Marguerite

semble-t-il, l’informa le notaire.
    On les a amenés au presbytère et des femmes s’en occupent.
    Seigneur ! Regardez, le feu se propage par le toit. Il faut avertir ceux qui sont { l’intérieur.
    René Boileau sortit du rang en courant pour se précipiter dans le brasier. Au même instant s’éleva un cri suppliant:
    — René, non ! cria Marguerite.

    Le docteur Talham se retourna. Stupéfait de voir Marguerite qui s’avançait avec Charlotte dans son sillage, il les rattrapa.
    — Que fais-tu ici ? dit-il d’un ton furieux.
    — Alexandre ! s’écria-t-elle en se retournant vers son mari. Vous êtes là, grand Dieu !
    Elle se précipita dans ses bras en pleurant.
    — Notre église, gémit-elle, c’est trop affreux !
    — Allons, toutes les deux, ne restez pas là, ordonna-t-il d’un ton brusque, inquiet de les voir si près du feu.
    Les villageois s’étaient massés de part et d’autre du chemin du Roi. Des femmes et des enfants priaient avec le curé tandis que les hommes de la paroisse livraient un combat acharné contre l’incendie qui ravageait leur temple, qui avec un seau, qui avec une hache. En regardant vers le village, Talham aperçut une petite troupe qui arrivait au pas de course. C’était les soldats de la garnison qui arrivaient enfin pour prêter main-forte.
    — Ce n’est pas trop tôt, grommela le docteur. Allons, ma belle, viens, fit-il en entraînant sa femme.
    — Stay back, sir, ordonnèrent deux soldats en bloquant le chemin à Talham, Marguerite et Charlotte.
    — Mais laissez-moi passer, bande de niochons, s’obstina Talham. Je suis médecin. I’m a doctor.
    — Sony, Doctor, fit l’officier de service. Idid not recognize you, but these women must stay here.
    — Très bien, répondit le docteur d’un air fâché.
    Marguerite, Charlotte, allez rejoindre les dames Boileau.
    Joseph Bresse et le colonel de Rouville arrivaient derrière les soldats. Au même moment, le notaire Boileau, le capitaine de milice et une dizaine d’hommes sortaient enfin de l’église par la porte de côté, toussant et crachant à rendre l’âme. S’arrêtant un moment pour respirer, le notaire se redressa. Malgré la famée, il aperçut Marguerite dans les bras de Talham. L’espace d’un instant, il crut recevoir un coup de poignard droit au cœur. Il détourna brusquement la tête. Le capitaine criait des ordres et faisait signe aux soldats de s’approcher.
    — Nous avons encore une chance de sauver la sacristie.
    — Je vais les aider, dit promptement Boileau.
    — Laissez, monsieur le notaire, lui enjoignit le capitaine de milice. Allez plutôt délivrer notre bon docteur des bras de son imprudente épouse. Les blessés ont besoin de lui.
    Sans compter notre curé. Je crains pour ses nerfs.
    Boileau se résigna.
    — J’y cours.
    Il rattrapa Talham, Marguerite et Charlotte.
    — Docteur, je m’occupe de ces dames, je vais les confier à ma mère. On vous mande au presbytère.
    — Merci notaire, fit le docteur, soulagé, avant de disparaître parmi les sauveteurs en direction du presbytère.
    — Allons-y, fit rudement Boileau.
    Mais Bresse s’interposa. Il venait d’apprendre que sa femme était toujours inconsciente dans leur maison. Il s’accrocha { Marguerite, la suppliant d’aller aux nouvelles.
    — Madame Talham, il faut sortir Françoise et notre servante de la maison.
    — Nous allons justement dans cette direction, fit le notaire.
    — Je m’occuperai de madame Bresse et de sa servante, assura Marguerite.
    Le notaire agrippa les deux femmes.
    — Suivez-moi ! Vous ne pouvez plus retourner chez vous. Il faut attendre la fin de l’incendie.
    Le colonel de Rouville approchait.
    — Votre petit garçon est avec les demoiselles Boileau et ma fille, cria-t-il { l’intention de Marguerite avant de courir vers les lieux du sinistre.
    — Colonel de Rouville, lui cria de loin le capitaine Ferrière en faisant de grands signes. Par ici !
    Rouville s’approcha du capitaine de milice qui le gratifia d’un salut militaire.
    — Je n’ai jamais été aussi heureux de vous voir. Je vous confie les hommes qui tentent de circonscrire le brasier de ce côté. Moi, j’irai de l’autre. Voyez, le feu gagne le toit à une vitesse effroyable. Nous avons toujours espoir de sauver la sacristie, mais il nous faut de l’eau en abondance de ce côté. Faites vite !
    Habitué { commander des hommes, Rouville n’avait pas besoin de plus d’instructions et gagna l’endroit que