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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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citoyens pour tomber d’accord sur sa
solution. Les magistrats argumentent savamment, l’un contredisant l’autre, et
même les frères se bouffent entre eux, jusqu’à se battre en pleine rue !
Et je suis entré dans la ville avec mes troupes, peu de temps après ces
événements. Depuis, tous les plaideurs et les plaignants impliqués dans ce
litige n’ont eu de cesse de m’appeler à régler le contentieux. Je m’en sens
bien incapable et j’en ai franchement par-dessus la tête. Si vous ne résolvez
pas ce problème, je vous assure que je suis prêt à faire flamber la ville comme
une torche.
    — Mais enfin, qu’y a-t-il à résoudre, sardar ? fis-je avec patience. Vous l’avez clairement dit, le roi s’était
vendu lui-même et avait perdu, avant de mettre sa femme en jeu. Ils ont donc
tous deux été vendus, en toute légalité. Et qu’ils soient morts ou vivants,
qu’ils l’aient voulu ou non, ils appartiennent dorénavant à ceux qui les ont
gagnés.
    — Vraiment ? Ou plutôt, puisque lui a déjà
passé l’arme à gauche, est-on sûr que ce soit le cas pour elle ? C’est
ce qu’il vous faudra décider, mais il faut avant cela que vous entendiez toutes
les parties argumenter. J’ai mis la dame sous bonne garde en attendant que la
question soit tranchée. Elle se trouve dans l’une des pièces à l’étage. Je peux
la faire descendre et convoquer tous les hommes qui occupaient la salle de jeu
ce soir-là. Si vous consentez, grand frère, à être un Cheng à vous seul, cela
vous procurera en même temps une occasion idéale d’enquêter sur les tenants et
les aboutissants de cette dent que vous recherchez.
    — Vous avez raison. Très bien, faites-les venir.
Et je vous en prie, appelez aussi mon interprète, Yissun.
    Dame Tofaa Devata, bien que son nom signifiât
« Cadeau des dieux », ne correspondait pas vraiment à mes goûts en
matière de beauté féminine. Elle était à peu près du même âge que Hui-sheng,
mais en largeur, elle en valait bien deux. Shaibani l’avait décrite comme une
fille du Bengale, et il était évident que le roi d’Ava l’avait importée de
cette région de l’Inde, car c’était une Hindoue typique : une peau huileuse
d’un marron presque noir, le pourtour des yeux effectivement noir. Je
crus dans un premier temps qu’elle avait fait un usage maladroit du khôl qu’on
emploie comme cosmétique pour souligner les paupières, mais je devais plus tard
me rendre compte que presque tous les Hindous, hommes et femmes, possèdent à
l’état naturel cette disgracieuse coloration des poches situées sous les yeux.
Dame Tofaa avait en outre sur le front, entre les yeux, un point dessiné à la
peinture rouge et un trou au nombril, ayant sans doute porté une babiole en son
temps, avant que son mari la lui perdît en la jouant aux dés. Elle portait une
tunique qui me parut être une seule bande de tissu enroulée plusieurs fois
autour de son ample silhouette, de façon à ne laisser nus que les bras, une
épaule et un segment de chair marron foncé autour de la taille. Ce n’était pas
une nudité très affriolante, et l’habit était un tissu aux couleurs criardes,
tissé de fils aux reflets métalliques. Le tout dégageait en outre une pénible
impression de crasse nauséabonde, que j’attribuai galamment aux temps
difficiles qu’elle venait de traverser. Elle était peut-être repoussante, mais
je tenais à rester impartial, et cela ne présageait donc en rien l’issue de sa
cause.
    Je dois à la justice de signaler que les autres
intervenants bientôt rassemblés dans la pièce principale du sardar, qu’ils
fussent plaignants, témoins ou conseillers, étaient considérablement moins
avenants. Représentant différentes ethnies (Mien, Hindous, autochtones, plus
quelques membres des classes plus élevées Myama), ils n’en étaient pas pour
autant des spécimens de choix. Il y avait là l’habituel assortiment de ces
traîne-la-patte qui n’attendaient que de fondre comme des oiseaux de proie sur
les marins fraîchement débarqués. J’eus un nouveau pincement au cœur pour le
pusillanime roi en fuite qui s’était éjecté lui-même d’un trône pour tomber en
aussi basse compagnie. Bon, ce n’était quand même pas une raison pour préjuger
de quoi que ce fût, sous prétexte que tous les participants étaient
également repoussants.
    Je connaissais l’une des règles de loi en vigueur dans
ces régions, qui veut que le

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