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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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à
relever :
    — Le compte y est, il n’y a pas de doute. Ce
cercle est gradué. Mais à quoi cela sert-il ?
    Il me dévisagea, l’air atterré.
    — À quoi cela sert-il ?
    — Ma foi, oui... Notre vieux cercle occidental,
tout rudimentaire qu’il soit, présente au moins l’avantage d’être divisible par
quatre. Comment vous y prenez-vous, avec cet instrument, pour marquer un angle
droit ?
    Il perdit quelque peu sa sérénité.
    — Marco Polo, cher invité d’honneur, vous ne
voyez donc pas le génie de ce que je suis en train de vous montrer ? Vous
ne sentez pas à quel point cet appareil est le fruit d’observations patientes,
de calculs raffinés ? Faut-il vous prouver combien il surclasse les vulgaires
mathématiques dont vous vous contentez, en Occident ?
    — Je ne nie pas votre avance en la matière. Je
constate seulement que cet appareil semble moins pratique et qu’il a de quoi
rendre fou n’importe quel homme de quart affecté à la vigie. L’utiliser
saboterait toutes nos cartes ! Un maçon, avec cela, ne serait même plus
capable de construire une maison munie d’angles droits et de pièces carrées...
    Ce qui lui restait de sérénité s’évanouit alors, et il
fit claquer ses doigts d’exaspération.
    — La seule chose qui vous intéresse, en Occident,
est d’amasser du savoir. La sagesse, quant à elle, vous passe largement
au-dessus de la tête. Alors que je suis en train de vous parler mathématiques
pures, vous me répondez maçonnerie !
    — J’admets ne rien connaître à la philosophie,
maître Lin-ngan, dis-je humblement, mais j’ai connu quelques charpentiers. Je
peux vous assurer que ce cercle de Kithai les ferait bien rire.
    — Rire ? s’écria-t-il,
s’étranglant presque.
    Pour quelqu’un à l’ordinaire si sage, réservé et dénué
de passion, il s’était mis là dans une assez belle furie. N’étant pas non plus
dépourvu de sagesse, je lui fis mes adieux, avant de battre respectueusement en
retraite en direction de mes appartements. Après tout, cette rencontre ne
faisait que renforcer mes doutes quant à la prétendue ingéniosité des
Han !
    Pourtant, lors d’une entrevue à l’observatoire des
astronomes du palais, je réussis beaucoup mieux à me contrôler et conservai mon
aplomb. L’observatoire était une terrasse dépourvue de toit, encombrée
d’instruments impressionnants et complexes ; des sphères armillaires, des
cadrans solaires, des astrolabes et des alidades, tous confectionnés de façon
admirable, en marbre, en cuivre ou en laiton. L’Astronome de la Cour, Jamal
ud-Din, était un Persan, pour la bonne raison, m’expliqua-t-il, que tous ces
appareils avaient été inventés dans son pays natal des siècles
auparavant : aussi était-il le mieux placé pour s’en servir. Il avait sous
ses ordres une demi-douzaine de sous-astronomes, tous Han, parce que ceux-ci,
m’indiqua maître Jamal, avaient coutume de tenir (depuis plus longtemps que
n’importe quel autre peuple) de scrupuleux registres d’observations
astronomiques. Nous conversions en farsi, et il m’interprétait les divers
commentaires émis par ses collègues.
    Je commençai en confessant avec franchise :
    — Messeigneurs, la seule notion qu’on m’ait
jamais apprise concernant l’astronomie est l’assertion biblique selon laquelle
le prophète Josué, dans le but de prolonger d’une journée une bataille, arrêta
la course du soleil.
    Jamal me jeta un regard incrédule, mais répéta mes
paroles aux six vénérables Han. Cette révélation eut le don de les mettre dans
tous leurs états : aussi stupéfaits qu’excités, ils finirent par me poser
fort poliment la question suivante :
    — Ainsi, ce Josué serait parvenu à stopper le
soleil ? C’est extrêmement intéressant. Quand cela arriva-t-il ?
    — Oh, il y a longtemps, très longtemps. C’était à
l’époque où les Israélites luttaient contre les Amorrites. Ceci est relaté dans
la Bible, dans plusieurs livres avant la naissance du Christ et au début de
l’ère chrétienne.
    — C’est vraiment intéressant, répétèrent-ils
après s’être à nouveau concertés. Nos registres astronomiques du Shu-king, qui
remontent pourtant cinq mille trois cent soixante-dix ans en arrière, ne
mentionnent rien de tel. Un événement cosmique de cette nature aurait
certainement occasionné de fervents commentaires chez l’homme de la rue, et pas
seulement de la part des astronomes

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