Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
Vom Netzwerk:
après, il faisait son entrée au milieu du cercle des brigands qui, à son aspect, reculèrent muets de surprise et d’épouvante. Ces hommes, convaincus de la mort du marin, crurent à une apparition surnaturelle.
    Quant à Marcof, il ne se préoccupa pas le moins du monde de l’impression qu’il produisait, et marcha droit à Cavaccioli. Arrivé en face du chef, il tira un pistolet de sa ceinture.
    – Je t’engage, lui dit-il, à ordonner à tes hommes de ne pas faire un geste ; car si j’entendais seulement soulever une carabine, je te jure, foi de chrétien, que je te brûlerais la cervelle avant qu’une balle m’eût atteint.
    Puis, se retournant à demi sans cesser d’appuyer le canon de son pistolet sur la poitrine de Cavaccioli :
    – Vous autres, continua-t-il en s’adressant aux bandits, vous pouvez, si bon vous semble, aller voir ce que sont devenus ceux qui devaient m’assassiner ; mais si vous tenez à la vie de votre capitaine, je vous engage à vous retirer, car j’ai à lui parler seul à seul.
    Les brigands, interdits et dominés par l’accent impératif de celui qui leur parlait, se reculèrent à distance respectueuse. Marcof et Cavaccioli demeurèrent seuls.
    – Tu veux me tuer ? demanda le chef en pâlissant.
    – Ma foi, non, répondit Marcof ; à moins que tu ne m’y contraignes.
    – Que veux-tu de moi alors ?
    – Je veux te faire mes adieux.
    – Tu pars donc ?
    – Cette nuit même, ainsi que je l’avais annoncé ce matin.
    – Cela ne se peut pas, fit Cavaccioli en frappant du pied.
    – Et pourquoi donc ?
    – Parce que tu tomberas entre les mains des troupes royales.
    – Cela me regarde.
    – Et puis…
    – Et puis quoi ?
    – Tu sais nos secrets.
    – Je ne les révélerai pas.
    – Tu connais nos points de refuge dans la montagne.
    – Je ne suis pas un traître ; je les oublierai en vous quittant.
    – Enfin, pourquoi agir comme tu le fais ?
    – Parce qu’il me plaît d’agir ainsi.
    – Qu’as-tu fait de ceux qui t’attendaient ?
    – Pour me tuer ? interrompit Marcof.
    Cavaccioli ne répondit pas.
    – Je les ai pendus, continua le marin.
    – Pendus tous les cinq ?
    – Tous les cinq !
    – À toi seul ?
    – À moi seul.
    Cavaccioli regarda fixement son interlocuteur et baissa la tête. Il semblait méditer un projet.

VI – L’AVENTURIER.
    – Écoute, dit le chef. Jamais je ne me suis trouvé en face d’un homme aussi brave que toi.
    – Parbleu, répondit Marcof, tu n’as vu jusqu’ici que des figures italiennes, et moi je suis Français, et qui plus est, Breton !
    – Si tu veux demeurer avec nous, j’oublierai tout, et je te prends pour chef après moi.
    – Inutile de tant causer, je suis pressé.
    – Adieu, alors.
    – Un instant.
    – Que désires-tu ?
    – Que tu tiennes tes promesses.
    – Tu veux un guide ?
    – Piétro m’en servira ; c’est convenu.
    – Et ensuite ?
    – Un sauf-conduit pour tes amis.
    – Mais… fit le chef en hésitant.
    – Allons, dépêche ! dit Marcof en lui saisissant le bras.
    Cavaccioli s’apprêta à obéir.
    – Surtout, continua Marcof, pas de signes cabalistiques, pas de mots à double sens ! Que je lise et que je comprenne clairement ce que tu écris ! Tu entends ?
    – C’est bien, répondit le bandit en lui tendant le papier ; voici le sauf-conduit que tu m’as demandé. À trente lieues d’ici environ tu trouveras la bande de Diégo ; sur ma recommandation il te fournira les moyens d’aller où bon te semblera.
    – Maintenant tu vas ordonner à tous tes hommes de rester ici ; tu vas y laisser tes armes et tu m’accompagneras jusqu’à la route. Songe bien que je ne te quitte pas, et que lors même que je recevrais une balle par derrière j’aurais encore assez de force pour te poignarder avant de mourir.
    Cavaccioli se sentait sous une main de fer ; il fit de point en point ce que lui ordonnait Marcof. Piétro prit les devants, et tous trois quittèrent l’endroit où séjournait la bande. Arrivés à une distance convenable, Marcof lâcha Cavaccioli.
    – Tu es libre, maintenant, lui dit-il. Retourne à tes hommes et garde-toi de la potence.
    Cavaccioli poussa un soupir de satisfaction et s’éloigna vivement. Le chef des bandits ne se crut en sûreté que lorsqu’il eut rejoint ses compagnons. Quant à Marcof et à Piétro ils continuèrent leur route en s’enfonçant dans la partie méridionale de la péninsule

Weitere Kostenlose Bücher