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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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physionomie il était facile de reconnaître pour de misérables brigands, étaient les uns accroupis par terre, les autres debout appuyés sur leurs carabines. Ceux qui étaient à terre jouaient aux dés, et se passaient successivement le cornet. Ceux qui étaient debout, attendant probablement leur tour de prendre part à la partie, les regardaient. Presque tous buvaient dans d’énormes outres qui passaient de mains en mains, et auxquelles chaque bandit donnait une longue et chaleureuse accolade. Près de la moitié de la bande était plongée dans l’ivresse. À quelques pas d’eux gisaient deux cadavres baignés dans leur sang, et transpercés tous deux par la lame d’un poignard. Ces cadavres étaient ceux de deux hommes jeunes et richement vêtus. L’un tenait encore dans sa main crispée un tronçon d’épée. Un peu plus loin, une jeune femme demi-nue était attachée au tronc d’un arbre. Enfin, au fond du carrefour, on distinguait une voiture encore attelée.
    Marcof reconnut du premier coup d’œil la chaise de poste qu’il avait vue passer sur la route. Il ne douta pas que les deux hommes tués ne fussent ceux qui voyageaient en compagnie de la jeune femme qu’il reconnut également dans la pauvre créature attachée au tronc du chêne. Elle poussait des cris lamentables dont les bandits ne semblaient nullement se préoccuper. Les postillons qui conduisaient la voiture riaient et jouaient aux dés avec les misérables. Comme presque tous les postillons et les aubergistes calabrais, ils étaient membres de la bande des voleurs. Marcof connaissait trop bien les usages de ces messieurs pour ne pas comprendre leur occupation présente. Les bandits avaient trouvé la jeune femme fort belle, et ils la jouaient froidement aux dés. Au point du jour elle devait être poignardée.
    Marcof écarta davantage alors les branches, et pénétra hardiment dans le carrefour. Il n’avait pas fait trois pas, qu’à un cri poussé par l’un des bandits huit ou dix carabines se dirigèrent vers la poitrine du nouvel arrivant.
    – Holà ! dit Marcof en relevant les canons des carabines avec le manche de sa hache. Vous avez une singulière façon, vous autres, d’accueillir les gens qui vous sont recommandés.
    – Qui es-tu ? demanda brusquement l’un des hommes.
    – Tu le sauras tout à l’heure. Ce n’est pas pour vous dire mon nom et vous apprendre mes qualités que je suis venu troubler vos loisirs.
    – Que veux-tu, alors ?… Parle !
    – Oh ! tu es bien pressé !
    – Corps du Christ ! s’écria le bandit ; faut-il t’envoyer une balle dans le crâne pour te délier la langue ?
    – Le moyen ne serait ni nouveau ni ingénieux, répondit tranquillement Marcof. Allons ! ne te mets pas en colère. Tu es fort laid, mio caro, quand tu fais la grimace. Tiens, prends ce papier et tâche de lire si tu peux.
    Le bandit, stupéfait d’une pareille audace, étendit machinalement la main pour prendre le sauf-conduit.
    – Un instant ! fit Marcof en l’arrêtant.
    – Encore ! hurla le bandit exaspéré de la froide tranquillité de cet homme qui ne paraissait nullement intimidé de se trouver entre ses mains.
    – Écoute donc ! il faut s’entendre avant tout ; connais-tu Diégo ?
    – Diégo ?
    – Oui.
    – C’est moi-même.
    – Ah ! c’est toi ?
    – En personne.
    – Alors tu peux prendre connaissance du papier.
    Et Marcof le remit au bandit. Celui-ci le déploya tandis que ses compagnons, moitié curieux, moitié menaçants, entouraient Marcof qui les toisait avec dédain. À peine Diego eût-il parcouru l’écrit que, se tournant vers le marin :
    – Tu t’appelles Marcof ? lui dit-il.
    – Comme toi Diégo.
    – Corps du Christ, je ne m’étonne plus de ton audace ! Tu fais partie de la bande de Cavaccioli ?
    – C’est-à-dire que j’ai combattu avec ses hommes les carabiniers du roi ; mais je n’ai jamais fait partie de cette bande d’assassins.
    – Hein ? fit Diégo en se reculant.
    – J’ai dit ce que j’ai dit ; c’est inutile que je le répète. Ta m’as demandé si je me nommais Marcof, je t’ai répondu que tel était mon nom. Tu as lu le papier de Cavaccioli ; feras-tu ce qu’il te prie de faire ?
    – Il te recommande à moi. Tu veux sans doute t’engager sous mes ordres, et, comme ta réputation de bravoure m’est connue, je te reçois avec plaisir.
    Marcof secoua la tête.
    – Tu refuses ? dit Diégo

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