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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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me parlant de toi en t’appelant
« ton pestiféré de neveu », faisant référence à « cet adorable petit neveu » ou même, lorsque nous étions très proches, allant
jusqu’à oser «  notre insolent freluquet de neveu ». Il n’y a
pas si longtemps, du reste, lorsqu’un messager de Xan-du lui a confié que
Kubilaï avait récompensé tes faits de guerre en te laissant saillir toute une
manade de ses juments, Ahmad s’est mis à te désigner comme « notre
intenable guerrier de neveu », puis comme « notre lascif neveu ».
Et plus récemment, lors de nos plus intimes ébats, alors que nous... pendant
qu’il... enfin, il y allait avec une vigueur tout à fait inhabituelle, comme
s’il voulait me faire mal, tout en grognant : « Tiens, le neveu, prends
ça et encore ça  ! » Et en sentant la montée du flux, il
s’est presque mis à hurler...
    Il s’interrompit, voyant que je m’étais plaqué les
mains sur les oreilles. Les paroles, parfois, peuvent vous rendre aussi malade
que certaines images. Et je me sentais à présent aussi proche de la nausée que
lorsque j’avais porté les yeux sur la masse écorchée vive et démembrée qu’était
devenue Mar-Janah.
    — Mais non, jusqu’à ce soir, je n’avais pas
compris à quel point il te haïssait. J’ignorais qu’il avait été saisi d’une
telle passion de te nuire, au point d’accomplir des choses aussi horribles...
et je ne mesurais pas jusqu’où il semble vouloir te discréditer. Bien sûr, je
savais que c’est un homme passionné... (La nausée me reprit, le voyant sombrer
à nouveau dans des pleurnicheries.) Mais quand je l’ai entendu te menacer de
m’utiliser moi... et ces peintures de nous...
    J’aboyai durement à sa face, coupant court.
    — Oui, eh bien ? Cela va faire un moment que
tu l’as entendu proférer ces menaces ! Qu’as-tu fait depuis ? Es-tu
resté à te vautrer en sa compagnie, comme je veux ardemment le croire,
uniquement dans le but de supprimer ce chacal de fils de pute ?
    — Quoi ? bredouilla-t-il... Tuer mon... le
Premier ministre du khanat ? Allons, allons, Marco. Tu as eu autant que
moi l’opportunité de le faire, avec bien plus de raisons encore, et tu ne l’as
pas fait. Préférerais-tu voir ton pauvre oncle le faire à ta place, au risque
de finir entre les mains du Caresseur ?
    — Adrìo de vu ! Je t’ai déjà vu à l’œuvre, et tu ne faisais pas tant de manières. Compte tenu
de votre situation, tu aurais pu t’éclipser plus aisément que moi. Je présume
qu’Ahmad, comme toi, dispose d’une porte dérobée...
    — Écoute, Marco, c’est peut-être une fripouille,
mais il n’en est pas moins le Premier ministre de ce royaume. Tu imagines le
branle-bas de combat et les hauts cris que cela entraînerait ? Crois-tu
une seconde que son assassin pourrait en réchapper ? Combien de temps
avant qu’on ne découvre que non seulement j’étais son assassin, mais encore...
mais aussi son...
    — Là ! Nous y sommes ! Tu viens de te
trahir. Ce n’est pas tant d’être accusé de meurtre que tu redoutes, ni d’être
puni pour cela, hein ? Sois tranquille, moi non plus je ne crains ni de
mourir, ni de donner la mort. Et cela, vois-tu, je peux te le jurer :
j’aurai la peau de cet Ahmad avant qu’il ait la mienne. Tu peux même le lui
répéter, la prochaine fois que vous vous peloterez !
    — Marco, je t’en prie, m’implora-t-il,
réfléchis ! Il ne t’a pas menti. Il n’existe pas le moindre témoin, ni la
plus petite preuve qui puisse l’impliquer, et sa parole pèsera mille fois plus
que la tienne. Si tu t’obstines à le défier, tu as tout à y perdre.
    — Ah oui ? Et si je ne le fais pas, je perds
tout. Aussi, la seule chose qu’il te reste à envisager, et c’est visiblement
tout ce qui t’importe, c’est de savoir si tu es prêt à quitter ton amant contre
nature. Quiconque est avec lui est contre moi. Toi et moi sommes du même sang,
Matteo Polo, mais si tu veux l’oublier, je saurai le faire aussi.
    — Marco, Marco, je t’en prie. Discutons entre
hommes raisonnables.
    — En hommes ?
    Ma voix explosa sur ce mot, ivre de fatigue et de
colère que j’étais. J’avais pris l’habitude d’agir, vis-à-vis de mon oncle,
comme le petit garçon que j’étais avant le début du voyage. Mais maintenant,
face à ce travesti, je me sentais bien plus âgé que lui, et de loin le plus
fort. Pas au point cependant d’être sûr de

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