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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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visible chez leurs successeurs, ces usurpateurs hindous. On pouvait
certes le déplorer, mais qu’y avait-il d’étonnant à cela ? Quel peuple
aurait volontairement accepté de se mélanger à des Hindous ?
    — Regardez bien ce couple-ci, Marco -wallah, détailla
Tofaa du ton le plus didactique. Ce couple gravé se trouve accouplé dans ce que
l’on appelle la posture du kaja, d’après le nom de ce serpent à crête
distendue que vous connaissez bien.
    C’était en effet assez sinueux, et je dus admettre que
je ne connaissais pas cette position. L’homme semblait être assis au bord d’un
lit. La femme reposait sur et contre lui, la tête en bas, le torse serré entre
les jambes de l’homme, ses deux mains posées au sol, ses jambes entourant la
taille de son partenaire qui lui maintenait les fesses de ses mains
caressantes, et sa linga plongée (on pouvait du moins le présumer) dans
son yoni.
    — Une position fort pratique, récita le sâdhu, ce que traduisit fidèlement Tofaa. Imaginons par exemple que vous
souhaitiez faire l’amour à une bossue. Vous vous doutez bien qu’il est
impossible de placer une telle femme dans la position classique, allongée sur
le dos ; elle ne manquerait pas de vaciller et de tanguer sur sa bosse, ce
qui serait très inconfortable, et...
    — Gesu.
    — Vous brûlez certainement de l’envie d’essayer
cette position du kaja, Marco -wallah, avança Tofaa. Mais je vous
en prie, ne me faites pas l’affront de me demander de l’expérimenter avec moi.
Non, non. Le sâdhu m’explique d’ailleurs qu’il dispose à l’intérieur du
temple d’une devadasi compétente, bossue au plus haut point et qui,
moyennant une pièce d’argent...
    — Merci, Tofaa, et remerciez aussi le sàdhu de
ma part. Mais je vais choisir, là aussi, de vous croire sur parole.

 
40
    — J’ai votre dent de Bouddha, Marco- wallah. Je
me réjouis de l’heureuse conclusion de votre quête.
    Près de trois mois avaient passé depuis sa précédente
annonce, durant lesquels aucune nouvelle dent, petite ou grosse, n’était
parvenue au palais. J’avais refréné mon impatience, imaginant bien que le
métier de pêcheur de perles supposait d’interminables errances. Mais je fus
heureux, enfin, de mettre la main sur l’objet véritable. J’étais désormais
franchement épuisé de l’Inde et des Hindous, et le petit rajah ne faisait plus
guère mystère du fait qu’il ne pleurerait pas mon départ à chaudes larmes. Non
pas exactement qu’il fut las de ma présence, mais il semblait avoir conçu
quelques doutes sur les raisons réelles de ma visite. Apparemment, son petit
esprit s’était imaginé que ma quête de la dent pouvait n’être qu’un leurre
destiné à cacher une mission d’espionnage sur le terrain en vue d’une annexion
future par les Mongols. Je savais pour ma part que, même si on la leur avait
offerte, les Mongols auraient refusé de s’encombrer d’une terre aussi lugubre,
mais j’étais trop poli pour le dire au petit rajah. Autant apaiser ses soupçons
en prenant la dent et en m’en allant, ce que je comptais bien faire.
    — C’est vraiment une dent magnifique,
constatai-je avec une admiration non feinte. Nul doute quant à son
authenticité.
    Il s’agissait d’une molaire jaunâtre, oblongue, dont
la surface excédait celle de ma paume, les racines étant quant à elles aussi
longues que mon avant-bras. Elle pesait à peu près autant qu’une pierre de
mêmes dimensions.
    — Est-ce le pêcheur lui-même qui vous l’a
apportée ? Est-il ici ? Je dois lui donner sa récompense.
    — Ah, le pêcheur de perles, fît le petit rajah.
Le majordome a emmené le brave homme aux cuisines pour qu’il y reçoive un bon
repas. Si vous voulez bien me confier sa récompense, Marco -wallah, je
veillerai à ce qu’elle lui soit remise.
    Ses yeux s’agrandirent lorsque je fis tinter dans sa
main une demi-douzaine de pièces d’or.
    — Oh ! tant que ça ? !
    Je souris et dis :
    — Cela les vaut bien, Votre Altesse (omettant
d’ajouter que j’étais reconnaissant au pêcheur non seulement de m’avoir permis
de retrouver la dent, mais aussi de m’avoir libéré de cet endroit).
    — C’est beaucoup trop généreux, mais il les aura.
Je vais demander au majordome de vous trouver un bel écrin.
    — Pourrais-je requérir également de Votre Altesse
deux chevaux, pour mon interprète et pour moi-même, afin que nous puissions
rallier la côte

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