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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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camarades qui pleuvaient toujours.
Leurs épées et leurs lances étincelèrent et se mirent à s’enfoncer, à
tailler... Sans cesse, nous assistions de nos hauteurs à l’éruption de nouveaux
guerriers Yi issus du versant de notre colline et des flancs environnants,
comme si la verdure qui tapissait la vallée bourgeonnait sans arrêt de
nouvelles fleurs d’archers debout, avant de s’en dépouiller, les laissant courir
vers le bok en contrebas, pour en produire aussitôt de nouveaux.
D’autres bruits que le souffle de cette pluie de flèches nous parvenaient
désormais, plus perçants et douloureux : c’étaient les cris d’alarme,
d’horreur, de terreur et de souffrance des gens foudroyés au campement. Dès que
cette rumeur s’éleva et que tout effet de surprise eut cessé de compter, on vit
les Yi pousser à leur tour de féroces cris de guerre, tout en fondant à toutes
jambes sur leurs proies, laissant libre cours aux hurlements sauvages qui
exaltent le courage de l’assaut et frappent l’ennemi de stupeur.
    Lorsque toute la vallée ne fut plus qu’une immense et
confuse clameur, Bayan se tourna vers moi et déclara :
    — Je crois qu’il est temps, Marco Polo. Les Yi
courent vers le bok, ils se sont tous levés, et je n’en vois plus en
réserve nulle part.
    — Maintenant ? m’étonnai-je. En êtes-vous
sûr, orlok  ? Je vais être aisément repérable si je me redresse et
me mets à agiter un drapeau. Les Yi pourraient en concevoir des soupçons et marquer
une pause. S’ils ne m’abattent pas immédiatement d’une flèche.
    — N’ayez pas peur, lâcha-t-il. Aucun soldat ne se
retourne jamais en donnant l’assaut. Levez-vous, à l’endroit où vous êtes.
    Je me hissai péniblement sur mes jambes, m’attendant
d’un instant à l’autre à sentir un trait perçant traverser ma cuirasse, et
déployai fébrilement le pavillon de soie enroulé autour de ma lance. Comme rien
ne m’avait frappé, j’agrippai son manche à deux mains, élevai la bannière aussi
haut que je le pus et commençai à l’agiter d’amples mouvements de gauche et de
droite. Le jaune du drapeau étincelait, et la soie du tissu, dans la vive
clarté du matin, claquait vigoureusement dans le vent. Je ne pouvais me
contenter d’un ou deux va-et-vient hâtifs, puis me jeter à terre, lâchant tout,
dans l’espoir d’avoir été vu de loin. Je devais me maintenir à mon poste
jusqu’à ce que je sois sûr que les lointains artificiers, ayant capté
mon signal, étaient entrés en action. Je me mis donc à calculer en mon for
intérieur : « Combien de temps cela va-t-il durer ? Ils doivent
déjà regarder par ici. Ils se douteront que nous sommes arrivés par l’arrière
de l’ennemi. Donc, de leur cachette, ils scrutent les crêtes dans notre
direction. Ils couvent des yeux cette partie de la vallée, attentifs à la
moindre tache jaune sur la verdure. À présent, oui !... Evviva !
ils ont aperçu dans le lointain la minuscule bannière. Les voilà en train
de ramper vers les retraites secrètes où ils ont entreposé les sphères de
cuivre. Cela peut prendre quelques instants... Laisse-leur le temps d’y
arriver. Bon, maintenant ils ont pris en main leur tison d’encens allumé et
soufflent dessus pour le raviver – si toutefois ils ont eu le bon sens
de les enflammer en attendant. Peut-être pas ! Dans ce cas, ils doivent
être en train de tâtonner à la recherche d’un silex, d’acier et d’amadou...
Laisse-leur le temps de rassembler tout cela.
    — Dieu, que la bannière était lourde.
    — Bon, allez, maintenant leur amadou doit
s’être enflammé, et ils doivent être en train d’attiser un tas de feuilles
sèches. Tous ont désormais en main leur tison ou un bâton d’encens enflammé, et
ils vont bientôt les approcher de nos boules de métal. Ça y est : les
bouts incandescents sont appuyés contre les mèches. Et les mèches brûlent,
désormais, elles crépitent, tandis que les artificiers se lèvent
précipitamment, fuient à toutes jambes se mettre à couvert... »
    Je leur souhaitai bonne chance, espérant qu’ils
auraient parcouru une distance suffisante et trouvé un abri sûr, moi qui me
sentais en cet instant incroyablement exposé et vulnérable. Il me semblait que
je faisais flotter mon drapeau, poursuivant ma bravata [16] et exhibant ma petite personne depuis une éternité : les Yi devaient
être aveugles pour ne point m’avoir repéré ! Il restait à

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