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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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s’était sauvé dans les genêts, je vais le savoir. Mais, va ; laisse-moi agir à ma guise.
    – J’obéis ! dit Keinec en s’éloignant.
    Jahoua, impatient, se tenait à genoux dans le canot, sa carabine à la main, prêt à sauter à terre. Keinec lui transmit les ordres de Marcof.
    Tous deux conduisirent l’embarcation derrière un énorme bloc de rocher à moitié enfoui dans l’Océan. Le canot disparaissait complètement sous la masse de granit. Keinec l’amarra solidement.
    – Que devons-nous faire maintenant ? demanda Jahoua.
    – Attendre Marcof ! répondit Keinec, et veiller attentivement.
    – Eh bien ! aie l’œil sur la mer, moi je me charge de la grève.
    – Reste à l’ombre ! que l’on ne puisse nous apercevoir d’aucun côté.
    Et les deux jeunes gens, ne s’adressant plus la parole tant leur attention était absorbée par leurs propres pensées et par l’espérance de découvrir l’arrivée de Carfor, demeurèrent immobiles, les regards de l’un fixés sur l’Océan, ceux de l’autre sur la plage et sur les falaises. Pendant ce temps Marcof avait quitté la grotte, et s’était avancé vers ce sentier escarpé par lequel Raphaël et Diégo étaient jadis descendus dans la baie.
    Marcof, pour ne pas être embarrassé dans ses mouvements, déposa sa carabine contre le rocher, affermit les pistolets passés dans sa ceinture, et consolida, par un double tour, la petite chaîne qui, suivant son habitude, suspendait sa hache à son poignet droit. Posant son pied dans les crevasses, s’accrochant aux aspérités des falaises, s’aidant, enfin, de tout ce qu’il rencontrait, il entreprit l’ascension périlleuse, et gagna la crête des rochers avec une merveilleuse agilité.
    Une fois sur les falaises, il se jeta dans les genêts qui s’élevaient à quelque distance. Puis il écouta avec une profonde et scrupuleuse attention. Ce bruit vague qui règne dans la solitude arriva seul jusqu’à lui. Alors portant ses deux mains à sa bouche pour mieux conduire le son, il imita le cri de la chouette.
    Trois fois, à intervalles égaux, il répéta le même cri. Après quelques secondes de silence, un sifflement aigu et cadencé se fit entendre au loin. Un rayon de joie illumina la figure de Marcof.
    Dix minutes après le même sifflement se fit encore entendre, mais beaucoup plus rapproché. Marcof imita de nouveau le cri de l’oiseau de nuit et s’avança doucement dans les genêts en les fouillant du regard. Bientôt il vit les genêts s’agiter faiblement ; puis l’extrémité du canon d’un fusil écarter les plantes.
    Marcof fit un pas en avant et se trouva face à face avec un homme de haute taille, portant le costume breton, et dont le large chapeau était constellé de médailles de sainteté, et orné d’une petite cocarde noire. Un étroit carré d’étoffe blanche, sur laquelle était gravée l’image du sacré cœur, se distinguait du côté gauche de sa veste. Quoique vêtu en simple paysan, cet homme avait dans toute sa personne un véritable cachet d’élégance. Sa figure mâle et belle inspirait l’intérêt et la confiance. Une large cicatrice, dont la teinte annonçait une blessure récemment fermée, partageait son front élevé, et donnait à sa figure un aspect guerrier plein de charme. En apercevant Marcof il lui tendit la main.
    – Je ne vous croyais pas de retour ? lui dit-il.
    – Je suis arrivé hier, répondit le marin. Le pays de Vannes et celui de Tréguier sont en feu !
    – Je le sais ! Vous avez vu La Rouairie ?
    – Il m’a fait dire par un ami de Saint-Tady qu’il ne pouvait se rendre à Paimbœuf.
    – Et Loc-Ronan ?
    – On dit que le marquis est mort ! répondit Marcof.
    – Tué, peut-être ?
    – Non ; mort dans son lit.
    – Un malheur pour nous, Marcof.
    – Un véritable malheur, monsieur le comte.
    – On s’est battu à Fouesnan ? reprit l’inconnu après quelques minutes.
    – Oui.
    – Aujourd’hui, n’est-ce pas ?
    – Ce soir même.
    – Vous y étiez ?
    – J’ai donné un coup de main aux gars.
    – Qui les attaquait ?
    – Les gendarmes.
    – À propos du recteur ?
    – Oui !
    – Je l’aurais parié. L’arrêté du département nous servira à merveille. On dirait qu’ils prennent à tâche de tout faire pour seconder nos plans et nous envoyer des soldats. À l’heure où je vous parlé, dix communes sont déjà soulevées.
    – Combien avez-vous d’hommes

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