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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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d’un assaillant surgi dans
mon dos.
    L’Architecte de la Cour arpentait déjà mes
appartements, murmurant pour lui-même et lançant des ordres à une équipe
d’ouvriers déjà à pied d’œuvre pour remplacer les murs et le toit qui s’étaient
effondrés. Par chance, la majeure partie de mes affaires se trouvaient dans ma
chambre, laquelle n’avait pas été touchée. J’y trouvai Narine qui faisait
brûler de l’encens pour purifier l’atmosphère. Je lui demandai de me préparer
des vêtements adaptés au voyage et de faire un paquet léger des objets dont je
pourrais avoir l’usage. Puis je rassemblai toutes les notes que j’avais prises
depuis mon départ de Venise et les portai dans la chambre de mon père.
    Il parut surpris lorsque je déposai le paquet sur une
table près de lui, car il s’agissait d’une pile fort disparate de feuilles de
papier de tailles variées, plus ou moins maculées, froissées et moisies. Très
franchement, cela ne payait guère de mine.
    — Je te serais obligé, père, d’adresser ces
documents à oncle Marco de Constantinople, la prochaine fois que tu confieras
des marchandises à la poste de la route de la soie, en lui demandant de bien
vouloir les envoyer à marraine Fiordelisa pour qu’elle les garde en sûreté. Ces
notes pourraient intéresser un cosmographe à l’avenir, pourvu qu’il parvienne à
les déchiffrer et à les remettre en ordre. J’avais l’intention de le faire
moi-même, mais je suis envoyé quelque part en mission urgente et ne sais si
j’en reviendrai.
    — En mission ? Où cela ?
    En termes choisis et sombres, je lui exposai le
dramatique enjeu de la mission, aussi fus-je sonné lorsque je l’entendis me
répondre :
    — Je t’envie. Je n’ai jamais eu cette chance. Tu
devrais te réjouir de l’opportunité que t’offre Kubilaï. Da novèlo tuto xe
belo [14] . Les Blancs qui ont pu voir combattre les Mongols sont rares ; ceux qui
y ont survécu, plus encore.
    — J’espère être dans ce cas, murmurai-je. Mais le
fait de survivre n’est pas la seule chose qui m’intéresse, au vrai. J’ai déjà
eu par le passé l’occasion d’expérimenter nombre de situations intéressantes,
et j’avais l’intention d’en connaître bien d’autres, encore plus profitables...
    — Voyons, Marco. À bonne faim, point de mauvais
pain.
    — Est-ce que tu sous-entends, père, que je
devrais me réjouir d’aller perdre ainsi mon temps à la guerre ?
    Réprobateur, il me rétorqua :
    — Il est vrai que tu as été formé au commerce et
que tu es issu d’une lignée de marchands. Mais il ne faut pas tout regarder
d’un œil mercantile et se demander continuellement : « À quoi ceci
est-il bon ? Combien cela vaut-il ? » Laisse donc cette
philosophie poussiéreuse aux commerçants qui n’ont jamais mis le pied plus loin
que le pas de leur échoppe. Toi, tu es allé au bout du monde. Il serait dommage
que tu n’en reviennes qu’avec du profit, sans même une once de poésie !
    — Cela me rappelle une chose, dis-je. J’ai
réalisé une bonne affaire, hier. Puis-je emprunter une de tes servantes pour me
rendre un service ?
    J’envoyai la jeune femme au quartier des esclaves
chercher cette femme turque nommée Mar-Janah, anciennement au service de Dame
Chao Ku-an.
    — Mar-Janah ? répéta mon père. Une
Turque ?
    — Oui, tu en as déjà entendu parler, fis-je. Nous
en avons parlé, il y a peu.
    Je lui contai toute l’histoire, dont il n’avait eu, il
y avait fort longtemps, connaissance que du tout début.
    — Quelle toile merveilleusement tissée !
s’exclama-t-il. Et dire qu’elle a fini par se démêler ! Dieu ne paie pas
toujours ses dettes le dimanche.
    Quelques instants plus tard, comme je l’avais moi-même
fait la première fois, il ouvrit des yeux démesurés en voyant entrer dans la
chambre une fort jolie femme, que je lui présentai.
    — Ma maîtresse Chao n’en semble pas ravie,
m’annonça-t-elle timidement, mais elle m’a signifié que j’étais maintenant
votre esclave, maître Marco.
    — Pour un temps très bref, précisai-je, attrapant
dans ma bourse mon titre de propriété et le lui tendant. Voilà. Vous vous
appartenez de nouveau pleinement, comme cela n’aurait jamais dû cesser d’être,
et j’entends bien que, désormais, vous n’aurez plus jamais personne à appeler
maître.
    D’une main tremblante, elle se saisit du papier,
tandis qu’elle essuyait de l’autre

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