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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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tartre, Angélique, Camomille, et bien d’autres.
    Emmélie n’avait guère le temps de lire toutes les étiquettes.
    Une grosse seringue était posée près du mortier dont le docteur se servait pour faire ses préparations.
    La bibliothèque appuyée contre un mur sans fenêtre contenait une centaine de livres dont plusieurs traités de médecine. Les yeux d’Emmélie tombèrent sur le Traité des maladies des femmes grosses de François Mauriceau, dont le premier tome était grand ouvert sur la petite table qui servait de bureau de travail au docteur et sur cette table, il y avait une écritoire. Emmélie choisit une plume qui semblait mieux taillée que les autres, ouvrit l’encrier, trouva un bout de papier et écrivit de sa belle écriture droite et joliment ourlée :
    Mère, je crois que Marguerite va bientôt accoucher. Venez vite m'aider, je vous en prie. Il vous faudra apporter des linges chez le docteur. Beaucoup de linges. Il n'y a rien ici. Amenez Augustin et la charrette avec vous. Nous en aurons besoin pour envoyer quérir le docteur qui est absent.
    Elle signa: Emmélie et, avec le sablier, saupoudra son message de seiche pour enlever l’excès d’encre, secoua le tout et agita le bout de papier pour faire sécher l’encre plus rapidement. Elle plia le billet et le tendit à Charlotte.
    — Courez chez moi, ordonna-t-elle. Le plus vite que vous le pouvez. Donnez ce billet à ma mère et revenez au galop !
    Elle n’attendit pas longtemps avant qu’une charrette s’arrête devant la maison du docteur Talham. Madame Boileau en descendit, un panier à la main dans lequel elle avait placé des ciseaux, des cordonnets, un onguent de sa fabrication et un flacon d’huile d’olive. Son domestique tira de la charrette une vieille paillasse et un grand sac de toile rempli de linges. En entra dans la maison pour aussitôt ordonner à Charlotte de trouver du vin et du vinaigre et de préparer du bouillon ou une soupe. Augustin fut envoyé à la recherche du docteur et quérir la bonne femme Stébenne.
    Emmélie était rassurée : sa mère prenait les choses en main.
    Madame Boileau examina le visage pâle et chiffonné de Marguerite :
    — Comme ça, lui dit-elle affectueusement en lui tendant les bras, tu vas nous faire un bel enfant.
    Le temps des inimitiés était donc passé, et Marguerite, pardonnée. L’entraide féminine reprenait ses droits: un enfant s’annonçait.
    — Il faut avertir chez les Lareau, nota Emmélie.
    — Dans son état, ma mère ne pourra pas venir, soutint Marguerite, chagrinée de ne pas l’avoir près d’elle pour ses premières couches.
    — Mais elle doit tout de même apprendre la nouvelle le plus rapidement possible, rétorqua sa tante. Pourquoi tu n’irais pas toi-même, Emmélie ? Va à la maison et fais seller la jument de ton frère. Ça ira plus vite, tu as une chance d’arriver avant la pluie.
    — Mais je veux revenir ici et assister Marguerite avec vous, dit fermement Emmélie, de crainte que sa mère ne la renvoie à la maison.
    On ne laissait pas de jeunes filles assister aux accouchements.
    — C’est bon, fit la dame en soupirant, ça risque de faire jaser, mais nous ne serons pas trop de deux pour assister Marguerite. Et puis, en tant que parentes, nous avons notre place auprès de l’accouchée, dit-elle en jetant un regard complice { sa fille. De toute manière, j’ai l’impression qu’il faut quelqu’un pour diriger, ici. Rassure bien ta tante Lareau.
    Emmélie eut un sourire de gratitude. Elle reconnaissait là la grande bonté de sa mère qui ne pouvait garder rancune à quiconque, surtout pas { ceux qu’elle aimait. Elle allait quitter lorsque Marguerite grimaça : une nouvelle contraction.
    — C’est bien ça, fit madame Boileau. Le travail commence. Ne t’inquiète pas, ma fille, Emmélie reviendra plus tard. Quant à moi, je ne te laisse plus, ma belle Marguerite.
    Emmélie venait de sortir lorsque Charlotte vint annoncer qu’il n’y avait pas de lard pour le bouillon.
    — Pas de lard ? s’étonna madame Boileau. Cours, ma fille, et rattrape Emmélie. Elle te mènera à notre cuisine pendant qu’on sellera son cheval. Demande { Ursule de quoi faire un bouillon. Allez, ouste ! ajouta-t-elle pour faire bouger Charlotte qui semblait figée sur place. L’arrivée d’un enfant, c’est du travail pour tout le monde !
    Ainsi semoncée, la Charlotte n’eut pas le choix de courir sur le chemin. Elle eut du mal à rejoindre Emmélie

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