Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
Vom Netzwerk:
lorsqu’elle explose, qu’elles ne soient
protégées d’aucune armure, ne se méfient pas, et qu’il s’agisse de frêles et
délicates jeunes femmes.
    — Ma foi, il est vrai, murmurai-je, que les deux
jeunes personnes que j’ai décrites étaient des femmes, mais...
    — Douze boules, donc. Chacune capable de tuer
deux jeunes filles sans défense. Pendant ce temps, dans les vallées qui
s’étendent dans le sud, se tiennent quelque cinquante mille guerriers Yi, tous
des hommes dévoués, protégés par d’épaisses armures de cuir assez
solides pour détourner une lame de couteau. Je ne peux certes pas garantir
qu’ils voudront bien se blottir les uns contre les autres lorsque je ferai
rouler dans leur direction une de ces boules. Mais en admettant qu’ils
veuillent bien le faire, attendez, laissez-moi réfléchir... cinquante mille
hommes moins, euh, disons vingt-quatre... cela nous fait, voyons...
    Je toussotai pour m’éclaircir la gorge et
repris :
    — Sur le chemin qui m’a conduit jusqu’ici en
suivant la route des Piliers, j’ai eu l’idée d’une utilisation un peu
différente de ces boules plutôt que de les projeter sur l’ennemi. Je me suis
rendu compte que, contrairement à celles du Pamir, les montagnes d’ici ne sont
pas sujettes aux avalanches de pierres ni aux glissements de terrain. Par
conséquent, à cet égard, les montagnards ne s’en méfient pas.
    Pour changer, il ne grinça pas ostensiblement des
dents mais me regarda fixement.
    — C’est exact. Ces montagnes sont fiables et
solides. Et alors ?
    — Alors, si l’on avait soin d’enfouir ces boules
dans d’étroites crevasses situées sur les crêtes, de part et d’autre d’une
vallée, et si on les faisait toutes exploser en même temps au moment voulu, on
déclencherait une gigantesque avalanche. Elle dévalerait dans un bruit de
tonnerre les deux versants et engloutirait la vallée, écrasant et ensevelissant
tout être qu’elle trouverait sur son passage. Pour un peuple habitué depuis si
longtemps à vivre en sécurité dans ces montagnes, ce serait un cataclysme aussi
inattendu qu’impossible à contrecarrer. L’avalanche fondrait sur eux tel le
talon de la botte de Dieu en personne. Bien sûr, comme l’a dit le wang, il
faudrait s’arranger pour que les adversaires soient tous rassemblés dans cette
vallée...
    — Voilà ! C’est cela ! jubila Ukuruji.
D’abord, Bayan, vous faites proclamer par tous vos hérauts l’annonce suggérée
par mon royal père. Ensuite, comme si celle-ci vous avait donné licence pour
livrer un assaut de grande envergure, vous lancez toutes vos forces dans la
vallée choisie, dont les crêtes auront été préalablement garnies des boules de huo-yao. Les Yi penseront que vous avez perdu la tête, mais en tireront avantage.
Ils sortiront de leurs trous à rats pour s’agglutiner sur vos flancs et sur vos
arrières, afin de se préparer à vous attaquer. À ce moment...
    — Honorable wang, chevrota l’orlok d’un
ton presque implorant. Il faudrait vraiment, en effet, que j’aie perdu la
tête ! Non seulement vous voudriez que j’expose mes cinq toman – soit
un demi tuk – au grand complet à se faire encercler par l’ennemi. Mais
vous me proposez aussi de condamner ces cinquante mille hommes à périr broyés
sous une avalanche ! À quoi me servirait d’avoir nettoyé la totalité des
guerriers Yi et de voir le Yunnan se prosterner à mes pieds si je n’ai plus un
homme vivant pour s’en emparer et l’occuper ?
    — Hum, reprit Ukuruji, pensif. Eh bien, nos
troupes pourraient du moins s’attendre à cette avalanche...
    L’orlok s’abstint
d’honorer cette saillie du moindre commentaire. C’est alors qu’un chabi sortit
du potala et s’avança vers la terrasse où nous nous trouvions, porteur
d’une outre de cuir pleine d’arkhi, prêt à en remplir nos cornes et nos
coupes crâniennes. Bayan, Ukuruji et moi-même étions alors absorbés dans la
contemplation du haut de la table, de sorte que mon regard fut happé par
l’agitation des manches grenat du jeune Bho qui nous servait les liqueurs.
Errant paresseusement sur ces mouvements de couleur, mes yeux captèrent le même
vagabondage dans ceux d’Ukuruji, que je vis soudain s’animer d’une vive
lueur : les manches brodées venaient de nous inspirer à tous deux la même
idée, si horrifique et scandaleuse que je fus soulagé de l’entendre lui-même la
libérer. Il se pencha

Weitere Kostenlose Bücher