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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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sirupeuse et d’une saveur acide. Le dîneur mongol placé juste à côté
de moi me conseilla de me méfier de la puissance de ce breuvage, dont il me fit
la démonstration immédiate. Il prit une petite coupelle de porcelaine remplie de
cette liqueur et l’inclina contre la flamme d’une des chandelles posées sur la
table. Le mao-tai s’embrasa d’une grésillante flamme bleue et brûla
comme l’aurait fait de l’huile de naphte durant cinq bonnes minutes, avant de
se consumer totalement. J’ai cru comprendre que le mao-tai était
concocté par les Han à partir du millet ; c’est pourtant une boisson tout
sauf ordinaire, capable de vous enflammer le ventre et l’esprit comme sous
l’effet d’un feu.
    — Pu-tao !
    Tel fut le quatrième commandement crié par le khakhan
à l’intention des serpents du vase. Ce mot signifie « vin ». Mais
ici, à la consternation de tous les invités présents, il ne se passa
rien. Le quatrième serpent resta inerte, désespérément sec, et nous étions
tous assis immobiles, captivés, presque angoissés, le regardant et nous
demandant ce qui n’allait pas. Le khakhan, pourtant, continuait de sourire,
débordant d’une secrète jubilation et jouissant apparemment du vibrant
suspense, jusqu’à ce qu’il nous dévoile le tour le plus magique de l’opération.
Il répéta «  Pu-tao !  », mais y ajouta «  hong ! » (et plus tard « bai ! »), à quoi le quatrième serpent
répondit en se mettant à offrir du vin rouge (hong) ou blanc (bai), ce
qui déclencha une tempête de vivats et de nouveaux applaudissements de la part
des invités, et provoqua chez les paons une agitation si frénétique qu’il tomba
des paillettes de leurs plumes dorées.
    Les invités présents au banquet ce soir-là, en-dehors
des visiteurs auxquels on souhaitait la bienvenue, étaient les plus puissants seigneurs,
ministres et courtisans du khanat, plus quelques femmes que je considérai comme
leurs épouses. Parmi ces seigneuries, on pouvait voir, en plus des Mongols et
des Han, des Arabes et certains Persans reconnaissables à leur teint. Les
femmes, en revanche, n’étaient à l’évidence que les compagnes non musulmanes
des deux premiers peuples cités ; si les Arabes et les Persans étaient
mariés, leurs épouses n’étaient pas autorisées à se joindre à nous. Tous les
hommes étaient vêtus de soieries délicatement ornées de brocart, quelques-uns
les portant en robe, comme le khakhan, les autres Mongols et les Han, d’autres
sous forme de paï-jamah et de turbans enroulés autour de la tête, à la
mode persane, les derniers arborant l’aba et le keffieh des Arabes.
    Les femmes étaient plus apprêtées. Les dames Han
avaient toutes poudré leur visage ivoirin pour lui donner la blancheur de la
neige et portaient leurs cheveux noirs et brillants remontés en volumineux
chignons maintenus en l’air par de longs instruments ornés de pierres
précieuses qu’elles appelaient « cuillers à cheveux ». Les Mongoles
avaient le teint légèrement plus foncé, de nuance fauve, et je fus très
intéressé de constater que, contrairement à leurs sœurs nomades des plaines,
ces femmes n’avaient ni la peau tannée comme du cuir par le vent et le soleil,
ni le corps trop musclé. Leur coiffure était encore plus élaborée que celle des
Han. Leurs cheveux, d’un noir tirant sur le rouge, contrairement à ceux des Han
qui tendaient vers le bleu, étaient, un peu à la façon de cornes de bélier,
nattés sur une structure en forme de croissant qui remontait des deux côtés de
la tête et ornés de guirlandes de pendentifs scintillants. De même, bien que
vêtues de robes, comme les dames Han, elles portaient en outre, dressés sur
leurs épaules, d’épais rubans de soie rembourrée tels des ailerons.
    Le khakhan était installé à table en compagnie des
membres de sa famille la plus proche. Cinq ou six de ses douze fils légitimes
trônaient à sa droite. Immédiatement à sa gauche était assise sa première et
principale épouse, la khatun Jamui, précédant sa vieille mère, la douairière
khatun Sorghaktani, et ses trois autres femmes. Kubilaï avait aussi un harem
constamment changeant de concubines, toutes plus jeunes que ses épouses.
L’actuel contingent était installé à une table séparée. Le khakhan avait eu en
tout vingt-cinq autres fils de ses jeunes amantes, plus un certain nombre de
filles, légitimes ou bâtardes.
    La zone réservée

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