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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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    — Lamentable mamzar, qu’as-tu fait ?
    Je me retournai. C’était l’Artificier de la Cour qui,
ayant sans doute reconnu le bruit de ses productions, était accouru sur place.
    — J’étais en train de tenter une expérience
d’alchimie, maître Shi, avouai-je, contrit. Les filles auraient dû tout
maintenir à feu doux, mais elles auront sans doute...
    — Je te l’avais dit, siffla-t-il entre ses dents.
La poudre inflammable n’est pas un jouet.
    — À quoi bon dire les choses à Marco
Polo ? Ce qu’il faudrait à présent, c’est les lui montrer ! lâcha
sèchement la voix du prince Chingkim, venu constater, en tant que wang de
la ville, les ravages qui venaient d’y survenir.
    — Je préférerais ne pas voir ça..., murmurai-je.
    — Alors, ne regardez pas, maître, intervint
Narine. Car voici le Maître des Funérailles du palais accompagné de ses
assistants. Ils viennent pour tenter de rassembler les morceaux des deux
dépouilles.
    L’incendie avait été noyé, il ne s’en dégageait plus
désormais que des fumerolles dans des sifflements de vapeur. Badauds comme
porteurs d’eau s’étaient dispersés, peu désireux de se trouver à proximité des
macabres manœuvres auxquelles on allait devoir procéder. Je restai sur place,
par respect pour les défuntes. J’étais entouré de Narine, demeuré pour me tenir
compagnie, Chingkim, tenu, dans le cadre de ses fonctions, de veiller à ce que
tout fût fait dans les règles, et maître Shi, désireux d’examiner les décombres
pour prendre des notes utiles à son travail d’artificier.
    Le Maître des Funérailles et ses assistants, vêtus de
pourpre, bien qu’accoutumés à côtoyer la mort sous toutes ses formes,
trouvèrent ce travail éprouvant. Après être venus se rendre compte de ce qui
les attendait, ils se munirent de sacs de cuir noir, de spatules en bois et de
tissus absorbants. Ainsi équipés et la figure déformée par le dégoût, ils
arpentèrent ma suite et les jardins environnants, raclant, épongeant et
ramassant ce qui avait besoin de l’être avant de le déposer dans les sacs.
Lorsqu’ils en eurent fini, nous avançâmes tous quatre au milieu des ruines,
sans nous y attarder tant l’odeur était insoutenable. Une puanteur chargée
d’exhalaisons de fumée, de chair carbonisée, et même si ce n’est pas très
élégant pour les deux jeunes et belles disparues, de relents putrides
d’excréments, car je n’avais même pas laissé le temps aux filles, ce matin-là,
d’aller aux toilettes.
    — Pour avoir occasionné de tels dégâts, fit
remarquer le Maître Artificier tandis que nous errions tristement dans le grand
salon de mes appartements dévastés, le huo-yao devait être étroitement
compressé à l’instant où il a pris feu.
    — Il se trouvait à l’intérieur d’un pot en grès
fermé d’un couvercle solide, maître Shi. J’ai donc bien du mal à comprendre
comment une étincelle aurait pu entrer en contact avec lui.
    — Il suffisait, pour qu’il explose, que le pot
ait atteint une température suffisante, expliqua-t-il en me lançant un regard
lourd de reproches. Il se trouvait dans un pot en grès, dis-tu ? Le grès
semble avoir un potentiel explosif supérieur à celui de la noix de coco, et
même de la plus solide canne à sucre. Alors, bien sûr, si les jeunes filles se
trouvaient penchées à cet instant au-dessus...
    Je m’éloignai, n’ayant aucune envie d’entendre parler
de ce qui était arrivé à ces pauvres créatures. Dans un coin, je découvris à ma
grande surprise un objet qui avait étonnamment résisté à l’explosion dans cette
pièce ravagée. Ce n’était rien d’autre qu’un vase de porcelaine, mais il était
intact, à l’exception de quelques fissures sur le haut, près de l’ouverture.
C’est dans ce récipient que j’avais glissé la première mesure de huo-yao avant
d’y verser de l’eau. La poudre, en séchant, s’était solidifiée en un agglomérat
compact qui, remplissant l’intégralité du vase, l’avait préservé du sinistre.
    — Regardez ça, maître Shi, fis-je en l’attrapant
pour le lui montrer. Le huo-yao est capable de protéger aussi bien qu’il
détruit.
    — Tu as donc essayé de l’humecter, remarqua-t-il en
examinant l’intérieur du vase. J’aurais pu te le prédire, que cela donnerait ce
genre de mélange solide et inutile. Je crois même te l’avoir déjà dit,
non ? Ain davàr, le prince a

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