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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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gardes reconduisaient les hommes
dehors, troupeau hurlant et se lamentant, Dame Tofaa se laissa tomber visage
contre terre, prosternée devant moi, équivalent hindou du mesuré salââm ou
du respectueux ko-tou. Shaibani me dévisagea avec un effroi mêlé de
respect et affirma :
    — Grand frère Marco Polo, vous êtes un vrai
Mongol. Vous faites honte à celui que je suis, de ne pas avoir songé à ce
véritable coup de maître.
    — Vous allez pouvoir vous racheter, fis-je,
magnanime. Trouvez-moi un bateau et un équipage sûrs, capables de me conduire
sans délai à travers le golfe du Bengale.
    Je me tournai vers Yissun.
    — Je ne t’emmènerai pas là-bas, car tu ne saurais
pas mieux parler que moi. Je te relève donc de tes fonctions, Yissun, et te
renvoie aux ordres de Bayan, ou ceux de ton ancien chef à Bhamo. Je serai
désolé de ne plus t’avoir avec moi, car tu as été un loyal compagnon.
    — C’est moi qui devrais être désolé pour vous,
Marco, confia-t-il, secouant la tête, l’air sincèrement apitoyé. Une mission à
remplir à Ava est déjà un épouvantable destin. Mais en Inde... ?

 
     
     
     
     
EN
INDE

 
36
    Notre navire avait à peine quitté le port d’Akyab que
Tofaa Devata, guindée, décida de ne plus m’appeler que « Marco- wallah [28]   »
et commença d’édicter des règles pour notre bonne entente au cours du voyage.
    N’étant plus un Seigneur de Justice, je lui avais
laissé toute liberté pour m’adresser la parole de façon moins formelle. Elle
m’avait expliqué que le suffixe hindou wallah dénotait à la fois le
respect et l’amitié. Je ne lui avais pas donné pour autant le droit de se
fendre d’un prêche. Mais j’écoutai poliment et parvins même à ne pas éclater de
rire.
    —  Marco -wallah, vous
devez vous rendre compte que ce serait un péché mortel de nous mentir
mutuellement, et une action excessivement pernicieuse, tant aux yeux des hommes
qu’à ceux des dieux. Non, n’ayez pas l’air si affligé. Laissez-moi vous
expliquer, et votre cœur cessera de saigner de son ardent désir, même s’il
n’est pas payé de retour. Voyez-vous, votre verdict a certes résolu le conflit
qui s’était élevé à Akyab, mais sans statuer sur les mérites des différents
arguments, aussi ceux-ci doivent-ils être pris en compte dans notre future
relation. D’une part, donc, dans la mesure où mon mari était encore mon
légitime époux à sa mort, je suis encore sati, à moins que je me
remarie, et jusque-là, en tout état de cause, vous vous rendriez coupable du
plus grave des péchés si vous couchiez avec moi. Si, par exemple, quelque part
en Inde, nous étions surpris en train de commettre la surata, vous
seriez condamné à vous livrer à la surata avec une statue de femme
incandescente en cuivre remplie de feu car embrasée de l’intérieur, et vous
brûleriez jusqu’à ce que, la peau horriblement racornie, vous en mouriez. Après
quoi, une fois décédé, vous devriez vivre dans le monde souterrain de Kala, y
endurant tous ses feux et ses tourments, pour autant d’années que j’ai de pores
sur la peau. D’un autre côté, si je suis maintenant légalement l’esclave de
cette créature d’Akyab qui m’a gagnée aux dés, le fait de coucher avec moi, son
esclave légitime, ferait également de vous son esclave. De toute façon, je suis
de la caste des brahmanes, la plus élevée de nos quatre jati, les
divisions hindoues de l’humanité, et, ne faisant vous-même partie d’aucune jati, vous êtes donc inférieur. En couchant ensemble, nous défierions l’ordre
sacré des jati et, en conséquence d’un tel crime, nous serions aussitôt
jetés aux chiens que l’on entraîne à dévorer ces hérétiques. Même si vous
choisissiez de braver galamment cette mort horrible en me prenant de force,
considérée moi aussi comme une coupable profanatrice, je subirais d’office le
même effroyable châtiment. Si quiconque apprenait en Inde que vous avez mis
votre linga dans ma yoni, que je me sois passionnément engagée dans cette ardente communion charnelle ou
que je me sois passivement allongée pour la subir, nous nous trouverions tous
deux dans la plus profonde disgrâce et le plus dangereux péril. Bien sûr, je ne
suis plus une kanya, une jeune pousse verte sans saveur, encore vierge
de toute compromission. Étant même une veuve d’une certaine expérience, à la zankha pleine de talents, capable, chaude et bien

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