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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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italienne.
    Marcof voulait gagner Reggio. Il savait ce petit port assez commerçant, et il espérait y trouver le moyen de passer d’abord en Sicile puis de là en Espagne et en France. Marcof avait la maladie du pays. Il lui tardait de revoir les côtes brumeuses de la vieille et poétique Bretagne. Tout en cheminant il parlait à Piétro de Brest, de Lorient, de Roscoff. Le Calabrais l’écoutait ; mais il ne comprenait pas qu’on pût aimer ainsi un pays qui n’était pas chaudement éclairé par ce soleil italien si cher à ceux qui sont nés sous ses rayons ardents.
    Bref, tout en causant, les voyageurs avançaient sans faire aucune mauvaise rencontre, se dirigeant vers l’endroit où se trouvait la bande de ce Diégo, pour lequel Cavaccioli avait donné un sauf-conduit à Marcof. Il leur fallait trois jours pour franchir la distance. Vers la fin du troisième, Piétro se sépara de son compagnon. Marcof se trouvait alors dans un petit bois touffu sous les arbres duquel il passa la nuit.
    À la pointe du jour il se remit en marche. N’ayant rien à redouter des carabiniers royaux qui ne s’aventuraient pas aussi loin, Marcof quitta la montagne et suivit une sorte de mauvais chemin décoré du titre de route. Il marchait depuis une heure environ lorsqu’un bruit de fouets et de pas de chevaux retentit derrière lui.
    Étonné qu’une voiture se hasardât dans un tel pays, Marcof se retourna et attendit. Au bout de quelques minutes il vit passer une chaise de poste armoriée traînée par quatre chevaux, et dans laquelle il distingua deux jeunes gens et une femme. La femme lui parut toute jeune et fort jolie. Puis Marcof continua sa route. Mais Piétro s’était probablement trompé dans ses calculs, ou Marcof s’était fourvoyé dans les sentiers, car la nuit vint sans qu’il découvrît ni le vestige d’un gîte quelconque ni l’ombre d’un être humain quel qu’il fût.
    – Bah ! se dit-il avec insouciance, j’ai encore quelques provisions, je vais souper et je coucherai à la belle étoile. Demain Dieu m’aidera. Pour le présent, il s’agit de découvrir une source, car je me sens la gorge aride et brûlante comme une véritable fournaise de l’enfer.
    Marcof fit quelques pas dans l’intérieur des terres, et rencontra promptement ce qu’il cherchait. L’endroit dans lequel il pénétra était un délicieux réduit de verdure tout entouré de rosiers sauvages, et abrité par des orangers et des chênes séculaires. Au milieu, sur un tapis de gazon dont la couleur eût défié la pureté de l’émeraude, coulait une eau fraîche et limpide sautillant sur des cailloux polis, murmurant harmonieusement ces airs divins composés par la nature. Marcof, charmé et séduit, se laissa aller sur l’herbe tendre, étala devant lui ses provisions frugales, et se disposa à faire un véritable repas de sybarite, grâce à la beauté de la salle à manger.
    Mais au moment où il portait les premières bouchées à ses lèvres une vive fusillade retentit à une courte distance. Marcof bondit comme mu par un ressort d’acier. Il écouta en se courbant sur le sol.
    La fusillade continuait, et il lui semblait entendre des cris de détresse parvenir jusqu’à lui. Oubliant son dîner et sa fatigue, Marcof visita les amorces de ses pistolets, suspendit sa hache à son poignet droit, à l’aide d’une chaînette d’acier et se dirigea rapidement vers l’endroit d’où venait le bruit. La nuit était descendue jetant son manteau parsemé d’étoiles sur la voûte céleste. Marcof marchait au hasard. Deux fois il fut obligé de faire un long détour pour tourner un précipice qui ouvrait tout à coup sous ses pieds sa gueule large et béante.
    La fusillade avait cessé ; mais plus il avançait et plus les cris devenaient distincts. Puis à ces cris aigus et désespérés s’en joignaient d’autres d’un caractère tout différent. C’était des éclats de voix, des rires, des chansons. Marcof hâta sa course. Bientôt il aperçut la lumière de plusieurs torches de résine qui éclairaient un carrefour. Il avança avec précaution. Enfin il arriva, sans avoir éveillé un moment l’attention des gens qu’il voulait surprendre, jusqu’à un épais massif de jasmin d’où il pouvait voir aisément ce qui se passait dans le carrefour.
    Il écarta doucement les branches et avança la tête. Un horrible spectacle s’offrit ses regards. Quinze à vingt hommes, qu’à leur costume et à leur

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