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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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sur gages que comme
des artistes en quête de réussite.
    De nouveau, il émit un grognement.
    — Où avez-vous entendu parler d’un prêteur sur
gages dénué de sens artistique ? Ou d’un mont-de-piété qui soit un
échec ?
    Je ne pus rien rétorquer ; il ne semblait du
reste attendre aucune réponse, aussi enchaînai-je :
    — Comment en êtes-vous venu à inventer les fiers
rameaux ?
    — Je n’en suis pas l’inventeur. Le secret de leur
découverte appartient à un Han, il y a des siècles. Ma seule contribution a été
de rendre plus aisée l’application de son secret.
    — Quel est ce secret, maître Shi ?
    — On l’appelle huo-yao, la poudre
inflammable.
    Il me conduisit à sa table de travail et préleva dans
l’une des jarres et des fioles qui se trouvaient là une pincée de poudre gris
foncé.
    — Observez ce qui se produit lorsque je place
cette faible quantité de huo-yao sur cette assiette de porcelaine et que
je la touche avec du feu... comme cela.
    Il attrapa un bâton d’encens fumant et en posa le bout
incandescent sur la poudre.
    Je sursautai lorsque, avec le bruit d’une détonation
brève, le huo-yao brûla dans un éclair intense en dégageant un nuage de
fumée bleue à l’odeur acre, que j’avais appris à reconnaître.
    — Comme vous le voyez, expliqua le Maître
Artificier, cette poudre s’enflamme plus promptement que toute autre substance.
Il suffit de la confiner dans un espace restreint pour en enfermer l’explosion,
ce qui produira un bruit sourd et l’émission d’une lumière intense. Divers sels
métalliques sont ajoutés à cette poudre pour la faire brûler dans différentes
couleurs.
    — Mais comment faites-vous pour qu’elle
vole ? demandai-je. Et pour créer ces explosions multicolores
successives ?
    — Pour obtenir ces effets, on empaquette le huo-yao dans un tube de papier épais comme celui-ci, muni d’une petite ouverture à
l’extrémité. (Celui qu’il me montrait avait l’aspect d’une bougie longue et
étroite, où la mèche aurait été remplacée par un trou.) Dès que le feu touche
cette brèche, la poudre se met à brûler, et une flamme intense jaillit qui
propulse en avant le tube tout entier, ou vers le haut, pour peu qu’il soit
orienté en ce sens.
    — C’est bien ce que j’ai vu se produire,
confirmai-je. Mais ce mouvement, justement, comment s’explique-t-il ?
    — Allons, allons, monsieur Polo, railla-t-il
gentiment. Nous avons là affaire au tout premier principe des lois de la
nature : à savoir que tout se dérobe devant le feu.
    — Bien sûr, approuvai-je. Bien sûr...
    — Cette combustion étant extrêmement violente, le
cylindre n’en jaillit que plus énergiquement. C’est si brutal qu’il va très
loin et monte très haut.
    — Et ayant en lui son propre combustible,
ajoutai-je pour prouver que j’avais bien suivi, il transporte le feu avec lui.
    — Exactement. Il emporte même plus que le feu, du
reste, car j’y ai attaché au préalable d’autres tubes. Dès que le premier s’est
consumé – sa durée de combustion peut être réglée –, il déclenche les autres
cylindres. Suivant le modèle utilisé, ils explosent instantanément en libérant
des étincelles colorées ou se propulsent encore plus loin et éclatent plus
tard. En combinant sur le cylindre moteur des tubes explosifs et d’autres
fusants, je peux fabriquer de fiers rameaux prêts à s’épanouir à n’importe
quelle hauteur, qui explosent en motifs floraux de couleurs variées. Des fleurs
de pêcher, des fleurs de pavot, des lys tigrés et tout ce que je peux imaginer
faire éclore dans le ciel.
    — Ingénieux, admis-je. Fantastique ! Mais
l’ingrédient principal, le huo-yao... de quoi est-il composé ?
    — L’inventeur des rameaux était en effet très
ingénieux, convint l’artificier. Pourtant, les éléments qui le forment sont les
plus simples que l’on puisse imaginer.
    Il préleva de trois autres jarres des pincées de
poudre qu’il disposa côte à côte : l’une était noire, l’autre jaune, la
troisième blanche.
    — Du tan-hua, du liu et du tung-bian. Goûtez-y, vous devriez les reconnaître.
    Humectant un de mes doigts, je prélevai quelques
grains de la fine poudre noire et les portai à ma langue pour constater,
dubitatif :
    — Ce n’est rien d’autre que du charbon de bois.
De la poudre jaune, je tirai la conclusion :
    — Du soufre ordinaire.
    La poudre blanche me laissa

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