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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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nous l’allongerons sur un sofa. Comme ça, s’il y a urgence, ce sera plus facile de venir la chercher. Il suffira de venir lui jeter un petit coup d’œil de temps en temps, à tour de rôle.
    — Bonne idée, fit Sophie.
    — Allons-y, dit Emmélie en tentant de soulever Françoise d’un côté.
    — Pas comme ça, dit Marguerite. De cette manière, tu n’arriveras { rien. Sophie, place-toi de l’autre côté, et soulevez-la en même temps. Moi, je vais lui saisir les jambes et les tourner pour qu’on puisse la sortir du lit.
    Aussitôt dit, aussitôt fait. Elles parvinrent à la mettre debout, mais Françoise était aussi molle qu’un tas de chiffons. Marguerite lui saisit les jambes et toutes les trois, elles l’empoignèrent fermement et réussirent { la soulever. Malgré l’ampleur de la manœuvre, la femme inerte aurait aussi bien pu être morte : elle ne remua pas un cil.
    — Eh bien ! constata Sophie, étonnée, elle n’est pas grosse, mais elle est lourde.
    Elles unirent leurs efforts pour la sortir de la chambre et la mener jusqu’{ l’escalier. Marguerite s’arrêta un moment, souleva un pan de sa jupe à la ceinture pour se donner de l’aisance dans ses mouvements, et s’installa {
    reculons pour descendre. Tranquillement, marche par marche, les jeunes femmes réussirent à descendre madame Bresse dans l’escalier étroit. Elles la transportèrent dans la chambre de compagnie pour la coucher sur un sofa.
    — Ouf! s’exclama Sophie.Voil{ qui est fait. J’avais peur que Marguerite ne déboule l’escalier, et nous en même temps qu’elle.
    — Tu avais oublié à quel point je suis forte, lui rappela Marguerite en souriant.
    — C’est vrai, j’avais oublié, répliqua Sophie en lui rendant son sourire.
    — C’est bon, rétorqua Emmélie, heureuse de voir que ces deux-là se réconciliaient, il ne nous est rien arrivé de fâcheux.
    Mais le déplacement avait réussi à faire sortir Françoise Bresse de sa torpeur.
    — Que se passe-t-il, demanda-t-elle d’une voix très faible en tentant d’ouvrir les yeux.
    — Madame Bresse, s’exclama alors Emmélie en la secouant. Réveillez-vous !
    — Pourquoi crier ainsi ?
    — C’est moi, Emmélie Boileau. Je suis avec Sophie et madame Talham. Il faut sortir de votre maison au plus vite avant qu’elle ne s’enfume.
    — Madame Bresse, intervint Marguerite. Notre église brûle et il vous faut sortir de la maison. Etes-vous capable de vous tenir debout ?
    — Mes sœurs, fit faiblement Françoise qui commençait à se réveiller. Clémence et Agathe, où sont-elles ?

    — N’ayez crainte, la rassura Sophie. Elles sont avec ma mère et la demoiselle de Rouville. Allons, venez maintenant, nous allons vous aider à sortir de la maison.
    Françoise gémit. Sa mâchoire était douloureuse. Les jeunes filles sortirent ensuite un fauteuil de la maison et y installèrent la pauvre madame Bresse engourdie par le laudanum. Toujours coiffée de son bonnet de nuit, Françoise trouva la force de s’exclamer :
    — Dire que j’ai failli manquer l’événement le plus important qu’il y ait eu { Chambly depuis des années { cause d’une simple dent !
    — Vous voilà aux premières loges, répondit Sophie, railleuse.
    Mais Françoise s’était rendormie.
    — Viens Marguerite, dit alors Emmélie, allons plus avant voir si nous pouvons nous rendre utiles.
    — Je ne bouge plus d’ici, répondit la jeune femme. J’ai assez fait d’efforts pour aujourd’hui, ajouta-t-elle d’un ton mystérieux.
    Etonnée par cette curieuse réponse, Emmélie l’interrogea du regard.
    — J’ai de l’espérance, lui révéla Marguerite à voix basse.
    — Oh, madame! s’exclama Charlotte qui approchait pour retrouver sa maîtresse et avait tout entendu. C’est moi qui irai avec la demoiselle et vous, vous resterez ici, bien tranquille.
    Emmélie se mit à rire.
    — Marguerite a bien de la chance de t’avoir comme servante. Viens avec moi.
    La servante rougit de plaisir en entendant le compliment d’Emmélie. Même si celle-ci l’avait grondée, autrefois, elle l’aimait bien. Cette demoiselle-là, se disait-elle, savait rester aimable lorsqu’elle donnait des ordres et vous souriait toujours si elle vous croisait, comme si vous étiez une personne importante, contrairement { d’autres bourgeoises qui vous considéraient autant qu’un buffet. Elle s’attacha aux pas d’Emmélie et la suivit.

    *****
    Emmélie et Charlotte se dirigèrent vers

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