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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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impérativement aller chercher le trésor de la paroisse qui est { l’intérieur de la sacristie.
    — Parbleu ! s’écria le capitaine. Mais vous êtes fou ! C’est bien trop dangereux.
    Ferrière jeta un regard rapide aux alentours. L’expédition projetée était bien hasardeuse, mais encore possible. Le trésor de la
    paroisse
    contenait
    des
    merveilles
    d’orfèvrerie
    ancienne. Il fallait faire une tentative pour les sauver.
    — C’est bon. Mais attendez-moi ici, ordonna-t-il, j’irai avec vous. Je dois voir Proteau.
    Laissant là les deux hommes, Ferrière repartit en courant retrouver le charpentier. Monsieur Boileau examina le curé:
    — Diantre, retirez vite vos beaux habits avant qu’ils ne soient gâchés par la fumée et l’eau.
    L’homme de Dieu obéit et roula en boule la riche cha-suble, Paube de fine batiste et l’étole, ne gardant que sa soutane, et donna le tout au bedeau apeuré qui venait chercher ses ordres.
    — Allez, bedeau, portez-moi ça au presbytère en vitesse, et voyez si le marguillier en charge a été prévenu. Sinon, faites-le envoyer chercher. Allons, ouste, au galop, dit vivement le curé en faisant un geste de la main qui eut pour effet de secouer le petit homme qui fila vers le presbytère sans demander son reste.
    À grandes enjambées, Ferrière avait rejoint le charpentier. Le feu allait gagner le toit. Les deux hommes estimè-
    rent qu’on pouvait encore sauver la sacristie du désastre, mais il fallait faire vite. Proteau rassembla immédiatement un petit groupe d’hommes qu’il entraîna dans le chœur de l’église et leur donna des instructions pour réussir { circonscrire le feu avant que les flammes n’atteignent la sacristie.
    Tous s’attaquèrent avec acharnement, { coup de hache, aux beaux murs crème et or qu’on avait repeint quelques années auparavant. Plusieurs d’entre eux avaient les larmes aux yeux et ce n’était pas seulement à cause de la fumée.
    — Allons-y maintenant, dit alors le capitaine Ferrière en revenant au curé et à Monsieur Boileau. Il faut faire vite.
    Les trois hommes entrèrent par la petite porte sur le côté de la sacristie. Le curé fouilla dans une des poches cachées sous sa soutane pour en retirer une petite clé et se dirigea vivement vers une armoire qu’il ouvrit. Malgré l’urgence de la situation, il en retira délicatement tous les objets qui s’y trouvaient un { un : un calice, un ciboire, les deux petites burettes, une aiguière à baptême et son goupillon, un magnifique encensoir ciselé par un artisan du siècle dernier.
    Le capitaine et Monsieur Boileau emportèrent pêle-mêle les objets précieux. Le curé retourna dans l’église et se précipita vers le chœur.
    — Quel insensé ! s’exclama le capitaine.
    Le grondement des flammes s’intensifiait. Messire Bédard ressortit rapidement de l’église, toussant et crachant, mais tenant fermement son butin, brandissant le Saint Sacrement. Le trésor sacré était sauvé !
    — Portez tout cela au presbytère, hurla le capitaine de milice en confiant les objets à deux de ses miliciens.
    Monsieur Boileau, pour l’amour du saint ciel, occupez-vous de notre curé. Je ne veux plus le voir approcher du brasier.
    — Allons, curé, l’enjoignit le notable, inutile que vous restiez ici.
    — Non, s’entêta messire Bédard. Il n’est pas question que j’abandonne mon église. Nous allons prier.
    — Je veux bien, répliqua Boileau, mais plus loin.
    Messire Bédard, brandissant l’ostensoir au bout de ses bras, s’écarta de Boileau pour se diriger vers un groupe de femmes qui priaient déj{ avec ferveur. C’était connu, les prières au Saint Sacrement avaient le pouvoir d’arrêter le feu.
    — Prions, mes sœurs, prions, mes frères, pour conjurer le mauvais sort qui s’acharne sur notre église.
    En présence de leur pasteur, la ferveur redoubla. Voyant que le curé reprenait ses sens, Boileau retourna auprès des hommes qui s’activaient toujours { faire remonter l’eau {
    l’église. Il empoigna un seau et se joignit { la chaîne. Les premiers arrivés commençaient déj{ { s’épuiser et les plus costauds se relayaient entre eux, les uns puisaient l’eau du bassin, les autres arrosaient. Tout en participant à la corvée, le bourgeois les encourageait :
    — Hardi, les gars ! Un seau après l’autre.
    Pendant que Monsieur Boileau s’époumonait, le docteur Talham s’enquit des blessés.
    — Quelques hommes,

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