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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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maintenait la pression sur le côté malade. Elle tendit un bras suppliant au nouvel arrivé.
    — Docteur, gémit-elle faiblement, vous voilà.
    La pauvre pouvait à peine ouvrir la bouche.
    — Eh bien, madame Bresse, vous me semblez dans un bien mauvais état. Voyons voir cela.
    Le docteur se débarrassa de sa veste et retroussa ses manches.
    — Ouvrez grand la bouche, ordonna-t-il en s’asseyant sur le bord du lit.
    Françoise s’exécuta, les yeux pleins d’eau tant la douleur était vive.
    — Hum ! Un bien vilain abcès, constata le médecin.
    Il me faudra d’abord inciser pour vider. Ensuite, je vous enlèverai cette dent. Elle ne vous fera plus souffrir, c’est promis.
    La servante arriva avec les guenilles, un grand pichet d’eau, un verre et un bol de faïence. Talham lui demanda de rester pour l’aider. Il fouilla dans une vieille trousse en cuir usé et en ressortit un petit instrument qui se terminait par une lame, ainsi qu’un davier, une grosse pince dont un des manches de la poignée était recourbé. A la vue des instruments de chirurgie, la servante, pourtant une femme imposante à la forte carrure, eut un cri d’effroi.

    — Ce n’est pas le moment d’avoir une faiblesse, Perrine.
    J’ai besoin de votre aide. Placez-vous derrière votre maî-
    tresse, de manière à la maintenir fermement, ordonna-t-il pendant qu’il façonnait rapidement une compresse.
    Il s’installa lui-même devant la malade, lui ouvrit la bouche et la maintint fermement en incisant vivement à l’aide du bistouri. Il vida l’abcès en appliquant la compresse.
    Puis, saisissant la dent avec la pince, il commença l’extraction. Sa patiente gémissait sourdement, mais demeura courageuse tout au long de l’opération, agrippant un des montants du lit tandis que des larmes de douleur inondaient ses pauvres joues amaigries. Finalement, le médecin exhiba une molaire sanguinolente.
    — Voici la coupable, ma chère. Tout est fini. La douleur ira en s’amenuisant, expliqua-t-il tout en épongeant délicatement la plaie.
    Il tendit un verre d’eau { la pauvre Françoise.
    — Rincez-vous la bouche.
    Elle s’exécuta au-dessus du bassin que lui tendait sa servante, pendant que le docteur sortait une fiole d’une petite armoire portative en bois à plusieurs compartiments.
    Il reprit le verre des mains de Françoise et le remplit à moitié d’eau dans laquelle il versa quelques gouttes du flacon.
    — Buvez, cela vous soulagera. Vous verrez que demain, vous serez enfin du monde pour vous et vos amis, ajouta-t-il pour l’égayer.
    — Merci, docteur, réussit enfin à dire Françoise en s’allongeant, bien appuyée sur le traversin et les oreillers.
    Talham refit une compresse puis rangea ses instruments.
    Il observa sa patiente, posa sa main sur son front et examina ses yeux pour y déceler des traces de fièvre.

    — Alors, ça va mieux ?
    Elle hocha péniblement la tête.
    — Je vais laisser à votre servante le contenu de ce flacon.
    Mais attention, fit-il sévèrement à Perrine en guise d’avertissement, pas plus de trois gouttes, trois fois par jour. Et lorsque le flacon sera vide, ajouta-t-il { l’intention de Françoise, je vous promets que vous serez de nouveau sur pied.
    Françoise eut un regard de reconnaissance vers le docteur. Elle se souleva péniblement de ses oreillers et lui fit signe de s’approcher le plus possible et de tendre l’oreille.
    Malgré son grand état de faiblesse, elle voulait savoir si la dernière nouvelle était vraie.
    — On m’a dit que madame Talham avait de l’espérance, souffla-t-elle d’une voix si basse que le docteur dut s’approcher encore plus près.
    L’irrépressible curiosité de Françoise, plus forte que la pire des rages de dents, arracha un sourire au docteur.
    — « On » ne vous a pas menti, ma chère madame Bresse.
    Mais dites-moi, qui se cache derrière ce « on » ? La nouvelle est si récente qu’un peu plus et vous l’auriez apprise avant Marguerite elle-même !
    Françoise se sentait trop mal en point pour relever la boutade. Elle se contenta de dire que sa servante avait rencontré la demoiselle Bédard au marché.
    — Voyez-vous ça ! fit-il joyeusement. La demoiselle Bédard ! C’est vrai qu’elle sera dans les honneurs. Marguerite lui a demandé d’être la marraine. La sœur de notre curé a pris l’habitude de nous combler de ses nombreuses petites attentions. C’est une personne charitable pleine

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