Marcel Tessier racontre notre histoire
et fait appel à ses colonies, car elle a besoin de soldats pour vaincre les colons boers.
AU CANADA
Depuis 1896, c’est Sir Wilfrid Laurier qui est premier ministre du Canada. Comment répondra-t-il à cet appel de la mère patrie? Pour comprendre sa réponse, rappelons-nous d’abord ses paroles, au moment où il a reçu le titre de sir à l’occasion des fêtes du jubilé de la reine Victoria en 1897: «Le jour le plus glorieux de ma vie sera celui où je verrai un Canadien d’origine française appuyant le principe de la liberté dans ce Parlement de la Plus-Grande-Bretagne et je suis britannique jusqu’au fond du cœur.» Pris à son propre piège, il va trouver un compromis. Et le 13 octobre 1899, sans passer par la Chambre des communes, faire adopter une loi qui permet d’envoyer 1000 volontaires au service de l’armée anglaise. Au total, 7500 Canadiens se joindront à l’armée anglaise. Le coût de cette opération s’élèvera à 2 800 000 dollars.
Le seul député qui s’oppose à cette décision en est un du Québec. C’est Henri Bourassa. Petit-fils de Louis-Joseph Papineau, il a 31 ans à peine. Laurier l’aime et le respecte. Mais cette loi va à l’encontre des principes du jeune loup: dès le lendemain de la promulgation de l’arrêté en conseil, il démissionne. À partir de ce jour, Henri Bourassa sera un ennemi politique acharné de Laurier. Il fondera un peu plus tard, avec Olivar Asselin, la Ligue nationaliste.
Le recrutement de militaires se fait à l’étendue du pays. Le Québec fournit une centaine d’hommes.
AFFRONTEMENTS À MONTRÉAL
Après la prise de Ladysmith par les troupes anglaises, annonciatrice de la victoire sur les Boers, les étudiants de l’Université McGill, arborant l’Union Jack, se regroupent pour manifester. Ils en viennent aux coups avec des étudiants de l’Université Laval, à Montréal qui, eux, déploient le drapeau tricolore. Des centaines d’étudiants anglophones se mobilisent pour aller hisser l’Union Jack sur l’Université de Montréal et sur les édifices des journaux français, rue Saint-Jacques. Mais, rue Saint-Denis, les étudiants francophones les attendent. Ils ont branché tous les tuyaux d’incendie qu’ils ont pu trouver aux bornes-fontaines. Malgré l’inondation, les émeutiers de McGill réussissent à pénétrer dans l’enceinte de l’université française, s’emparent du drapeau tricolore, le déchirent et le foulent aux pieds. On entend des coups de feu. Plusieurs jeunes sont transportés à l’hôpital, d’autres sont incarcérés. Les journaux et les politiciens s’en mêlent, s’accusent mutuellement. Les troubles vont durer plusieurs jours.
Bourassa, qui a été réélu tout de suite après sa démission, présente à la Chambre des communes une résolution suivant laquelle le Canada demanderait à l’Angleterre d’accorder son indépendance à l’Afrique du Sud. La motion est battue par une immense majorité et l’on chante le God Save the King .
63 L’INFÂME RÈGLEMENT XVII DE L’ONTARIO
Q uand, en 1998, l’hôpital Montfort, le seul hôpital francophone de l’Ontario, perd la moitié de son budget, les deux tiers de ses lits et ses services d’urgence, un tollé s’élève chez les francophones du Canada. Mais ce n’est pas la première fois que les Franco-Ontariens perdent des droits acquis. Déjà en 1912, le gouvernement de cette province interdisait l’enseignement de leur langue dans les écoles! Le grand Rosaire Morin nous en parle dans L’Action nationale .
Cette année-là, en effet, le gouvernement de l’Ontario vote le Règlement XVII, qui stipule: «Là où c’est nécessaire, dans le cas des élèves de langue française, on peut employer le français comme langue d’instruction, mais cet emploi du français ne devra pas s’étendre au-delà de la première année.» D’un seul coup, on vient de retirer aux francophones leurs droits acquis dans le domaine de l’éducation, car jusque-là, l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867 garantissait que les minorités, partout au Canada, conservaient leurs droits acquis avant la Confédération.
Que s’est-il donc passé? Simplement un durcissement de l’opinion publique anglophone contre la culture francophone. D’abord on se contente de préciser que l’anglais devient la principale langue d’enseignement, et en 1885, effectivement, l’étude de l’anglais est obligatoire dans toutes les écoles.
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