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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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plus, comme tu dis, mais tu aurais tort de t’arrêter en si belle voie ! Tu pardonnes à Marcof ; pendant que tu es en train, pardonne à Yvonne, et remercie-la d’épouser Jahoua.
    – Tais-toi, Carfor !… tais-toi !…
    – Bah ! pourquoi te contraindre ?…
    – Tais-toi, te dis-je ! répéta Keinec d’une voix tellement impérative que Carfor se recula. Si j’ai accepté la liberté que tu m’as rendue ce soir, c’est que je veux me venger.
    – Dès aujourd’hui ?…
    – Le puis-je donc ?
    – N’est-ce pas aujourd’hui qu’a lieu le mariage ?
    – Tu te trompes, Carfor ; la mort du marquis de Loc-Ronan a fait remettre la fête de la Soule, et la cérémonie du mariage de Jahoua et d’Yvonne.
    – Ah ! tu sais cela ? fit Carfor avec un peu de dépit.
    – L’ignorais-tu ?
    – Non.
    – Alors pourquoi me demander si je me vengerai aujourd’hui, lorsque toi-même tu m’as affirmé qu’il me fallait attendre le jour de la bénédiction nuptiale.
    Carfor ne répondit pas. Depuis quelques instants il paraissait réfléchir profondément. Enfin il se leva, sortit de la grotte, interrogea le ciel, et revenant vers le jeune homme :
    – Trois heures passées, dit-il. Keinec, il faut que je te quitte. Je m’absenterai jusqu’au soleil levé mais il faut que tu m’attendes ici, il le faut, Keinec, au nom même de ta vengeance, dont le moment est plus proche que tu ne le crois…
    – Que veux-tu dire ?
    – Je m’expliquerai à mon retour. M’attendras-tu ?
    – Oui.
    Sans ajouter un mot, Carfor prit son pen-bas et s’éloigna. Après avoir regagné les falaises, le berger longea la route de Quimper et s’enfonça dans les genêts. Il avait sans doute une direction arrêtée d’avance, car il marcha sans hésiter et arriva à une saulaie située à peu de distance d’un petit ruisseau. Au moment où il y pénétrait, un cavalier débouchait de l’autre côté. Ce cavalier était le chevalier de Tessy.
    – Palsambleu ! s’écria-t-il joyeusement en apercevant Carfor, te voilà enfin ! Sais-tu que j’allais parodier le mot fameux de Sa Majesté Louis XIV, et dire : j’ai failli attendre !
    – Je n’ai pas pu venir plus tôt, répondit Carfor.
    – Tu arrives à l’heure, c’est tout ce qu’il me faut. Ta présence me prouve que tu as trouvé mon message dans le tronc du vieux chêne, ainsi que cela était convenu entre nous…
    – Je l’ai trouvé. Que voulez-vous de moi ?
    – Corbleu ! je trouve la question passablement originale. Est-ce que par hasard tu aurais oublié les dix louis que je t’ai donnés et les cinquante autres que je t’ai promis ?
    – Cent, s’il vous plaît.
    – Bravo ! tu as bonne mémoire.
    – Oui ! je n’ai rien oublié.
    – Eh bien, si je ne m’abuse, maître sorcier, c’est demain que nous nous occupons de l’enlèvement.
    – Cela ne se peut plus.
    – Qu’est-ce à dire ?
    – Il faut que vous attendiez huit jours encore.
    – Corps du Christ ! je n’attendrai seulement pas une heure de plus que le temps que je t’ai donné, maraud ! s’écria le chevalier en mettant pied à terre et en attachant la bride de son cheval à une branche de saule.
    Puis il fouetta cavalièrement ses bottes molles avec l’extrémité d’une charmante cravache. Carfor le regardait et ne répondait point.
    – Ne m’as-tu pas entendu ? demanda le chevalier.
    – Si fait.
    – Eh bien ?
    – Je vous le dis encore, c’est impossible.
    – Et moi, je te répète que je ne veux pas attendre.
    – Il le faut cependant.
    – Pour quelle cause ?
    – Le mariage de la jeune fille a été reculé de huit jours.
    – À quel propos ?
    – À propos de la mort du marquis.
    – Damné marquis ! grommela le chevalier, il faut que sa mort vienne contrarier tous mes projets ; mais, palsambleu ! nous verrons bien.
    Puis s’adressant au berger :
    – Au fait, dit-il, que diable veux-tu que me fasse la mort du marquis de Loc-Ronan dont Satan emporte l’âme ?
    – Il ne s’agit pas de la mort du marquis, répondit Carfor, mais bien du mariage qui se trouve reculé par cette mort.
    – Eh ! mon cher, je ne tiens en aucune façon à ce que la belle ait prononcé des serments au pied des autels. Que je l’enlève, c’est pardieu bien tout ce qu’il me faut !…
    – Je comprends cela.
    – Eh bien ! alors ?
    – Ce mariage nous est cependant indispensable pour réussir.
    – Que

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