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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’histoire de l’archer Yi,
que son arme rendait invincible, jusqu’au jour où il transmit ses talents à un
élève qui finit par le tuer...
    — Je n’ai aucune intention de m’approprier vos
idées, me hâtai-je de préciser. Je vous communiquerai même toutes celles qui me
viendront, au cas où elles s’avéreraient d’une quelconque utilité...
    — Le danger de la beauté, murmura-t-il. Bon. Avez-vous
entendu parler de cette grosse noix velue que l’on nomme « noix de
l’Inde » ?
    Me demandant quel rapport cela pouvait bien avoir avec
notre sujet, je répondis :
    — Certes, j’ai goûté à sa chair dans des plats
qu’on nous a servis ici.
    — J’ai pris quelques coques vides de ce fruit et
les ai remplies de huo-yao. Puis j’y ai inséré des mèches afin d’y
transmettre le feu au bout d’un certain temps. J’ai fait de même avec de gros
morceaux de canne à sucre. On pourrait aisément lancer de tels objets sur les
défenses ennemies, à la main ou à l’aide d’une catapulte. Pour peu qu’elles
fonctionnent correctement, une seule de ces armes pourrait démolir une maison
comme celle-ci.
    — Merveilleux ! m’exclamai-je.
    — À condition qu’elles fonctionnent, appuya-t-il.
Malheureusement, le huo-yao possède un défaut qui le rend totalement
impropre à un usage militaire. Ses trois composants, comme vous l’avez vu, sont
des poudres finement moulues. Mais chacune d’entre elles a une densité et un
poids différents. De sorte que, même si l’on enferme le huo-yao bien
serré dans un espace confiné, ses composants, au départ mélangés, vont avoir
tendance à se séparer. Le moindre mouvement, la moindre vibration fera tomber
le salpêtre, plus lourd, au fond du cylindre, rendant du même coup le huo-yao inerte et inopérant. C’est pourquoi il est impossible de mettre en réserve
une provision de mon invention, du moins en quantité suffisante. Le plus petit
mouvement dans l’entrepôt où serait placée cette substance ou lors de son
transport à l’extérieur la rendrait inutilisable.
    — Je vois..., fis-je, songeur. (Un léger
désappointement s’était à présent peint sur mes traits, faisant écho au sien.)
Est-ce la raison pour laquelle vous êtes perpétuellement sur les routes, maître
Shi ?
    — Absolument. Pour élaborer un spectacle de fiers
rameaux, il me faut gagner le terrain des opérations et tout préparer sur
place. Je voyage avec une réserve de tubes de papier, de mèches, de tonneaux
contenant les poudres nécessaires. Ce n’est pas une mince affaire d’effectuer
ensuite le mélange du huo-yao et de le charger dans mes différents
engins. C’est à l’évidence ce que fit le Maître Artificier de Kaifeng, lorsque
la cité fut assiégée. Mais pourrait-on imaginer effectuer ces travaux sur le
champ même de la bataille, au beau milieu des combats ? Il faudrait un
artificier par compagnie, avec tout son matériel sous la main, qui devrait
faire preuve d’une célérité et d’une compétence exceptionnelles. Non, Marco
Polo, je crains que le huo-yao ne reste à jamais qu’un joli jouet. Et
hormis dans le cas d’une cité soumise à un siège, il y a peu de chances de le
voir un jour servir à des fins militaires.
    — Que c’est dommage..., soupirai-je. Cette
tendance des composants à se séparer est-elle le seul problème à
résoudre ?
    — Oui, c’est le seul, martela-t-il avec
une lourde ironie. Tout comme les seuls membres qui manquent à un homme
pour voler sont des ailes.
    — La séparation, rien d’autre..., me répétais-je
sans cesse. Soudain, je claquai des doigts et m’exclamai :
    — Ça y est ! J’ai trouvé.
    — Vraiment ?
    — La poussière s’envole, mais pas la boue, pas
les mottes de terre. Supposons que vous puissiez humidifier le huo-yao pour
en faire une pâte. Ou qu’une fois cuit, on puisse lui donner une consistance
solide.
    — Imbécile ! me répliqua-t-il, cinglant
quoique légèrement amusé. Humidifier la poudre serait le meilleur moyen pour
qu’elle ne brûle pas. Quant à la faire cuire, quelle belle explosion cela
ferait !
    — Oh..., fis-je, désappointé.
    — Je vous ai prévenu, il y a du danger dans cette
expression de la beauté.
    — Le danger ne m’effraie pas tant que cela,
maître Shi, répondis-je, retournant toujours le problème dans ma tête. Je sais
que vous êtes actuellement fort occupé à la préparation des cérémonies du
Nouvel An, aussi je

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