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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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me jeter sur le lit
vide que nous avions partagé, de ne pas étreindre contre moi ses vêtements.
Mais je m’étais dit en moi-même : « Je supporterai cela comme un
impassible Mongol... non, plutôt comme un marchand à l’esprit pratique. »
    Oui, mieux valait être un marchand, habitué par nature
à l’aspect transitoire des choses. Un marchand échange des trésors ; s’il
se réjouit quand un joyau exceptionnel lui passe entre les mains, il sait qu’il
n’en jouira que le temps qu’il faudra à d’autres mains pour se l’approprier...
ou bien pourquoi serait-il marchand ? Il peut être désolé de le voir
partir, mais s’il est un bon commerçant, il ne sera que plus riche de l’avoir
possédé un instant. Et je l’étais, je l’étais. Bien qu’elle m’ait quitté à
présent, Hui-sheng avait incommensurablement su enrichir ma vie et me laissait
une réserve de souvenirs inestimables. Peut-être même m’avait-elle rendu
meilleur. Oui, je m’étais amélioré. Cette façon éminemment pratique d’envisager
mon deuil me donna la force de contenir ma souffrance. Je me félicitai d’être
resté solide comme la pierre... quand Arùn me demanda :
    — Emporteras-tu aussi cela ?, et ce qu’elle
tenait était l’encensoir de porcelaine blanche. Alors la pierre se brisa.

 
     
     
     
     
AU
PAYS NATAL

 
41
    Mon père m’accueillit avec joie, puis m’exprima sa
compassion dès que je lui eus révélé pourquoi j’étais revenu à Khanbalik sans
Hui-sheng. Il commença sombrement à m’expliquer que cette vie était toujours
ainsi, il fallait le savoir, mais je coupai court à son homélie.
    — À ce que je vois, nous ne sommes plus les
derniers Occidentaux arrivés à Kithai, fis-je remarquer en voyant assis dans sa
chambre un étranger.
    C’était un homme blanc un peu plus âgé que moi, dont
le vêtement, bien qu’un peu usé par le voyage, l’identifiait clairement comme
un clerc de l’ordre des Franciscains.
    — Oui, répliqua mon père, épanoui. Après tout ce
temps, enfin, un vrai prêtre chrétien est arrivé à Kithai. Et c’est presque un
voisin, Marco, puisqu’il vient de Campanie. Voici le pare Zuàne...
    — Padre Giovanni,
rectifia le prêtre d’un air peu engageant, corrigeant ainsi la prononciation
vénitienne de mon père. De Montecorvino, près de Salerne.
    — Comme nous, il a dû voyager trois ans, ajouta
mon père. Et sur une route assez similaire.
    — De Constantinople, indiqua le prêtre. Puis je
suis passé par l’Inde où j’ai fondé une mission, avant de remonter par la Haute
Tartarie.
    — Je suis sûr que vous serez ici le bienvenu, pare Zuàne, insistai-je, parlant cependant avec politesse. Si vous n’avez pas
encore été présenté au khakhan, je dois avoir audience avec lui sous peu...
    — Le khan Kubilaï m’a déjà très cordialement
reçu.
    — Peut-être que si tu le demandais, Marco,
suggéra mon père, le pare Zuàne consentirait-il à prononcer quelques
mots en mémoire de notre chère Hui-sheng disparue...
    Je ne lui aurais de toute façon rien demandé, mais le
prêtre répliqua sèchement :
    — Je crois comprendre que la défunte n’était pas
chrétienne et que cette union n’avait pas été conclue conformément à notre foi.
    Je lui tournai le dos et, m’adressant à mon père sur
un ton tout aussi rude :
    — Père, si ces terres naguère éloignées,
inconnues et barbares doivent désormais attirer des civilisés arrivistes tels
que celui-ci, le khakhan ne devrait pas voir partir avec trop de désespoir les
pauvres pionniers que nous sommes. Je te suivrai quand tu le voudras.
    — Je l’espérais bien, acquiesça-t-il en hochant
la tête. J’ai fait convertir tous les actifs de la Compagnie Polo en valeurs
portables et en numéraire. L’essentiel a déjà été expédié à cheval vers
l’Occident sur la route de la soie. Le reste est entièrement empaqueté. Il ne
nous reste plus qu’à déterminer notre mode de transport et la route que nous
emprunterons... et, bien sûr, à obtenir l’autorisation du khakhan.
    J’allai donc la demander. D’abord, je présentai à
Kubilaï la relique que j’avais rapportée, qu’il accueillit avec plaisir, un peu
d’admiration et des remerciements appuyés. Puis je lui remis une lettre que
Bayan m’avait donnée à transmettre, attendis qu’il l’ait lue et ajoutai :
    — J’ai aussi amené avec moi, Sire, votre médecin
personnel, le hakim

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