Marcel Tessier racontre notre histoire
violerai cette fois la consigne pour recevoir M. Chapleau.» L’entretien eut lieu en présence de M. Arthur Dansereau, maître de poste et ami du grand homme. Il raconte: «En entrant, M. Chapleau se dirigea vers le grand fauteuil où le malade était étendu et lui serra les deux mains avec effusion. “Mon cher Chapleau, dit le malade, je te remercie du plus profond de mon cœur de ta visite et de tes bonnes paroles, mais je sens et je vois que tout est fini. J’attends la mort de pied ferme. Je ne la redoute pas, car elle sera pour moi presque une délivrance. Grâce au père Garceau, je suis préparé à mourir depuis longtemps déjà.”» Chapleau, pour ne pas fatiguer le malade, voulut se retirer, mais Mercier le retint. Ils causèrent durant 20 minutes de choses politiques. Quand il en vint à parler de l’avenir, le malade se mit à pleurer. Chapleau et Dansereau, vaincus par l’émotion, fondirent en larmes. Avant de se séparer, les deux grands adversaires s’embrassèrent avec effusion. Israël Tarte déclara à l’époque que la réconciliation de ces deux grands politiciens fut comme une protestation de la part de Chapleau contre la persécution dont Mercier avait été victime quelques années auparavant.
Saviez-vous que…
Comme les autres provinces de l’Ouest, sauf la Colombie-Britannique, l’Alberta a été découverte et explorée par des Français. Boucher de Niverville y fonda le fort La Jonquière, aujourd’hui Calgary. Après la Conquête, ce territoire est confié à la Compagnie de la Baie d’Hudson. L’Alberta fut ainsi nommée en l’honneur de la quatrième fille de la reine Victoria et du prince Albert, Louise Caroline Alberta, épouse de John Douglas Sutherland Campbell, gouverneur général du Canada. Même si des Anglais et des Écossais y faisaient la traite des fourrures, le territoire était principalement peuplé, à l’époque, de Métis et d’Amérindiens.
Chapleau meurt le 13 juin 1898 dans son appartement de l’hôtel Windsor, à Montréal. Il avait quitté son poste de lieutenant-gouverneur en février de la même année. Deux ans avant, il avait été décoré chevalier commandeur de l’Ordre de Saint-Michel et de Saint-George par la reine. Parmi les nombreuses fonctions publiques qu’a remplies Chapleau, on peut mentionner qu’il fut directeur de la Laurentides Railway Co. et de la Pontiac and Pacific Railway Co., ainsi que propriétaire du journal Le Colonisateur avec Ludger Labelle, Joseph-Alfred Mousseau, Laurent-Oliver David et Louis-Wilfrid Sicotte. Il fut aussi actionnaire et directeur politique du journal La Minerve , bailleur de fonds pour le journal La Presse et directeur politique de ce même journal. Chapleau fut également actif dans le domaine financer, entre autres en tant que directeur du Crédit foncier du Bas-Canada et de la Banque d’épargne de la cité et du district de Montréal. Socialement, il ne ménagea pas non plus ses efforts. Il fut le dernier président de l’Institut canadien-français de Montréal, membre du Saint James Club, du Club de la garnison de Québec et du Club Rideau d’Ottawa. Évidemment, toutes ses fins de semaine devaient être occupées…
61 SIR WILFRID LAURIER
L e fils de Saint-Lin, né en 1841, va devenir le tout premier premier ministre canadien-français du Canada. Et c’est sous son mandat qui débute en 1896 que le pays va s’agrandir de deux provinces en 1905: la Saskatchewan et l’Alberta.
Après son cours classique à L’Assomption, Wilfrid Laurier entre à la faculté de droit de l’Université McGill, puis va exercer sa profession à Arthabaska. Il se fait élire député à Québec en 1871, mais trois ans plus tard il passe à Ottawa comme député libéral et entre au cabinet du gouvernement Mackenzie en 1877.
Quand Edward Blake prend la direction du Parti libéral, Laurier devient rapidement son second, puis lui succède en 1887. Au Québec, le clergé exprime des réticences concernant Laurier, le soupçonnant, puisqu’il a été membre de l’Institut canadien 20 ans plus tôt, de libéralisme doctrinal. Mais Laurier, profitant des faiblesses d’hommes politiques bien placés dans le Parti libéral et fort de l’appui quasi total des francophones, qui voient en lui la possibilité qu’un des leurs devienne premier ministre du Canada, remporte la victoire en 1896.
Laurier rêve que les deux peuples fondateurs collaborent au progrès du pays. La route ne sera pas facile. Au
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