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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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sévèrement ses prostituées, classées dans différentes guildes,
depuis les grandes courtisanes jusqu’aux souillons des barges. Toutes sont
cependant soumises à des examens réguliers afin de leur assurer un bon niveau
de santé et d’hygiène.
    Je m’étais jusque-là contenté d’acquiescer poliment,
murmurant de vagues approbations aux commentaires de Fung, mais lorsqu’il
aborda le sujet des prostituées, je fis remarquer :
    — J’en ai vu un certain nombre se promener en
plein jour dans les rues, chose que je n’avais jamais rencontrée jusqu’ici.
Hangzhou semble être une cité bien clémente à leur égard.
    — Euh... Celles que vous avez cru voir errer en
plein jour étaient sans doute des hommes. Une guilde distincte, mais soumise
aussi à un statut strict. Si vous étiez sollicité par une prostituée et enclin
à en faire usage, observez ses bracelets. Si l’un d’entre eux est en cuivre, il
s’agit d’un homme, quelle que soit sa féminité apparente. Cette marque
distinctive est une obligation dictée par la ville... afin que les travestis,
ces pauvres bougres, ne puissent se faire passer pour ce qu’ils ne sont pas.
    Me souvenant sans grand plaisir être moi-même le neveu
d’un de ces « pauvres bougres », je fis remarquer, peut-être avec un
brin d’humeur :
    — Décidément, Hangzhou est tolérant à bien des
égards. Et vous aussi !
    Affable, il répondit simplement :
    — Je ne fais que suivre la voie du Tao. Chacun
trouve la sienne. Un homme amoureux d’un autre homme n’est après tout, par
choix, que ce qu’est un eunuque sans l’avoir désiré. Chacun d’eux couvrant déjà
de honte ses ancêtres en ne perpétuant pas leur lignée, ils n’ont nul besoin de
ma réprobation. Un peu plus loin sur votre droite, là-bas, vous voyez cette
haute tour d’alerte ? Elle marque le centre de la ville, dont c’est le
plus haut édifice. On y veille en permanence pour prévenir les incendies ;
au moindre feu, on déclenche l’alarme en jouant du tambour. Hangzhou n’a pas
besoin de faire appel aux passants ni à des volontaires pour éteindre
l’incendie. Mille hommes sont employés et payés à se tenir prêts pour cela.
    La barge nous déposa peu après sur le quai de notre
domicile, comme si nous avions été à Venise, et cette demeure ressemblait fort
à un palazzo. De chaque côté du portail, une sentinelle se dressait,
armée d’une lance bien en évidence terminée d’un côté par une lame en pointe,
de l’autre en tranchant de hache. Ces deux gardes étaient les plus grands Han
que j’eusse jamais vus.
    — De solides gaillards, j’en conviens, déclara
Fung devant mon regard admiratif. Ils doivent bien mesurer seize mains chacun.
    — Vous faites sans doute erreur, rectifiai-je.
J’en fais moi-même dix-sept, et ceux-ci me dépassent d’une bonne demi-tête.
    J’ajoutai, sur le ton de la plaisanterie :
    — Si vous ne savez même pas compter, je vous vois
mal venir à bout des calculs nécessaires à la tâche de collecteur
d’impôts !
    — Oh, mais j’y excelle, détrompez-vous,
enchaîna-t-il avec une égale bonne humeur. Je connais la façon han de compter,
et si la hauteur d’un homme se mesure jusqu’au sommet de sa tête, celle d’un
soldat s’arrête aux épaules.
    — Cazza beta ! Pourquoi
donc ?
    — Pour qu’on puisse les affecter par paires
assorties aux perches de transport. Ces fantassins, n’étant pas des cavaliers,
portent en effet eux-mêmes leur équipement. Mais on considère aussi, par
ailleurs, qu’un bon soldat obéissant n’a nul besoin d’un cerveau, donc d’une
tête pour le contenir.
    Je remuai doucement la mienne, émerveillé autant
qu’ébahi, et fis mes excuses au magistrat d’avoir si peu que ce fut dénigré son
savoir. Sur quoi, après avoir échangé nos chaussures contre des pantoufles,
nous le suivîmes, Hui-sheng et moi, dans la maison qu’il nous fit visiter.
Tandis que, dans chaque pièce, des domestiques tombaient en ko-tou devant
nous, il nous indiquait du doigt telle ou telle facilité prévue pour notre
confort ou notre plaisir. Le palais était pourvu d’un jardin agrémenté en son
milieu d’un bassin de lotus ombragé d’un arbre en fleur. Le gravier des allées
n’était pas simplement égalisé au râteau ; on y avait tracé de gracieux
motifs. Un élément d’ornementation captiva particulièrement mon attention. Ce
grand lion de pierre, assis, gardait le porche

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