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Marcel Tessier racontre notre histoire

Marcel Tessier racontre notre histoire

Titel: Marcel Tessier racontre notre histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marcel Tessier
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influents. À l’issue des soulèvements de 1837-1838, Londres veut une enquête, un rapport sur le conflit et des recommandations. On confie la tâche à Durham, avec les titres de haut-commissaire et de gouverneur général. Aussi bien dire qu’il détient le pouvoir absolu, puisque la Constitution du Bas-Canada a été suspendue. Il débarque à Québec le 29 mai 1838. Un mois plus tard, le 28 juin, il forme un Conseil spécial qui forcera à l’exil les chefs patriotes qui avaient déjà fui le pays, ce qui devait les empêcher de revenir. Mais le même conseil décrète aussi une amnistie générale pour les autres citoyens ayant pris part aux soulèvements. Grave erreur: on est mécontent de sa décision et Londres le désavoue. Lord Durham doit donc retourner en Angleterre. On est en novembre 1838.
    En janvier 1839 son rapport, qui deviendra si célèbre, est divulgué. Que dit-il? Il affirme que le conflit est racial, pas constitutionnel. «Je m’attendais à trouver un conflit entre un gouvernement et un peuple: je trouvai deux nations se faisant la guerre au sein d’un seul État…»
    Que pense-t-il des Canadiens? «Ils sont un peuple sans histoire ni littérature, ils s’attachent aux anciens préjugés, aux anciennes lois avec la ténacité irraisonnée d’un peuple ignare et stationnaire… Ils sont d’une infériorité sans espoir: je ne connais pas de distinction nationale marquant et continuant une infériorité plus désespérée, la langue, les lois et le caractère du continent sont anglais, et toute autre race que la race anglaise apparaît dans un état d’infériorité. C’est pour les tirer de cette infériorité que je désire donner aux Canadiens notre caractère anglais.»
    Il loue l’impérialisme britannique. «Les Anglais ont mis en valeur les ressources du pays, ils ont construit ou amélioré ses moyens de communication, ils ont créé son commerce extérieur et intérieur, les fermes les plus florissantes… La grande masse de la population ouvrière est française à l’emploi des capitalistes anglais… [lesquels] ont pour eux une incontestable supériorité d’intelligence; ils ont la certitude que la colonisation doit augmenter leur nombre jusqu’à devenir une majorité […] ils appartiennent à la race qui détient le gouvernement impérial et qui domine sur le continent américain.»
    Et que propose Lord Durham? L’assimilation des francophones par l’union des deux Canadas et la responsabilité ministérielle. «Je n’entretiens aucun doute au sujet de la représentation nationale qui doit être donnée au Bas-Canada […] Le premier et ferme dessein du gouvernement britannique doit être à l’avenir d’établir dans cette province une population anglaise, avec des lois et la langue anglaises, et de ne confier son gouvernement qu’à une législature décidément anglaise».

48 L’ACTE D’UNION
    À la suite du rapport de Lord Durham, le gouverneur Sydenham, sans consultation auprès du peuple, fait approuver une nouvelle constitution. À cette époque, la population totale des deux Canadas dépasse légèrement le million. Le Bas-Canada compte 650 000 habitants, et le Haut-Canada, 450 000.
    Pour les Canadiens, cette nouvelle constitution équivaut à une nouvelle Conquête. En effet, elle leur fait perdre leur propre Chambre d’Assemblée et, malgré leur supériorité en nombre dans le Bas-Canada, leur donne le même nombre de députés que les Anglais: 42. On ne peut donc pas parler de représentation proportionnelle… (Naturellement, quand les anglophones surpasseront en nombre les Canadiens, en 1851, ils réclameront à tue-tête, avec comme chef de file le fondateur du Globe and Mail et chef du Parti clear-grits, George Brown, le Rep by Pop, qui leur sera accordé avec la Confédération de 1867.)
    La question de la nouvelle constitution suscite de nombreux débats, surtout dans le Haut-Canada. Dans cette province à majorité anglaise, on veut, par exemple, que seule la langue anglaise soit officielle; et aussi que la tenure seigneuriale reste limitée aux rives du Saint-Laurent. Quoi qu’il en soit, la reine Victoria, souveraine britannique, signe, le 23 juillet 1840, la nouvelle loi de l’Union, qui entrera en vigueur le 10 février 1841.
    Saviez-vous que…
    Qui étaient les célèbres shiners qui régnaient en maîtres dans la petite ville de Bytown, aujourd’hui Ottawa, de 1840 à 1850? Laissons Benjamin Sulte répondre: «Ces hommes

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