Marcel Tessier racontre notre histoire
titres de sa seigneurie de Longueuil sont confirmés par Talon et Frontenac, qui y ajoutent des terres entre Varennes et Laprairie. En 1673, pour le remercier de ses services, Frontenac lui concède au nom du roi une nouvelle seigneurie à Châteauguay et l’île Saint-Bernard – aujourd’hui appelée l’île de Châteauguay – à l’embouchure de la rivière du Loup.
Il fait aussi des affaires prolifiques avec son beau-frère Jacques Le Ber, qui devient son associé. En 1679, ils achètent le fief Boisbriant, situé «au bout d’en haut de l’île de Montréal», et qui prend le nom de Senneville.
Dès le début de la colonie de Ville-Marie, en 1660, il est élu marguillier avec Pierre Gadoys. C’est le début de son engagement social envers ses compatriotes. Dès 1663, avec l’avènement du gouvernement royal, il remplit le rôle de procureur du roi. Du début à la fin de sa vie, sa présence à Ville-Marie est incontournable. Même dans les derniers moments, usé et fatigué, il n’hésite pas à rendre un ultime service au gouverneur La Barre en négociant, avec le père de Lamberville, la paix de l’Anse à la Famine. Le 30 janvier 1685, il dicte ses dernières volontés, sentant sa fin proche. Quelques jours plus tard, il meurt à l’âge de 60 ans. Il est inhumé dans la crypte de l’église Notre-Dame de Montréal.
Ce noble soldat, ce bâtisseur de pays laissera à ses enfants, à leurs descendants et à tout un peuple, un modèle de courage, de travail, de ténacité et de dépassement qui façonne une nation. L’un de ses fils, Pierre Le Moyne d’Iberville, deviendra le plus grand homme de guerre de la Nouvelle-France.
17 LES COUREURS DE BOIS
C ertaines pages de l’histoire de la Nouvelle-France peuvent susciter chez le lecteur une admiration incontestable. C’est le cas des aventures extraordinaires de Radisson et de son beau-frère Médard Chouart, sieur Des Groseilliers.
LE COMMERCE DES FOURRURES
Durant tout le Régime français et même jusqu’au début du commerce du bois vers 1800, les fourrures représentent la ressource primordiale du territoire. Pour elles, les Français, les Anglais et les Amérindiens se battent et contractent des alliances. L’Amérindien joue ici le premier rôle. C’est lui qui trouve l’animal (le plus souvent du castor), le piège, le nettoie et, dans certains cas, le porte afin de l’assouplir. Puis, entre en scène notre coureur de bois ou voyageur. Son métier consiste à aller chercher les peaux là où elles se trouvent, soit dans des endroits de plus en plus éloignés. Il le fait dans des conditions d’une difficulté inouïe, encourant des dangers terribles. Une fois qu’il a obtenu les peaux en échange d’objets de troc, au poste de traite ou dans un village amérindien, il refait sa route en sens inverse, dans des canots chargés du précieux butin.
LE CONGÉ DE TRAITE
Les autorités n’ont pas beaucoup de considération pour ces aventuriers. C’est que plusieurs d’entre eux sont des colons qui quittent leur terre pour faire ce métier, plus lucratif, il faut bien le dire. Or, la colonie a grand besoin de ses défricheurs. À la fin du XVII e siècle, on décide donc d’exercer une surveillance très sévère sur les activités de traite. On met sur pied le régime des «congés de traite». Avant de s’enfoncer dans les Pays d’en haut, le colon doit en recevoir la permission ou être à l’emploi d’un traiteur. Mais ces mesures n’ont pas grand effet.
LE TRAITEUR
Le traiteur devient alors le troisième acteur de cette «industrie» après l’Amérindien et le coureur de bois. Il finance et organise les voyages de traite dans le territoire concédé par une compagnie. Il engage par contrat des voyageurs qui, à leur retour d’expédition, lui remettent leur chargement. Le traiteur les paie généralement en fourrures. (Bien sûr, le colon qui n’a pas bénéficié d’un congé de traite va plutôt liquider ses peaux en contrebande.) Si les risques du coureur de bois sont d’ordre physique, ceux du traiteur sont d’ordre financier. Un échec… et tout l’argent investi est perdu.
LES COMPAGNIES
L’Amérindien, le voyageur et le traiteur travaillent pour une compagnie qui exportera les fourrures outre-Atlantique. Elle est le pivot de ce commerce très lucratif et en retire les plus grands bénéfices. Aux XVI e et XVII e siècles, plusieurs compagnies administrent la colonie et obtiennent le monopole du
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