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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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marquis chancela sur sa selle et s’arrêta de nouveau.
    – Encore ! s’écria Jocelyn de plus en plus inquiet et affligé.
    – Un étourdissement, répondit le marquis.
    – Mon Dieu ! Seigneur ! ayez pitié de nous ! murmura le vieux serviteur à voix basse.
    – Jocelyn ! appela de nouveau le marquis.
    – Monseigneur ?
    – Dis-moi, tu étais à Brest avec moi l’an dernier lorsque j’allai visiter le baron de Pont-Louis ?
    – Oui, monseigneur.
    – Il se mourait à cette époque.
    – Cela est vrai.
    – Et même il se mourait par suite d’une substance vénéneuse qu’il avait absorbée. Bref, il était empoisonné.
    – Du moins on le disait, monseigneur.
    – Et l’on ne se trompait pas, Jocelyn.
    Le serviteur ne répondit pas. Le marquis reprit :
    – Il m’a détaillé ses souffrances, et il me semble que ce sont les mêmes que je ressens aujourd’hui.
    – Oh ! mon bon maître, ne dites pas cela !
    – Pourquoi ? la mort n’a rien qui m’effraye !…
    – Oh ! mon Dieu ! pourquoi donc avez-vous voulu faire ce que vous avez fait ? murmura Jocelyn à voix basse.
    – Parce que j’ai cru que Dieu m’inspirait et que je le crois encore. Seulement je ne pensais pas tant souffrir !
    – Vous souffrez donc beaucoup, mon bon seigneur ?
    – Comme un damné, Jocelyn ; comme un véritable damné ! J’ai encore soif.
    – Nous sommes près du château.
    – Oui, mais je ne respire plus ; il me semble qu’un nuage épais descend sur mes yeux, qu’un cercle de fer rougi étreint mes tempes.
    – N’auriez-vous pas la force d’arriver ?
    – Je vais essayer, Jocelyn, mais je ne le crois pas. Reste là, à mes côtés, ne me quitte plus.
    – Non, monseigneur. Permettez-moi seulement de donner un ordre à Dominique.
    Et Jocelyn s’adressant à l’un des domestiques de suite, lui commanda de courir au château, de faire atteler le carrosse et de venir en toute hâte au devant du marquis.
    – Non ! non ! inutile ! fit vivement celui-ci en arrêtant du geste le domestique qui rassemblait déjà les rênes de son cheval. Galopons plutôt, galopons !…
    Et enfonçant les molettes de ses éperons dans le ventre de sa monture qui bondit en avant, le gentilhomme s’élança suivi de ses domestiques. Jocelyn se tenait botte à botte avec lui, ne le quittant pas des yeux. Il parcourut, en fournissant ainsi une course furieuse, la presque totalité de la distance qu’il avait encore à franchir pour gagner son habitation. Seulement, lui que l’on admirait d’ordinaire pour sa tenue élégante et la manière gracieuse dont il conduisait son cheval ; lui qui passait à juste titre pour le meilleur écuyer de la province, il ne se maintenait plus que par un miracle d’équilibre, et, en termes de manége, il roulait sur sa selle. Pour gravir la petite montée qui conduisait au château, il fut même obligé, tant sa faiblesse était grande et ses douleurs aiguës, il fut même obligé, disons-nous, d’abandonner les rênes et de saisir à deux mains la crinière de son cheval.
    Un tremblement convulsif agitait tous ses membres. En arrivant dans la cour, la force lui manqua complètement, il s’évanouit. Jocelyn n’eut que le temps de se précipiter pour le soutenir. Aidé des autres domestiques, il transporta le marquis, privé de sentiment, dans la chambre à coucher et il le déposa sur le lit. Au bout de quelques minutes, le gentilhomme ouvrit les yeux.
    – Eh bien ? murmura Jocelyn.
    – Je me sens mourir, répondit faiblement le marquis.
    – Du courage, monseigneur.
    Tout à coup le marquis se dressa sur son séant, et regardant son vieux serviteur avec des yeux hagards :
    – Si nous nous étions trompés ! dit-il.
    – Ne parlez pas ainsi, au nom du ciel ! s’écria Jocelyn dont la terreur bouleversa soudain les traits expressifs.
    – Peut-être serait-ce un bien !
    – Oh ! mon bon maître ! ne dites pas cela !
    Jocelyn s’arrachait les cheveux.
    – N’importe, reprit le marquis, je me sens mourir, je le sens ! Envoie chercher un prêtre…
    – Monseigneur !
    – Je le veux, Jocelyn.
    Jocelyn transmit l’ordre, et un piqueur partit à cheval chercher le recteur de Fouesnan.
    – Vous sentez-vous mieux, monseigneur ? demanda Jocelyn après le départ du valet.
    – Non !
    – Vous souffrez autant ?
    – Plus encore !
    – Que faire, mon Dieu ?
    – Rien ! donne-moi de l’air ! J’étouffe !
    Jocelyn,

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