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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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étrangères. Les quelques splendeurs qu’ils pouvaient montrer avec
vanité aux visiteurs étaient l’œuvre, selon moi, d’une autre race disparue.
Même la cithare était à mettre au crédit d’un étranger. Si la karavat était
une invention hindoue, alors ce devait être la seule, et j’étais prêt à leur
concéder celle-ci – une façon paresseuse de laisser les condamnés se tuer
eux-mêmes – comme la réalisation la plus achevée de leur civilisation.
    Nous aurions pu chevaucher directement vers l’est, de
Kumbakonam à la côte de Coromandel, pour chercher le plus proche village où
mouillaient les vaisseaux de haute mer qui traversaient la baie. Mais Tofaa
suggéra, et je la suivis, qu’il vaudrait mieux revenir par Cuddalore, ville que
nous savions fréquentée de nombreux navires. Nous fîmes bien, car alors que
Tofaa se renseignait pour trouver un bateau susceptible de nous embarquer, les
marins lui apprirent qu’on nous cherchait. Cela m’intrigua, mais pas longtemps,
car notre présence s’était vite ébruitée dans Cuddalore. Un homme n’ayant rien
d’un Hindou vint en courant et nous lança : «  Sain
bina ! »
    À ma grande surprise, c’était Yissun, mon ancien
interprète que j’avais quitté alors qu’il repartait d’Akyab pour traverser Ava
vers Pagan. Nous nous étreignîmes et nous frappâmes le dos de la paume de la
main, et quand nous eûmes échangé nos salutations, je coupai court pour
savoir :
    — Que fais-tu donc dans ce trou ?
    — Le wang Bayan m’a envoyé vous chercher, grand
frère Marco. Et comme Bayan a précisé : « Ramenez-le vite », le sardar Shaibani ne s’est pas contenté cette fois de louer un navire,
mais en a commandité un avec tout son équipage et l’a garni de soldats mongols
pour presser les marins. Nous avons appris que vous aviez débarqué à Cuddalore,
c’est donc là que nous sommes allés. Mais je me demandais bien où nous irions
ensuite. Ces villageois stupides m’ont expliqué que vous étiez partis vers
l’intérieur des terres jusqu’au prochain village de Panrati, mais cela datait
de plusieurs mois et je savais que vous étiez allés au-delà. Aussi est-ce une
bénédiction que nous nous soyons trouvés par hasard. Venez, nous rentrons tout
de suite à Ava.
    — Mais pourquoi ? insistai-je.
    Quelque chose me tracassait. Le torrent de mots de
Yissun semblait étudié pour me dire beaucoup de choses, sauf la raison de ce
rappel.
    — Quel besoin si pressant Bayan peut-il avoir de
moi ? C’est la guerre ? Il y a une insurrection ?
    — Désolé, mais non, Marco, rien d’aussi naturel.
Il semble que votre merveilleuse compagne, Hui-sheng, soit en mauvaise santé.
Pour autant que je sache...
    — Pas maintenant, coupai-je. (Même en cette
chaude journée, je venais de sentir un vent froid me parcourir l’échine.) Tu me
raconteras à bord. Tu l’as dit, hissons les voiles à l’instant.
    Il avait un esquif et un pilote hindou prêts à nous
emmener, et nous gagnâmes vite le bateau à l’ancre, un qurqur robuste et
massif, cette fois commandé par un Persan à l’équipage bigarré, composé de
toutes les races et les couleurs. Tous souhaitaient partir sans attendre car
nous étions déjà en mars, et le vent ne tarderait pas à tomber, la chaleur à
arriver et la pluie à nous inonder. Nous prîmes Tofaa avec nous, sa destination
étant Chittagong, port bengali situé sur l’est de la baie, comme Akyab, et pas
très éloigné. Le navire pourrait aisément l’y déposer après nous avoir
débarqués, Yissun et moi.
    Quand le qurqur eut levé l’ancre et fut en
route, Yissun, Tofaa et moi nous trouvions sur le bastingage de la poupe (lui
et moi ravis de voir s’éloigner l’Inde), et il me mit au courant pour
Hui-sheng.
    — Lorsque votre compagne s’est découverte
enceinte...
    — Enceinte ! m’écriai-je, consterné.
    — Je ne fais que répéter ce qu’on m’a dit,
s’excusa Yissun en haussant les épaules d’un air désolé. D’après ce qu’on m’a
expliqué, elle était à la fois débordante de joie à cette idée et inquiète que
vous la désapprouviez.
    — Mon Dieu ! Elle ne se sera pas blessée en
tentant de s’en débarrasser, j’espère ?
    — Non, non. Je crois que Dame Hui-sheng ne ferait
rien, Marco, sans votre approbation. Non, elle n’a rien fait et, d’après ce que
je crois, elle ne s’était même pas rendu compte que quelque chose n’allait

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