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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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au dîner était divisée de façon que
les hommes se trouvent à la droite de Kubilaï, les femmes à sa gauche. La table
la plus proche de celle du khakhan, située à portée de voix et d’oreille, était
celle qu’on nous avait réservée, à nous autres Polo, et un jeune dignitaire
mongol, qui s’avéra âgé de dix ans de plus que moi, avait été désigné pour
s’installer avec nous, afin de nous faire la conversation, de traduire si
nécessaire les propos échangés, de nous expliquer la composition des plats
complexes et peu connus qu’on nous servirait, etc. Ce jeune homme, qui
répondait au nom de Chingkim, était l’officier principal du wang de
Khanbalik, ce qui équivalait en Occident au poste de maire (ou podestà, comme
on dit à Venise). J’en déduisis que nous n’avions eu droit, en guise de
compagnon de table, qu’à un fonctionnaire somme toute assez modeste.
    De façon plus cérémonieuse, le khakhan nous présenta
aux autres hauts dignitaires et ministres des tables voisines. Je n’essaierai
pas d’en dresser la liste, tant étaient nombreux leurs grades et leurs
distinctions, mais beaucoup portaient des titres dont jamais je n’avais entendu
parler dans aucune cour auparavant, tels que le Maître des Beaux-Arts de
l’Encre noire (qui n’était autre que le poète officiel de la cour), le Maître
des Chiens, Faucons et Guépards (le responsable des chasses royales), le Maître
de la Peinture sans Contour (l’artiste principal de la cour), le Chef des
Secrétaires et des Scribes, ainsi que l’Archiviste des Prodiges et Merveilles,
le Greffier des Phénomènes étranges et bien d’autres encore. Mais je tiens à
citer par leurs noms certains seigneurs qui me semblèrent être des pièces
rapportées quelque peu étranges dans cette cour supposée mongole, à l’instar de
ce Lin-ngan dont nous avions déjà fait connaissance et qui, bien qu’appartenant
à la race conquise des Han, occupait l’important poste de Mathématicien de la
Cour.
    Le jeune Chingkim semblait posséder le titre le plus
élevé qu’ait accordé Kubilaï à tous ses compatriotes mongols, et il n’était que wang, maire de Khanbalik. Par opposition, le Premier ministre du
khakhan, dont la charge portait le titre han de Jing-siang, n’était ni
l’un des conquérants mongols, ni l’un de leurs sujets Han. C’était un Arabe
nommé Ahmad az-Fenaket, qui préférait être désigné du nom arabe que l’on
donnait à son poste, celui de wali. Quel que soit le titre honorifique
par lequel on s’adressait à lui (Jing-siang, Premier ministre ou wali), Ahmad était le numéro deux de toute la hiérarchie de l’Empire mongol,
subordonné aux seuls ordres du khakhan en personne. De fait, il était aussi le
vice-régent, ce qui signifiait qu’il avait toute latitude pour gouverner
l’empire dès que Kubilaï était absent, qu’il fut engagé dans une chasse, dans
une guerre ou occupé à toute autre opération susceptible de l’éloigner. Ahmad
était enfin ministre des Finances et, à ce titre, il maîtrisait les cordons de
la bourse de l’empire dans son intégralité.
    Il me sembla tout aussi étrange que le ministre de la
Guerre de l’Empire mongol – par excellence l’activité par laquelle s’étaient
illustrés les Mongols, et certainement celle qu’ils affectionnaient le plus –
ne fut pas un Mongol, mais un gentilhomme Han appelé Chao Meng-fu. Pour sa
part, l’Astronome de la Cour était un Persan du nom de Jamal ud-Din, natif de
la lointaine Ispahan, et le Médecin de la Cour, un Byzantin, fils de l’encore
plus lointaine cité de Constantinople, le hakim Gansui. Le personnel du
palais comprenait d’autres membres, absents ce soir-là, d’origines étrangères
encore plus étonnantes, dont je devais faire, ultérieurement, la connaissance.
    Le khakhan nous avait promis que nous verrions lors de
ce banquet « deux autres visiteurs fraîchement arrivés de l’Ouest ».
Ils étaient assis à une table proche de la nôtre, mais ce n’étaient pas des
gens de l’Ouest. Il s’agissait des deux hommes Han que j’avais vus descendre de
leurs mules dans la cour du palais, le soir de notre arrivée, et que j’avais
toujours la curieuse sensation d’avoir déjà croisés.
    Les tables où nous étions installés étaient couvertes
d’une marqueterie rose et lavande incrustée de ce qui me sembla être des
pierres précieuses. C’était le cas, comme le confirma notre compagnon de

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