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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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comte poussa du coude son compagnon. Ils échangèrent un sourire.
    – Qu’en dis-tu ? murmura le comte en mettant son cheval au pas.
    – Je dis qu’il était temps ! répondit le chevalier.
    Les deux cavaliers franchirent le seuil du château en affectant beaucoup d’indifférence et de calme, et en laissant échapper quelques mots qui pouvaient donner à penser qu’ils se rendaient au-devant d’autres gentilshommes arrivant par la route de Quimper. Mais une fois sur la pente douce qui aboutissait au point où se croisaient le chemin de la ville et celui des falaises, ils s’empressèrent de suivre ce dernier.
    – Un temps de galop, Raphaël ! dit le comte en éperonnant son cheval. On ne sait pas ce qui peut arriver…
    Dix minutes après, jugeant qu’ils étaient hors de vue et rien n’indiquant qu’ils eussent un danger à redouter, ils mirent leurs chevaux à une allure plus douce.
    – Corbleu, Diégo ! s’écria Raphaël, la matinée n’est pas perdue !
    – Certes ! répondit le comte, la journée a été moins mauvaise que nous le pensions. Ah ! ce matin, je n’espérais plus !
    – Le morceau est joli, à défaut du gâteau tout entier.
    – C’est là ton avis, n’est-ce pas !
    – Et le tien aussi, je suppose !
    – Oui, ma foi ! mais en y réfléchissant, je ne puis m’empêcher de me désoler un peu ! Cette mort est venue faire avorter un plan si beau ! Nous avons de l’or, Raphaël, mais nous ne sommes pas riches et Henrique n’a pas de nom !
    – Bah ! tu lui donneras le tien ! Maintenant que le marquis est mort, rien ne t’empêche d’épouser Hermosa.
    – Hermosa n’est plus jeune.
    – Oui, voilà la pierre d’achoppement. Mais après tout elle est belle encore, et quand elle aura cessé de l’être tu t’en consoleras avec d’autres.
    – Là n’est point la question. Je pense plus à l’argent qu’à l’amour. Or, environ soixante-quinze mille livres pour chacun ce n’est guère !…
    – Eh ! ne quittons pas le pays. Lançons-nous dans la politique. Si Billaud-Varenne tient parole, avant peu la noblesse va se voir assez malmenée. Alors nous quitterons nos titres, nous reprendrons nos véritables noms, et nous trouverons bien au milieu de la révolution qui éclatera, le moyen de faire fructifier nos capitaux.
    – Et si la noblesse triomphe ?
    – Eh bien ! nous garderons nos titres, et, comme nous connaissons une partie des secrets des révolutionnaires, nous les combattrons plus facilement.
    – Tu as réponse à tout.
    – Tu t’embarrasses d’un rien.
    – Corbleu ! Raphaël ! je suis fier de toi. Tu es mon élève, et bientôt tu seras plus fort que ton maître !…
    Raphaël sourit dédaigneusement. Le comte le vit sourire, et ses yeux se fermant à demi laissèrent glisser entre les paupières un regard moqueur qui enveloppa son compagnon.
    – Maître corbeau !… pensa-t-il.
    Il n’acheva pas la citation. En ce moment les deux hommes, qui avaient quitté la route des falaises pour une chaussée plus commode située à peu de distance et tracée parallèlement à la mer, les deux hommes, disons-nous, chevauchaient dans un étroit sentier bordé de genêts et d’ajoncs. Ces derniers, s’élevant à cinq et six pieds de hauteur, formaient un rideau qui leur dérobait la vue du pays. Les chevaux, auxquels ils avaient rendu la main, allongeaient leur cou et avançaient d’un pas égal et mesuré.
    Depuis quelques instants le comte semblait prêter une oreille attentive à ces mille bruits indescriptibles de la campagne, auxquels se mêlait le murmure sourd de la houle. Le chevalier paraissait plongé dans des rêveries qui absorbaient toute son intelligence. Enfin il redressa la tête, et s’adressant à son ami :
    – Diego ! dit-il.
    – Chut ! répondit le comte en se penchant vers lui.
    – Qu’est-ce donc ?
    – On nous suit !
    – On nous suit ? répéta le chevalier en se retournant vivement.
    – Pas sur la route : mais là dans les genêts, il y a quelqu’un qui nous épie… Tiens la bride de mon cheval…
    Le chevalier s’empressa d’obéir. Le comte sauta lestement à terre et s’élança sur le côté droit du sentier. Il écarta les genêts, il les fouilla de la main et du regard.
    – Personne ! s’écria-t-il ensuite.
    – Tu te seras trompé !
    – C’est bien étrange !
    – Tu auras pris le bruit du vent pour les pas d’un homme.
    – C’est possible, après

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