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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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Pas la Stébenne ? fit Boileau en se tournant vers sa fille, l’air stupéfait.
    — Mon gendre a fait appeler la Stébenne ! s’exclama {

    son tour Victoire. Si ça a du bon sens !
    L’animosité de Victoire et de Boileau envers cette femme venait d’une vieille querelle, un héritage familial vieux de trois générations. Autrefois, deux lignées de sages-femmes se partageaient la besogne d’accoucher les femmes de la paroisse.
    Madeleine Stébenne, fille de Madeleine Robert, appartenait à une première lignée qui accouchait les femmes du bas de la paroisse et de la Pointe-Olivier. La deuxième était issue de Marguerite Ménard, la propre grand-mère de Victoire et de Monsieur Boileau. Celle qu’on avait appelée la «bonne femme Boileau » était sage-femme au village.
    La Boileau avait su s’imposer en son temps, malgré ses ascendances algonquines, car on manquait cruellement de sages-femmes. Elle avait enseigné son art à sa fille et Madeleine Boileau, la mère de Victoire, avait aussi porté secours aux voisines. Mais quand une nouvelle sage-femme s’était installée au village, plus personne n’avait fait appeler les «sauvagesses».
    Victoire, n’avait pas oublié pas l’outrage fait { sa mère.
    A tel point qu’après la mort de cette dernièré, la fière Victoire s’était débrouillée seule : pas de sage-femme, pas de médecin. Lorsque son temps venait, elle faisait déguerpir la marmaille et accouchait sans aide, comme une chatte.
    Dans le village, il s’en trouvait pour dire: «comme une sauvage». La voisine Tétrault était venue pour les rele-vailles, sans plus.
    En apprenant que la Stébenne seconderait sa fille,Victoire prit une décision. Son instinct lui ordonnait de se rendre au village sans tarder.
    — Mon grand fils Noël me conduira au village et, par la suite, il ramènera votre Sophie chez nous.
    — Je cours au champ prévenir, dit son cousin Boileau en remontant en selle. Emmélie, retourne à la maison. Que ta sœur prépare son paquet. Mieux vaut prévoir qu’elle passera la nuit ici.
    Il lança sa bête au galop et Emmélie repartit, non sans avoir rassuré sa tante sur l’état de Marguerite. Lorsqu’elle l’avait laissée, elle n’avait eu que deux contractions. Madame Boileau assurait que pour le premier, c’était toujours long.
    — On va tout de même faire vite, répondit Victoire. Les femmes de notre famille accouchent facilement.
    — Je repars, ma tante, on se voit tantôt. Ne vous fatiguez pas trop. Allez, Princesse, on y va.
    Jupe au vent, Emmélie repartit au grand galop en examinant le ciel. Elle serait de retour chez les Talham avant la pluie.

    *****
Une heure plus tard, Victoire déposait son modeste ballot dans les mains de Charlotte. Madame Boileau faisait marcher Marguerite dans la pièce, entre les douleurs.
    — Mère, comme je suis heureuse que vous soyez là.
    — Sûr, ma fille, que je suis là I Je ne suis pas assez sans-cœur pour abandonner ma fille { ses premières couches.
    — Vous n’avez pas peur pour le vôtre ? demanda madame Boileau en s’approchant de Victoire. On dit qu’il ne faut pas d’émotions fortes à une femme enceinte. Sinon, son enfant risque d’être marqué !
    — Du radotage de bonne femme ! répondit promptement Victoire.
    Elle se rattrapa en voyant l’air offusqué de madame Boileau, et lui dit d’un ton plus doux :
    — Je veux dire. . Rappelez-vous, ma cousine, les durs moments que vous avez passés avec un enfant dans le ventre lorsque votre petite Lucille a été malade. Ça n’a pas empêché votre Sophie d’être belle comme le jour.
    — Vous êtes pleine de bon sens, madame Lareau, répondit madame Boileau, radoucie. Occupons-nous plutôt de Marguerite.
    — As-tu préparé des langes, ma fille ?
    — Oui, mère. Les plus beaux langes qu’on a jamais vus.
    Je les ai coupés dans de la belle flanelle bien douce que j’ai achetée { Montréal l’hiver passé. J’en ai fait pour le vôtre également, puis deux belles petites jaquettes jaunes, ajouta-t-elle en grimaçant.
    Une nouvelle contraction s’annonçait. Victoire posa la main sur le ventre de sa fille.
    — Respire bien, souffle, comme ça. Quand ça sera passé, je vais t’examiner.
    Marguerite regarda sa mère, ébahie :
    — Vous n’allez pas faire ça ?
    — Quand t’es venue au monde, c’est ta grand-mère Sachet qui m’a aidée. Je fais pour toi ce qu’elle a fait pour moi. Rien de plus. Nous allons te déshabiller,

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