époque d’aventures, d’intrigues, de brutalité et d’imagination.»
19 LOUIS JOLLIET
E n histoire, plusieurs grands noms évoquent des moments importants. Un nom, quoique connu, échappe souvent à notre attention. C’est celui de Louis Jolliet, ce grand explorateur canadien que le chanoine Groulx nomme le «prince des explorateurs». Ce jeune homme d’une endurance physique et morale incroyable a sillonné les rivières, les lacs et les fleuves de la Nouvelle-France, toujours à la recherche d’une terre nouvelle ou d’un cours d’eau inconnu. Cet explorateur glorieux est un exemple de courage et de dépassement. Voilà un héros authentique que l’on devrait présenter aux jeunes Québécois à la recherche de modèles.
SA FAMILLE
Jean Jolliet, charron au service de la Compagnie de la Nouvelle-France, fait baptiser son fils Louis le 21 septembre 1645. Il choisit comme marraine Françoise Giffard, fille du chirurgien Robert Giffard, seigneur de Beauport. Louis a deux frères, Adrien et Zacharie. Après avoir été prisonnier des Iroquois en 1658, Adrien est ramené à Montréal par le célèbre Garakonthié. Il s’établit au Cap-de-la-Madeleine; il est l’ancêtre de l’honorable Barthélémy Joliette, fondateur de la ville et du collège de Joliette. Zacharie passe, lui aussi, à l’histoire pour sa bravoure. Charron de métier, il fait aussi le commerce des fourrures dans les Pays-d’en-Haut. Il risquera sa vie à plusieurs occasions contre les Iroquois. Mais revenons à Louis, le plus célèbre des frères Jolliet. Il étudie à Québec, chez les Jésuites, et entre au Grand Séminaire à 17 ans. Il est vite remarqué. En plus d’étudier avec passion la théologie et la philosophie, il s’adonne à l’art musical. Il touchera même un jour les grandes orgues de la basilique. Mais cet artiste sensible, éduqué et façonné à l’école des Jésuites, ne pourra résister à l’appel de l’aventure. Il quitte le séminaire et passe en France pour y faire des études d’hydrographie. Il revient au pays un an plus tard et se lance à l’assaut de l’inconnu.
À L’ASSAUT DE LA GRANDE RIVIÈRE
Louis Jolliet a 27 ans. Plusieurs années après la fondation de Québec par Champlain, l’immense région au sud des Grands Lacs n’est toujours pas explorée. On a entendu parler d’un grand fleuve, le Mississippi, qui s’étire dans la contrée. Mais où se jette-t-il? Conduit-il vers la Chine? Vers l’or et les épices? L’intendant Talon veut connaître la réponse. Il décide d’y envoyer un explorateur. Le roi Louis XIV a d’ailleurs offert une récompense alléchante à celui qui réaliserait ce grand projet. Mais Talon est rappelé en France et c’est le gouverneur Frontenac qui prend la relève. Il se demande qui choisir pour cette grande aventure. Un vieux marin de la vieille France ou un cœur vaillant natif du pays? Après consultation, il rencontre un jeune homme qui trace des cartes précises de ses voyages aux Grands Lacs et qui possède toutes les qualités nécessaires pour une telle mission: expérience, connaissance des langues amérindiennes et courage. Après avoir rencontré le gouverneur, Louis Jolliet et ses hommes, triés sur le volet, arrivent à Michillimakinac le 8 décembre 1672. Son ami Jacques Marquette, un jésuite qui vient d’y fonder une mission, l’accueille avec joie et, après cinq mois de travail, de préparation et de recherche, ils se mettent en route pour la Grande Rivière.
EN ROUTE
Deux canots d’écorce montés par sept Français partent à l’assaut de ce fleuve à propos duquel on raconte toutes sortes d’histoires. Les voyageurs passent le détroit de Makinac et arrivent dans la baie Verte. La tribu de la Folle Avoine les reçoit avec chaleur, mais ses sorciers les mettent en garde contre les dangers d’une descente vers le sud et tentent même de les empêcher de poursuivre leur périlleux voyage. «Le Père des eaux cache des monstres énormes qui dévorent les hommes et les canots; le pays qu’il arrose est dangereux et il y fait une chaleur mortelle.» Après quelques jours de conciliabules, les Amérindiens acceptent de leur fournir deux guides. Jolliet, Marquette et
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