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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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endroit,
prêts à être déclenchés.
    — Dans ce cas, nous nous en remettrons à leur
habileté, conclut Bayan.
    Il releva la tête pour parcourir du regard l’anneau
des montagnes qui entourait la vallée. Je fis de même. Si l’orlok persistait
à me considérer comme responsable de ces armes secrètes, il était de mon
intérêt qu’elles répondissent à ce qu’on attendait d’elles. Si c’était le cas,
cinquante mille Bho périraient, ainsi qu’un nombre équivalent de Yi. Lourde
responsabilité, on en conviendra, pour le chrétien pacifiste que j’étais. Mais
la réussite de ce plan conduirait à la victoire le camp que je m’étais choisi
et prouverait que Dieu avait pris mon parti. Cela m’exempterait, du même coup,
de mes scrupules quant au massacre sur le point de se perpétrer. Si, au
contraire, les boules de métal ne produisaient pas l’effet escompté, les Bho
périraient d’une façon ou d’une autre, mais pas les Yi. La guerre continuerait,
et ma conscience de chrétien aurait sans doute à subir les affres d’une angoisse
bien réelle, celle d’avoir fait trépasser tant de gens, fussent-ils de simples
Bho, sans la moindre raison valable.
    Je dois avouer que ce qui me préoccupait le plus, à
cet instant, était de voir ma curiosité satisfaite. Je brûlais de savoir si les
boules de poudre inflammable allaient vraiment fonctionner et comment.
Je distinguais une bonne douzaine d’endroits parmi ces montagnes où j’aurais
placé ces charges si j’avais été chargé de le faire. Il s’agissait d’avancées
rocheuses semblables à des châteaux croisés, en saillie par rapport à la forêt
environnante et taillées de fissures en damier qui dégageaient des blocs
susceptibles de se décrocher, pour peu qu’une secousse suffisante les ébranlât,
et d’entraîner dans leur chute de gros morceaux de montagne...
    Bayan grogna un ordre, et nous nous laissâmes glisser
par le même chemin jusqu’au bas de la colline. Une fois arrivé, il transmit ses
directives aux soldats restés l’attendre.
    — Notre véritable armée doit se trouver à
quarante ou cinquante li d’ici et, à l’heure qu’il est, elle se prépare
à bivouaquer pour la nuit. Six hommes vont partir dans sa direction, l’un d’eux
restera posté tous les dix li sur le trajet qui nous en sépare afin de
pouvoir faire office de relais rapide demain matin. Le dernier devrait rallier
nos troupes avant l’aube. Qu’il ordonne aux sardar de suspendre leur
marche. Ils devront demeurer où ils se trouvent, afin que la poussière de leur
marche ne dévoile pas nos plans et ne les fasse capoter. Si tout se passe
demain comme nous l’avons prévu, le capitaine Toba ira vous en informer à bride
abattue, et les coursiers fileront mettre au courant le reste du tuk. Les sardar devront alors mettre l’armée en route au galop le plus rapide
pour écraser tout corps ennemi qui sortirait indemne de la vallée. Si les
choses tournent mal, eh bien... le capitaine Toba vous transmettra d’autres
ordres. Filez !
    Les six hommes partirent, conduisant leurs chevaux par
les rênes jusqu’à ce qu’ils se soient suffisamment éloignés pour ne faire aucun
bruit. Bayan se retourna vers nous :
    — Mangeons un peu et préparons-nous à dormir.
Nous devons nous trouver aux aguets là-haut demain dès les premières lueurs du
jour.

 
18
    Et nous nous y trouvâmes : L’orlok Bayan
et ses officiers, le wang Ukuruji, le capitaine Toba, ses deux hommes de
troupe et moi-même. Tous portaient une épée, un arc et son carquois rempli de
flèches, et Bayan – prêt au combat, et non plus en parade – avait ôté ses
dents. Pour ma part, chargé du pavillon jaune, je n’étais muni que de mon
couteau passé dans ma ceinture. Allongés dans l’herbe, nous vîmes la scène qui
s’étendait sous nos yeux apparaître peu à peu. Il faudrait encore attendre
plusieurs heures avant que le soleil franchisse les sommets, mais son lever
illuminait déjà un ciel bleu sans nuages, dont la lumière commençait à se
refléter à l’intérieur du bol noir de la vallée, faisant monter l’humidité de
la rivière. Au début, ce fut le seul mouvement que nous décelâmes : le
glissement de cette luminescence dans l’obscurité. Mais la vallée se teinta peu
à peu de couleurs : bleu nébuleux sur les bords des montagnes, vert foncé
dans ses zones boisées, vert plus pâle dans les prairies et les clairières,
argent le long de la

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