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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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tout.
    – Ne remontes-tu pas à cheval ?
    – Tout à l’heure.
    Le comte recommença son investigation, mais sans plus de résultat que la première fois.
    – Corbleu ! fit-il en revenant à sa monture, corbleu ! ces genêts sont insupportables ! On peut vous espionner, vous suivre pas à pas sans que l’on puisse prendre l’espion sur le fait !
    – Tu es fou, Diégo, lors même qu’un homme eût marché dans le même sens que nous, pourquoi penser qu’il nous épiât ?
    – Allons, je me serai trompé.
    – Sans doute, fit le chevalier en se remettant en marche. Écoute-moi, mon cher, j’ai à te communiquer une idée lumineuse qui vient de me surgir tout à coup…
    – Quelle est cette idée ?…
    – Voici la chose.
    – Attends, interrompit le comte, regagnons d’abord le sentier des falaises. Du haut des rochers au moins on domine la campagne, et personne ne peut vous entendre.
    – Soit ! regagnons les falaises…
    Les deux cavaliers traversèrent le fourré et se dirigèrent vers les hauteurs. Le vent agitait en ce moment l’extrémité des genêts, de telle sorte que ni le chevalier, ni le comte ne purent remarquer l’ondulation causée par le passage d’un homme qui courait en se baissant pour les devancer. Cet homme, dont la position ne permettait pas de distinguer la taille ni de voir le visage, arriva sur les rochers, les franchit d’un seul bond, tandis que les cavaliers étaient encore engagés dans les ajoncs, et, avec l’agilité d’un singe, il se laissa glisser sur une sorte d’étroite corniche suspendue au-dessus de l’abîme.
    Cette arête du roc longeait les falaises jusqu’à la baie des Trépassés. Elle était large de dix-huit pouces à peine, située à quatre pieds environ en contre-bas de la route, et elle dominait la mer. On ne pouvait en deviner l’existence qu’en s’approchant tout à fait du pic des falaises.
    L’homme mystérieux pouvait donc continuer à suivre la même route que les cavaliers, et à écouter toutes leurs paroles sans crainte d’être découvert par eux. D’autant mieux que la surface glissante des rochers ne permettait aux chevaux que de marcher au petit pas. Seulement il fallait que cet homme eût une habitude extrême de suivre un pareil chemin ; car, il se trouvait sur une corniche large de dix-huit pouces, et la mort était au bas !
    Les deux cavaliers, une fois sur les falaises, continuèrent leur route et reprirent la conversation un moment interrompue.
    – Tu disais donc ? demanda le comte en regardant autour de lui, et en poussant un soupir de satisfaction, tu disais donc, mon cher Raphaël ?…
    – Que si tu veux m’en croire, Diégo, nous allons chercher dans le pays une retraite impénétrable, ignorée de tous les partis et où nous serons en sûreté.
    – Pourquoi faire ?
    – Tu ne comprends pas ?
    – Non ; développe ta pensée, Raphaël. Développe ta pensée !
    – Ma pensée est que cette retraite une fois trouvée, et nous parviendrons à la découvrir avec l’aide de Carfor, nous nous y enfermerons pour y attendre les événements.
    – Bon !
    – Nous y conduirons Hermosa que tu aimes toujours, quoi que tu en dises ; car elle est encore fort belle et n’a pas quarante ans, ce qui lui donne le droit d’en avoir vingt-neuf.
    – Après ?
    – Tu y cacheras Henrique. De mon côté j’y mènerai ma petite Bretonne, et nous passerons joyeusement là les trois mois d’attente dont nous a parlé Billaud-Varenne. Bien entendu que l’un de nous ira de temps à autre aux nouvelles, et que, si les événements l’exigent, nous agirons plus tôt…
    – Eh bien ! cela me sourit assez.
    – N’est-ce pas ?
    – Tout à fait, même.
    – Tu m’en vois enchanté.
    – Seulement, avoue une chose.
    – Laquelle ?
    – C’est que ta passion subite pour la jolie Yvonne de Fouesnan, la fiancée de ce rustre, te tient plus au cœur que tu ne voulais en convenir ces jours passés ?
    En entendant prononcer le nom d’Yvonne, l’homme qui suivait les falaises en rampant sur la corniche fit un tel mouvement de surprise qu’il faillit perdre pied, et qu’il n’eut que le temps de s’accrocher à une crevasse placée heureusement à portée de sa main.
    – Mais, répondit le chevalier, je ne te cache pas que la belle enfant me plaît assez.
    – Dis donc beaucoup.
    – Beaucoup, soit !
    – Et tu comptes sur la promesse de Carfor pour l’enlever ?
    – Sans

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