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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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présent à
compter jusqu’à – combien le Maître Artificier avait-il dit ?
    — ... jusqu’à dix, oui, lentement, après que les
mèches ont été allumées. J’égrenai donc mentalement dix mouvements
supplémentaires, de ma longue bannière jaune, et... Il ne se passa rien.
    Caro Gèsu, qu’est-ce
qui avait cloché ? Était-il possible que les artificiers n’aient pas
compris ? Mes bras étaient épuisés par l’effort, et bien que le soleil
n’eût pas encore franchi l’écran montagneux, je suais à grosses gouttes en
dépit de la fraîcheur matinale. Se pouvaient-ils qu’ils aient d’abord attendu
mon signal, pour seulement aller déposer ensuite au bon endroit les
boules explosives ? Comment avais-je pu faire dépendre toute l’affaire – ainsi
que ma propre vie, désormais – d’une douzaine de soldats, de frustes Mongols à
l’esprit aussi épais que la carne ? Allais-je devoir rester là une ou deux
éternités de plus, tandis que ces braves techniciens procéderaient à des
opérations qui auraient déjà dû être réalisées ? Bon Dieu, combien
de temps leur faudrait-il pour se mettre en quête, dans la bourse pendue à leur
ceinture, de silex et d’acier ? Et devais-je attendre tout ce temps en
agitant cette bannière d’un jaune éblouissant qui crevait les yeux partout à la
ronde ? Bayan avait beau être persuadé que nul guerrier ne se retournait
volontairement, un seul de ces Yi n’avait qu’à trébucher et rouler au sol, ou
tomber sous les coups, pour tourner par hasard la tête de mon côté. Comment ne remarquerait-il
pas cet étrange signal qui tranchait si curieusement sur le champ de
bataille ? Il alerterait ses compagnons, lesquels m’accableraient d’une
grêlée de flèches tout en cinglant vers moi...
    Le vert panorama s’était brouillé de la sueur qui me
coulait sur les yeux, quand j’aperçus une petite étincelle jaune en lisière de
mon champ de vision. Maledetto ! Voilà que je laissais pendre la
bannière ; il me fallait la brandir plus haut. Mais juste après ce bref
éclat jaune, ce fut une bouffée bleue qui crépita sur la verdure. J’entendis
alors monter un concert de « Hui ! » de mes compagnons
allongés sur l’herbe à mes côtés. Je laissai choir le drapeau et la lance, et
me tins pantelant, ruisselant, à regarder éclore les lueurs jaunes et les
nuages bleus des boules de huo-yao qui accomplissaient enfin ce qu’on
attendait d’elles.
    Tout le centre de la vallée, où se trouvaient à
présent étroitement mélangés les Yi et les faux Mongols, était noyé dans la
poussière qui se dégageait de l’explosion. Mais les éclairs et les fumées n’en
avaient pas été obscurcis. Ils s’étaient produits aux endroits exacts où
j’aurais moi-même disposé les boules, dans des crevasses situées sous des
saillies rocheuses en forme d’échauguettes naturelles... Toutes ne se
déclenchèrent pas en même temps ; elles flamboyèrent d’abord une à une,
puis par deux, au sommet d’une montagne, puis d’une autre. Je fus heureux de
les voir exploser à l’endroit espéré et comblé de pouvoir compter douze mises à
feu ; chacune des boules avait donc fonctionné comme prévu. Mais j’étais
en même temps consterné de leur apparente faiblesse. De si petites
déflagrations, aussi vite éteintes, et qui n’avaient produit que ces pâles
fumées bleues... Leur son ne résonna que bien plus tard, mais, bien qu’il
couvrît la clameur des cris et des échauffourées qui venait du creux de la
vallée, il n’avait rien du terrible grondement de tonnerre que j’avais entendu
lorsque mes appartements du palais avaient été pulvérisés. Il ne s’était agi
ici que de brefs claquements – un peu comme le bruit d’un guerrier Yi frappant
du plat de l’épée le flanc de son cheval : une ou deux détonations isolées
tout d’abord, puis plusieurs en rafale, dans un craquement pétaradant, enfin
deux ou trois autres, à nouveau bien distinctes.
    Et il ne se passa rien de plus, hormis la poursuite,
au creux de la vallée, de la furieuse mais futile bataille, dont aucun des
combattants ne semblait avoir noté le rôle annexe que nous venions de jouer
dans les hauteurs. L’orlok, tourné dans ma direction, me lacéra d’un
regard assassin. Je levai les sourcils devant son expression, l’air désemparé.
Mais soudain, les autres se mirent à articuler de nouveaux « Hui ? » incrédules, les yeux fixés dans

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