Marcel Tessier racontre notre histoire
leurs compagnons, guidés par les deux Amérindiens, traversent un pays jalonné de rivières, de lacs et de marécages. Après un portage de 2700 pas, ils parviennent à des rivières qui s’allongent vers le sud. Les guides refusent de continuer et quittent le groupe. Jolliet décide de poursuivre et avance dans un pays qu’aucun Européen n’a encore foulé. Après avoir glissé sur la rivière Wisconsin, bordée d’une végétation exotique, il parcourt 120 milles en se laissant porter par le courant. Le 17 juin 1673, un mois après leur départ, les Français débouchent sur le Mississippi 1 .
Jolliet et Marquette naviguent durant 14 jours sur la Grande Rivière, qui leur dévoile toutes ses facettes; ni montagnes ni forêts, mais des vignes, des pommiers, des rivières, des prairies remplies de chevreuils, de bisons, de canards, d’outardes, de cygnes, de poules d’Inde. Quelle beauté! Quel spectacle extraordinaire! Ils rencontrent les Illinois, qui les reçoivent avec chaleur, s’entendent avec la tribu plus récalcitrante de l’Arkansas, qui leur apprend que le Mississippi ne se décharge pas à l’ouest, mais qu’il termine sa course au sud, dans le golfe du Mexique.
LE RETOUR DE JOLLIET
En quatre mois, Jolliet a parcouru 3000 milles. À la fin de septembre, il est de retour à la baie des Puants. À Québec, au printemps 1674, il rencontre Frontenac, mais ce voyage lui coûte cher, puisqu’il perd ses compagnons de voyage en franchissant les rapides de Lachine. Lui-même ne s’en sort que par miracle. Il est reçu en héros à Québec et rend compte de façon détaillée de son voyage au gouverneur. Le 1 er octobre 1675, Louis épouse Claire-Françoise Bessot, dont la mère, Marie Couillard, était la fille de Guillaume Couillard et petite-fille de Louis Hébert. Jolliet entre donc dans une famille influente de Québec, à qui il donnera sept enfants.
NOUVEAU DÉPART
Jolliet rêve de s’établir dans la vallée de l’Illinois, mais le gouverneur préfère qu’il reste à son service comme explorateur. C’est ainsi qu’il franchit le Saguenay, le lac Saint-Jean, enfourche la rivière Rupert et atteint la baie d’Hudson. Le gouverneur anglais qui s’y trouve l’accueille avec empressement et lui offre de travailler pour l’Angleterre, car la réputation de Jolliet l’a précédé. Louis, de retour à Québec après sept mois, apprend aux dirigeants de la Nouvelle-France qu’il est risqué de laisser aux seuls Anglais le commerce des fourrures de cette région. Nommé hydrographe du roi et seigneur de l’île d’Anticosti, il s’y établit en 1681. Il y fait le commerce de la morue et du loup marin et caresse le projet de mettre sur pied une marine franco-canadienne en donnant des cours d’hydrographie à Québec.
LE LABRADOR
Le grand explorateur ne s’arrête pas. Un riche bourgeois de Québec lui fait cadeau, en 1694, d’un beau navire, le Saint-François, et il part en expédition accompagné de ses deux fils, de 14 hommes d’équipage et du père Simon de la Place. Il atteint les îles Saint-Jacques, près de Terre-Neuve, rencontre les Inuits du Labrador avec lesquels il échange chaleureusement. De retour à Québec, il s’embarque à bord d’un vaisseau chargé de fourrures en partance pour la France. Lors de ce deuxième voyage en France, il rencontre le ministre de la Marine et revient dans son pays avec le titre de «Pilote royal et Professeur d’hydrographie pour le roi à Québec». Louis Jolliet meurt le 4 mai 1700, dans son pays. Après sa mort, ses héritiers deviennent propriétaires de l’île d’Anticosti pour près de 200 ans.
1 . Le Mississippi prend sa source au lac La Biche, que Jean Nicolet explora en 1637. Ce fleuve se jette dans le golfe du Mexique, 2459 milles plus loin.
20 PIERRE LE MOYNE D’IBERVILLE
S oldat, capitaine de vaisseau, explorateur, commerçant, gouverneur, colonisateur… Pierre Le Moyne a été tout cela. Ce qui fait sans doute de lui le plus grand de nos héros militaires. En tout cas, des historiens ont parlé de lui comme du plus grand homme de guerre qu’ait produit notre pays; ou encore comme du «Jean Bart canadien».
Rappelons que le Français Jean Bart, un contemporain de Le Moyne d’Iberville, était marin, et plus précisément chef corsaire. Il réussit à s’emparer de plus de 4000 navires marchands anglais, ruinant ainsi pour longtemps le commerce de l’Angleterre. Un jour, à Louis XIV lui annonçant
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