Marcel Tessier racontre notre histoire
semblable, le Doric Club. Le 23 octobre 1837, 5000 personnes se rassemblent à Saint-Charles. Papineau leur conseille de ne pas prendre les armes, mais le patriote Wolfred Nelson n’est pas d’accord: «Le temps est arrivé de fondre nos plats et nos cuillers d’étain pour en faire des balles», clame-t-il. M gr Lartigue publie une lettre pastorale. Les Canadiens dénoncent leur chef spirituel en défilant devant la cathédrale Saint-Jacques, à Montréal. Les jeux sont faits. Le 6 novembre, le Doric Club et les Fils de la Liberté s’affrontent à Montréal. On saccage l’imprimerie du Vindicator, on met le feu à la maison de Papineau. Le gouverneur Gosford écrit à Londres pour réclamer la loi martiale. Des régiments anglais arrivent en renfort. On recrute des anti-patriotes à Montréal et à Québec. John Colborne (qu’on surnommera le Vieux Brûlot) est nommé commandant en chef. Les assemblées sont interdites, des mandats d’arrêts sont émis. Papineau et d’autres fuient par la rivière Richelieu, atteignent Saint-Hyacinthe et, de là, passent aux États-Unis.
LES COMBATS
Le 22 novembre, partis de Chambly, la Montreal Volunteer Cavalry commandée par le lieutenant-colonel Wetherall rejoint à Saint-Denis, pour une attaque surprise, les cinq compagnies du colonel Gore, parties celles-là de Sorel. Mais les Patriotes les attendent et les soldats anglais sont épuisés. Les Canadiens l’emportent, mais ce sera leur seule victoire. À Saint-Charles, les 200 Patriotes réfugiés dans le manoir du seigneur Debartzch, sous la direction de T. S. Brown, attendent Wetherall de pied ferme. Mais l’artillerie anglaise détruit le manoir en quelques heures.
Le 1 er décembre, Gore retourne à Saint-Denis prendre sa revanche. Ses soldats profanent l’église, pillent et incendient le village. Le 5 décembre, le gouverneur Gosford décrète la loi martiale. Les curés menacent des tourments de l’enfer les Canadiens qui appuient les Patriotes. Deux curés sympathisants sont relevés de leurs fonctions. Le 14 décembre, à Saint-Eustache, Colborne, à la tête de 2000 hommes bien armés, ne fait qu’une bouchée des 250 Patriotes commandés par le D r Chénier. Après avoir brûlé l’église, son armée se répand dans la région, volant, violant les femmes, brûlant les maisons, massacrant les animaux.
LES FRÈRES CHASSEURS DE 1838
Au printemps 1838, Lord Durham, nommé gouverneur général et haut-commissaire, débarque au Bas-Canada. Que faire des Patriotes? Il décide d’exiler 8 de leurs chefs aux Bermudes, et d’interdire l’entrée au pays à 16 d’entre eux qui se sont enfuis.
Parmi ces interdits, Robert Nelson, installé aux États-Unis, proclame la République du Bas-Canada le 28 février. Il recrute une armée, les Frères chasseurs, et se prépare à attaquer le Canada. Il espère que sur sa route des soulèvements populaires répondront à son appel. Erreur… seul le sud de Montréal s’organise. C’est la débandade. Colborne ayant repris du service après le départ de Durham, mettra fin à l’idéal patriote avec une armée de 6000 hommes. Le Vieux Brûlot achève son boulot; il incendie et détruit tout sur son passage, fait 753 prisonniers, dont 99 seront condamnés à mort par la Cour martiale. Adam Thom, du Montreal Herald, suggère qu’on les exécute le plus tôt possible: «Il serait ridicule d’engraisser cela tout l’hiver pour les conduire plus tard à la potence.»
Douze Patriotes sont pendus au Pied-du-Courant, 58 sont déportés en Australie, deux sont bannis à vie, 27 sont libérés sous caution. Colborne disait qu’il fallait faire des exemples.
47 LE RAPPORT DURHAM
S i un rapport a fait du bruit dans notre histoire, c’est bien celui de Lord Durham! Mais qui est donc ce monsieur? Son vrai nom est John George Lambton. C’est un Anglais, fils d’un député de la cité de Durham aux Communes britanniques. En 1813, il imite son père, se lance en politique et se fait élire député de Durham. Adversaire des tories, il se fait l’avocat de maintes réformes. C’est un homme intelligent et orgueilleux, colérique au point de ne se dominer que difficilement. Rapidement, il trace son chemin à travers le labyrinthe de la politique. Sa vanité est comblée par les honneurs: il est élevé à la pairie en 1828, puis ennobli au rang de comte. Et quand il se marie avec la fille de son chef de parti, Lord Grey, il devient l’un des libéraux les plus
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