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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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Il la regarda bien, et puis, savez-vous ce qu’il a dit ?
    – Qu’est-ce qu’il a dit ? demandèrent les paysans.
    – Il a dit que Rose était morte d’une maladie qu’il a appelée d’un drôle de nom. Attendez un peu… une apatre… une acotreplie… Ah ! voilà, une apotre … plécie . Eh bien ! moi je dis qu’elle n’est pas morte autrement que par la main des trépassés.
    – C’est sûr ! s’écria-t-on de toutes parts.
    – Faudra prier le recteur de dire une messe pour son âme, fit observer Jahoua.
    – Justement le voici ! dit Yvon en désignant le pasteur qui se dirigeait vers lui.
    Au moment où le recteur allait s’asseoir à côté de son vieil ami, un galop furieux se fit entendre à l’extrémité du village, puis on vit, au milieu d’un tourbillon de poussière, un cavalier déboucher à toute bride sur la place de Fouesnan. Ce cavalier était un piqueur du château de Loc-Ronan. En arrivant devant la maison d’Yvon, il s’arrêta. Son cheval était blanc d’écume.
    – Mes gars ! s’écria-t-il, où est M. le recteur ?
    – Me voici, mon ami, répondit le prêtre en se levant.
    – Ah ! monsieur le recteur, il faut que vous veniez au château au plus vite…
    – On a besoin de moi ?
    – M. le marquis vous demande.
    – Savez-vous pourquoi ?
    – Pour le confesser, hélas !
    – Le confesser ! s’écrièrent les paysans.
    – Est-il donc malade, lui que j’ai vu il y a deux heures si bien portant ? demanda le recteur avec épouvante.
    – Ah ! mon Dieu, oui ! Cela lui a pris tout de suite en rentrant ; il est tombé de cheval, et le vieux Jocelyn dit qu’il se meurt !…
    – Seigneur mon Dieu ! ayez pitié de lui ! murmura le prêtre en quittant le cercle des paysans. Je cours au château, mon ami, je cours au château… Voyons, mes enfants, qui veut me prêter un bidet ?
    – Moi !… moi !… moi !… répétèrent vingt voix diverses, tandis que vingt paysans se précipitèrent de tous les côtés.
    L’événement qu’annonçait le piqueur était si inattendu, si terrifiant, que la foule accourue ne pouvait se remettre de la stupeur dont elle était frappée. Nous avons dit combien le marquis était adoré dans le pays ; cette vive affection explique cette grande douleur.
    Enfin le bidet fut amené. Le recteur l’enfourcha aussi vivement que possible, et suivant le piqueur, suivi lui-même par une partie des hommes du village, il se dirigea rapidement vers le château de Loc-Ronan. Les femmes se précipitèrent vers l’église, et, d’un commun accord, entourèrent l’autel de cierges allumés devant lesquels elles s’agenouillèrent en priant.
    Lorsque le digne recteur arriva en vue du château, une bannière noire flottait sur la tour principale. La foule poussa un cri.
    – Il est trop tard ! murmura le prêtre ; le marquis est mort !… Dieu ait son âme !
    Et, mettant pied à terre, il s’agenouilla dans la poussière au milieu des paysans courbés comme lui, et tous prièrent à haute voix pour le repos de l’âme du marquis de Loc-Ronan.

XIII – LE DERNIER DES LOCK-RONAN.
    Lorsque le marquis de Loc-Ronan avait quitté la place de Fouesnan, il était remonté à cheval, et, toujours suivi de Jocelyn et de ses deux autres domestiques, il avait repris ainsi le chemin du château. Près de trois lieues séparaient l’habitation seigneuriale du petit village. Pendant la première moitié de la route, le marquis avait chevauché sans prononcer un mot. Il semblait plus triste qu’à l’ordinaire, et sa grande taille se voûtait sous le poids d’une fatigue physique ou d’une pensée incessante de l’esprit. Arrivé à un quart de lieue du château, il arrêta son cheval et appela Jocelyn. Le serviteur accourut. Le marquis était d’une pâleur extrême.
    – Vous souffrez, monseigneur ? demanda Jocelyn.
    – Horriblement, mon ami, répondit le gentilhomme. J’ai la gorge en feu ; je voudrais boire.
    – La source est à deux pas, fit Jocelyn en s’éloignant rapidement.
    Il revint bientôt, apportant à son maître un vase de terre rempli d’eau fraîche. Le marquis n’était plus pâle, il était devenu livide, et ses joues se tachetaient de larges plaques rouges. Jocelyn le regardait avec effroi. Le gentilhomme porta le vase à ses lèvres et but avec avidité.
    – Je me sens mieux, dit-il, remettons-nous en route. Le petit cortége avança silencieux pendant quelques minutes. Puis le

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