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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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la scrutant du regard attentif de l’homme de l’Art, mais aussi affectueux du mari, il constata que Marguerite avait une mine radieuse et offrait tous les espoirs d’une grossesse réussie. Il en eut l’intuition soudaine et proposa d’emblée :
    — Offrons { ton cousin René Boileau d’être parrain de l’enfant !
    Marguerite accusa le coup. L’enthousiasme de son mari la laissait perplexe.
    — Ce serait une manière de signifier notre reconnaissance à ton oncle à qui nous devons tout, poursuivit Alexandre, qui aimait de plus en plus cette idée, puisque Monsieur Boileau était l’artisan de son bonheur.
    — Certes, mais pourquoi ne pas choisir plutôt mon oncle pour parrain ? s’objecta Marguerite.
    — Je connais ton oncle. Il apprécie au plus haut point les honneurs et sera d’accord que nous choisissions son fils.
    — Oui, mais nous ne voyons jamais René, fit-elle vivement.
    — On dirait que tu n’es pas d’accord. Pourtant, tu as été élevée avec lui et ses sœurs.

    — Pardonnez-moi, Alexandre, dit-elle pour excuser son mouvement d’humeur. Je suis sans doute affectée par cette nouvelle grossesse, avait-elle conclu, { court d’arguments.
    Que pouvait-elle ajouter de plus ? Que René la détestait?
    Qu’elle n’éprouvait plus le plaisir d’autrefois { se retrouver dans la maison rouge lorsqu’ils étaient invités chez les Boileau? Et que René n’accompagnait jamais ses parents ou ses sœurs chez les Talham ? Non. Alexandre refusait de voir la mesquinerie chez les autres. En cela, il était aussi naïf qu’un petit enfant. Ce soir-l{, Marguerite s’était endormie en se disant qu’elle n’avait guère le choix des parrains de ses enfants.

    *****
    En laissant { l’homme engagé le soin de ranger les outils de jardinage, Marguerite demanda de puiser suffisamment d’eau fraîche afin de la faire reposer dans un des grands barils qui servaient aussi { recueillir l’eau de pluie. Tôt le lendemain matin, Charlotte ou elle-même arroserait abondamment le potager. Puis, elle se dirigea vers la maison et entra par la porte de la remise, qui servait de cuisine d’été.
    Elle s’effondra dans une vieille bergère qu’on avait placée là pour la durée de la saison chaude et demeura un moment sans bouger, heureuse, mais épuisée: tout son corps lui faisait mal.
    Soudain, la cloche de l’église se fit entendre.
    — Ma foi du bon Dieu, madame ! s’exclama Charlotte '
    qui rentrait. C’est trop de bonne heure pour l’angélus ! Le bedeau a l’esprit dérangé ou bien il sort du cabaret, je dirais.
    Tout aussi intriguée, Marguerite se releva d’un bond.

    — Ce n’est pas l’angélus, Charlotte. C’est le tocsin !
    — Le tocsin? Je ne peux pas croire, madame! Pas le tocsin !
    En effet, c’était bien l’alarme du feu qui résonnait dans tout le village. Puis, étrangement, la cloche cessa brusquement, dans un drôle de silence qui fut immédiatement suivi de bruits de chevaux au galop et de charrettes passant à tout rompre sur le chemin où retentissaient des cris affolés.
    Marguerite sortit précipitamment sur la galerie devant la maison. Elle entendit le voisin Lynch qui hurlait:
    — Hardi ! Tous { l’église ! Tous { l’église !
    — Viens ! dit Marguerite à Charlotte. Allons voir ce qui se passe. Courons vite { l’église !
    Les deux femmes reprirent leur chapeau et sortirent, suivant tous ceux qui, alertés par la cloche, accouraient.

    *****
    Il devait être vers les quatre heures de l’après-dîner de ce 6 juin magnifique, lorsque le docteur Joseph-Alexandre Talham arrêta sa calèche devant la maison du négociant Joseph Bresse. La veille au soir, madame Bresse lui avait fait parvenir un message l’enjoignant de venir la délivrer d’une grande douleur à une dent.
    Venez, je vous prie, je suis au désespoir. Je souffre depuis trois jours.
    Talham avait fait répondre qu’il passerait le lendemain, sitôt ses visites de la campagne terminées.
    Perrine, la servante des Bresse, lui ouvrit, l’air atterré.
    — Monsieur le docteur, enfin ! Ma pauvre maîtresse souffre le martyre. Elle est là-haut.

    — Laissez, ma brave Perrine, je connais le chemin, dit aimablement Talham { la servante qui s’empressait de le précéder dans l’escalier. Allez plutôt chercher des guenilles propres. J’aurai aussi besoin d’eau fraîche.
    A l’étage, Françoise Bresse gémissait dans son lit, la tête enturbannée dans un bout de vieux drap qui

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