Marcel Tessier racontre notre histoire
celui de Laurier et d’autres politiciens de chez nous, son nom demeure bien présent au Québec: avenue Chapleau, barrage Chapleau, rue Chapleau, parc Adolphe-Chapleau, etc. Bien sûr, on se souvient de lui comme étant l’adversaire féroce d’Honoré Mercier et un des Canadiens français restés fidèles au premier ministre Macdonald lors de la pendaison de Louis Riel.
Chapleau vient au monde à Sainte-Thérèse, au nord de Montréal, le 9 novembre 1840 (l’année de l’Acte d’Union). Son père, Pierre, est menuisier et maçon. Sa mère, Zoé Sigouin, fille d’un cultivateur, porte à son fils une attention particulière. Après un court séjour au collège Masson, à Terrebonne, il court travailler dans les affaires à Montréal. Rapidement, il se rend compte qu’il doit poursuivre ses études et c’est au séminaire de Saint- Hyacinthe qu’il termine sa philosophie. En 1861, il est admis au Barreau. Il a pour condisciple Honoré Mercier, qui deviendra son plus grand adversaire politique.
Il entreprend sa carrière en politique en 1867, année où le Canada fédéré voit le jour, alors qu’il est élu député conservateur à Québec. Rapidement, il fait son chemin. Doté d’une personnalité riche et vigoureuse, il s’impose, malgré son jeune âge. En 1873, il est créé conseil en loi de la reine et est nommé solliciteur général dans le cabinet de Gédéon Ouimet (il n’occupera pas longtemps ce poste, car le gouvernement Ouimet démissionnera en septembre 1874). En novembre 1874, il épouse Marie-Louise King, fille du lieutenant-colonel Charles King établi à Sherbrooke. Le couple n’aura pas d’enfants.
En 1876, Charles Boucher de Boucherville, premier ministre du Québec, l’invite à servir dans son cabinet comme solliciteur général. Deux ans plus tard, il devient chef du Parti conservateur du Québec. Le libéral Henri-Gustave Joly est au pouvoir. Son gouvernement est renversé par les conservateurs à la fin d’octobre 1879 et Chapleau forme le nouveau gouvernement. Il dirigera la province de Québec jusqu’en juillet 1882. En plus de sa charge de premier ministre, il occupe le poste de commissaire de l’Agriculture et des Travaux publics et de commissaire des Chemins de fer. C’est à ce moment qu’il côtoie le curé Labelle. En 1882, il quitte le Québec pour Ottawa, ayant accepté le poste de secrétaire d’État dans le gouvernement conservateur de Macdonald.
Entre-temps, il se voit conférer divers honneurs: il est créé commandeur de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand par le pape en 1881, puis, l’année suivante, il est fait commandeur de la Légion d’honneur. Il est reconnu. Chapleau est devenu un grand homme politique.
Cet avocat efficace est envoyé en Colombie-Britannique en juillet 1884 à la tête d’une commission royale dont la mission est de régler la question de l’immigration chinoise. Rapidement, Chapleau laisse sa marque. C’est lui qui établit l’Imprimerie nationale à Ottawa. Il engage le combat pour mettre fin au régime du double mandat. Il travaille ardemment pour rapprocher le Canada de la France. En effet, Chapleau avait institué le Crédit foncier franco-canadien en 1880, un fonds pour venir en aide aux cultivateurs, aux corporations municipales et scolaires et aux fabriques. Il est l’un des principaux promoteurs des chemins de fer au Canada. On lui doit d’ailleurs le chemin de fer de la colonisation du Nord.
C’est en 1885 que notre Québécois perd quelques plumes face à ses concitoyens. En effet, Riel est pendu. Chapleau est accusé de traître. Mercier, Laurier et plusieurs autres politiciens canadiens-français partent en guerre contre les conservateurs et leur chef John A. MacDonald qui s’écrie: «Même si tous les chiens du Québec aboyaient, Riel sera pendu.» Le Parti national reprend vie au Québec et Mercier en devient le chef incontesté. Admiré, vu comme un chef d’État, rapidement, il éclipse son rival Chapleau, qui reste fidèle à son parti et à la décision de son chef.
On raconte une histoire émouvante au sujet de Chapleau. Apprenant que Mercier, son adversaire politique, était mourant, Chapleau, qui était lieutenant-gouverneur du Québec depuis 1892, avait insisté pour aller lui rendre visite. Mis au courant, Mercier lui fit répondre par ses amis Gouin et Lemieux qu’il le recevrait avec le plus grand plaisir. «Bien que les médecins m’aient ordonné de ne recevoir personne, je
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