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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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armoires au milieu d’herbes odorantes séchées, une bonne centaine d’essuie-mains et autant de serviettes, plus une quarantaine de nappes de diverses qualités, certaines bonnes pour les jours ordinaires et d’autres pour les jours de fête.
    A la fin de l’hiver, il y avait toujours des monceaux de linges à lessiver, sans compter les chemises des membres de la maisonnée, les tabliers, les jupons, les coiffes, les bonnets, les cols et nombre d’accessoires blancs. On s’empressait de tout faire bouillir dans de grandes bassines d’eau avant de faire sécher au soleil, dès l’apparition des beaux jours.
    Or, rien n’avait été lavé. Pas de linge propre et Marguerite qui était { la veille d’accoucher! Elle ne pouvait pas le croire.
    — Vous n’êtes qu’une paresseuse, Charlotte ! dit sévèrement Emmélie. Vous allez immédiatement sortir les bassines et faire chauffer l’eau. J’exige que tout le linge de la maison soit lavé sans tarder. Et je vous avertis que si ce n’est pas propre à mon goût, vous allez tout reprendre.
    — Mais il va pleuvoir tantôt, riposta la servante en lar-moyant. Je vais me plaindre au docteur que vous me faites trop travailler !
    — Faites cela, Charlotte, et j’expliquerai moi-même au docteur à quel point vous négligez votre maîtresse qui est sur le point d’accoucher. Et il n’aimera pas entendre ce que je lui raconterai à propos de la tenue de sa maison. Pour l’heure, vous allez laver le plus urgent. Il faut des draps propres pour madame. Vous allez rassembler tous les vieux linges que vous pouvez trouver, les laver et les faire sécher dans la maison, en attendant le retour du soleil. Maintenant, courez faire ce que je vous demande.
    Sans demander son reste, Charlotte fila à ses bassines en pleurnichant.
    Emmélie rejoignit Marguerite qui s’éveillait dans la grande chambre, suant à grosses gouttes. Elle lui versa un verre d’eau. Dehors, on entendit le tonnerre gronder {
    nouveau.
    — Il risque d’y avoir de l’orage, nota Emmélie en tendant le gobelet à Marguerite. Je voulais faire de la limonade, mais cette fainéante de Charlotte n’a pas acheté les citrons confits, malgré mes ordres.

    — Oublions Charlotte. Cette petite sieste m’a redonné des forces, dit Marguerite, qui se sentait revigorée.
    Elle porta le verre à ses lèvres et savoura l’eau délicieusement fraîche. Emmélie se servit à son tour. Mais soudain, Marguerite devint livide.
    — Est-ce que ça va ? demanda Emmélie, d’une voix inquiète.
    Une violente nausée lui fit restituer tout le liquide qu’elle venait d’absorber. Puis, une terrible crampe lui barra le ventre. Marguerite grimaça, se plia en deux. Lorsqu’elle se releva, un liquide chaud coulait le long de ses jambes.
    — Emmélie, gémit Marguerite. Oh ! Mon Dieu ! Je suis toute salie.
    Emmélie paniqua intérieurement. Était-ce les premières douleurs ? Que fallait-il faire ? Envoyer prévenir le docteur.
    Rassembler du linge propre. «Le mieux, c’est de faire prévenir ma mère. Certes, elle saura agir à bon escient, se dit-elle. » Elle appela :
    — Charlotte !
    Mais comment la servante pouvait-elle l’entendre ? Elle était dehors { puiser l’eau pour remplir les bassines de lessive. Emmélie passa par la cuisine d’été et sortit de la maison en courant.
    — Charlotte !
    La domestique s’activait dans la cour, près du puits.
    — Voyez mademoiselle, dit cérémonieusement Charlotte qui voulait regagner les bonnes grâces d’Emmélie. Je vous obéis.
    — Laissez tout cela pour l’instant et trouvez une serviette propre pour votre maîtresse. Les douleurs ont commencé.
    Une lueur d’affolement passa dans les yeux de Charlotte.

    — Mais qu’est-ce qu’il faut faire, mademoiselle ?
    Emmélie enrageait. Quelle bonne à rien à qui il fallait tout expliquer !
    — Je cherche de quoi écrire. Montrez-moi l’écritoire du docteur.
    — Je ne peux pas faire ça, mademoiselle, répondit la pleurnicharde. Monsieur l’interdit.
    — Je lui expliquerai, Charlotte, fit Emmélie, péremptoire. C’est urgent ! Il me faut de quoi écrire un billet.
    Charlotte la mena dans une petite pièce de la maison que le docteur appelait son apothicairerie. Il y avait là une armoire vitrée remplie de flacons de toutes sortes, de petites fioles en verre et des pots de faïence sur lesquels il était inscrit leur contenu: Ipécacuana, Sel de Glauber, Magnesia, Quinquina,Soufre, Crème de

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