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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Gansui. Soyez assuré de mon éternelle reconnaissance
pour l’avoir dépêché auprès de ma regrettée compagne.
    — Regrettée compagne ?
Cela signifie donc que Gansui n’a pas pris soin d’elle avec une grande
efficacité. Je suis désolé de l’entendre. Il a toujours assez bien agi dans le
traitement de la goutte dont je souffre depuis longtemps et pour les plus
récentes maladies dont l’âge m’a affecté ; je serais donc navré d’avoir à
m’en séparer. Souhaites-tu qu’il soit exécuté pour cette lamentable
défaillance ?
    — Pas sur mon ordre, Sire. Je suis heureux qu’il
ait fait son possible. Et le mettre à mort ne me rendrait ni ma compagne ni mon
fils mort-né.
    — Je compatis, Marco. Une dame aussi jolie, aimée
et aimante qu’elle l’était est, j’en conviens, irremplaçable. Pour ce qui est
des fils, en revanche...
    Il eut un geste désinvolte, et je crus qu’il faisait
allusion à sa considérable progéniture. Mais il me fit sursauter lorsqu’il
ajouta :
    — Tu en as déjà une demi-douzaine. Plus trois ou
quatre filles à côté, je crois.
    Pour la première fois, je compris clairement qui
étaient les jeunes pages qui avaient remplacé l’équipe des majordomes. Je
restai sans voix.
    — Des garçons tout à fait charmants,
poursuivit-il. Qui ont considérablement amélioré l’impression que donne ma
salle du trône. Les visiteurs trouvent à les regarder un bien plus grand
plaisir qu’à regarder la vieille épave qui est sur le trône.
    Je tournai les yeux vers les pages. Les deux qui se
trouvaient à portée d’oreille et avaient probablement entendu cette ahurissante
révélation me rendirent de timides et respectueux sourires. Je savais
maintenant d’où leur venait cette complexion plus claire que celle des Mongols,
ainsi que ces cheveux, ces yeux... Je leur trouvai même une vague ressemblance
avec moi. Pour autant, ils m’étaient étrangers. Je ne les avais pas conçus par
amour et je n’aurais sans doute pas reconnu leurs mères si je les avais
croisées dans un couloir du palais. Je serrai les mâchoires et déclarai :
    — Mon fils unique est mort à la naissance, Sire.
Sa perte et celle de sa mère m’ont laissé l’âme et le cœur douloureux. C’est
pourquoi je demande à mon seigneur le khakhan la permission de lui faire mon
rapport sur la dernière mission qu’il m’a confiée, puis de requérir de sa part
une faveur.
    Il m’étudia un moment, les rides de son visage érodé
par l’âge parurent se creuser légèrement, mais il se contenta de me
répondre :
    — Je t’écoute.
    Je fus assez bref, n’ayant eu de réelle mission que
celle d’observer. Je donnai donc mes impressions sur ce que j’avais vu :
l’Inde était une région indigne d’être conquise, qui ne méritait pas la moindre
attention ; les terres de Champa offraient les mêmes ressources –
éléphants, épices, bois, esclaves, pierres précieuses – tout en étant beaucoup
plus proches.
    — De plus, Ava vous appartient déjà, bien sûr.
Cependant, j’aurais une recommandation à formuler, Sire. Comme Ava, les autres
nations de Champa seraient sans doute des conquêtes faciles, mais les conserver
serait moins aisé. Vos Mongols sont des gens du Nord, habitués à respirer l’air
frais. Dans cette chaleur et cette humidité tropicales, nulle garnison mongole
ne saurait endurer longtemps les fièvres, les maladies et l’indolence ambiante.
Je suggère qu’au lieu d’une occupation réelle, Sire, vous vous contentiez
d’installer au pouvoir là-bas, en tant qu’administrateurs et gouverneurs de
province, des natifs de Champa ayant fait allégeance.
    Il hocha la tête et reprit la lettre de Bayan :
    — Le roi Rama Khamhaeng, de la région de Muong
Thaï, propose précisément ce genre d’arrangement comme alternative à notre
demande de reddition sans conditions. Il offre en guise de tribut permanent le
produit intégral des mines d’étain de son pays. Je pense que je vais en
accepter les termes et laisser à Muong Thaï une indépendance complète.
    Je fus heureux de cette décision, ayant conçu une
affection sincère pour le peuple thaï. Qu’ils puissent donc jouir en paix de
leur Terre de Liberté.
    Kubilaï poursuivit :
    — Je te remercie de ton rapport, Marco. Tu as
bien agi, comme toujours. Je serais un seigneur bien ingrat de te refuser
quelque faveur que ce soit. Quelle est ta requête ?
    Il savait ce que j’allais lui

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