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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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pas
bien.
    — Mais enfin, vakh ! Qu’est-ce qui ne
va pas bien ?
    — Quand j’ai quitté Pagan, rien n’était encore
visible. Votre amie m’a semblé en parfaite santé, radieuse et plus belle que
jamais. Tout allait bien, en apparence. Ce qui pose problème est, si j’ai bien
compris, quelque chose qui ne peut se voir. Parce que, au tout début, quand
elle a confié à Arùn qu’elle était enceinte, celle-ci a pris l’initiative
d’aller voir Bayan et de lui confier ses propres appréhensions.
Maintenant, souvenez-vous, Marco, que je vous rapporte seulement ce que m’a dit
Bayan de sa conversation avec l’esclave et que je ne suis ni chaman ni
médecin... Je ne suis en rien versé dans ce qui peut toucher au fonctionnement
interne des femmes, et...
    — Viens-en au fait, Yissun, le pressai-je.
    — Arùn a expliqué à Bayan que, selon elle, votre
compagne Hui-sheng n’était pas physiquement apte à mettre au monde un enfant.
Quelque chose dans la forme des os de l’arceau pelvien, si vous voyez de quoi
il s’agit. Pardonnez-moi d’avoir à mentionner ces détails anatomiques, Marco,
je ne fais que répéter ce qu’on m’a dit. Il semble qu’Arùn soit bien placée
pour connaître la question.
    — Moi également, fis-je remarquer. Et je n’ai
jamais rien noté de ce côté-là.
    À cet instant, Tofaa prit la parole, avec son air de
tout savoir, et vint s’enquérir :
    —  Marco -wallah, votre
dame n’est-elle pas obèse ?
    — Impudente ! Elle n’est pas du tout
obèse !
    — Ce n’était qu’une question. C’est de là que
vient souvent le problème. Bien, dites-moi, est-ce que le mont de Vénus de
votre dame – vous savez, le coussin frontal où pousse la toison – ne serait pas
délicieusement proéminent ?
    Glacé, je lui répondis :
    — Pour votre information, sachez que les femmes
de sa race ne possèdent pas de toison à cet endroit. Mais maintenant que vous
m’en parlez, j’en conviens... oui, il est peut-être légèrement plus bombé que
ce que j’ai pu voir chez d’autres femmes.
    — Ah, bien, vous y êtes, alors. Une femme ainsi
conformée est sublimement douce et enveloppante au moment de la surata, je
pense que vous êtes bien placé pour le savoir, mais cela ne peut pas la servir
au moment de la maternité. Cela indique que les os de son bassin, au lieu
d’être de forme ovale, sont en cœur. Je suis sûre que ce détail a dû frapper sa
servante et que, l’ayant remarqué, c’est ce qui l’a inquiétée. Mais votre dame,
Marco -wallah, devait le savoir. Sa mère avait dû le lui dire, ou sa
nourrice, au moment où elle est devenue femme et où on lui a parlé comme telle.
    — Non, fis-je après réflexion. On n’a pas pu le
lui dire. La mère de Hui-sheng est morte alors qu’elle était encore enfant, et
elle-même... enfin, elle n’a jamais pu avoir de conseillère, ni de femme pour
s’occuper d’elle, et elle n’a pas eu de confidente non plus. Mais peu importe
tout cela. Qu’aurait-elle dû savoir ?
    Tofaa répondit platement :
    — Qu’elle n’aurait jamais d’enfant.
    — Pourquoi ? Qu’implique-t-elle, cette
conformation pelvienne ? Est-elle en danger ?
    — Pas tant qu’elle est enceinte. Elle n’aurait
aucun problème à porter son bébé durant les neuf mois de sa grossesse si elle
est en bonne santé par ailleurs. Cela se passerait sans doute fort bien, car
une femme est toujours heureuse durant cette période. Le problème se pose au
moment de mettre l’enfant au monde.
    — Et quoi ?
    Tofaa regarda ailleurs.
    — Le plus difficile, c’est de sortir la tête.
Celle-ci est ovale, comme l’ouverture normale des os pelviens. Quelles que
soient les douleurs qui s’ensuivent, elle finit par venir. En revanche, si ce
passage est déformé, comme quand le bassin est en forme de cœur...
    — Oui, et alors ?
    Elle resta évasive :
    — Imaginez-vous verser du grain d’un sac à
l’ouverture étroite, qu’une souris est dans le grain et qu’elle bloque au
niveau de l’ouverture. Il faut bien que le grain sorte, alors vous appuyez,
vous tordez et vous étirez. Il faut bien que ça cède quelque part.
    — Et donc ?
    — La souris va éclater. Ou bien son cou va se
briser, à moins que l’ouverture du sac ne se déchire.
    Je gémis.
    — Mon Dieu, pourvu que ce soit la souris !
    Me tournant d’un bloc vers Yissun, je lui
demandai :
    — Que va-t-on tenter ?
    — Tout ce qui sera possible,

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