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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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bâillements.
    — Mais revenez tous demain, leur intima le curé. Car nous aurons fort à faire.
    Le conseil était sage. On prit congé afin de regagner sa demeure pour profiter des quelques heures de sommeil qu’il restait avant le lever du jour.

    *****
    Revenus au campement improvisé près du site de l’incendie, Ferrière et Rouville examinaient les ruines.

    — Quel désastre, soupira Ferrière, le capitaine de milice.
    — Pensez-vous la même chose que moi ? demanda Rouville.
    — Je le crois, surtout en regard de ceci. Voyez ce que nous avons retrouvé dans le clocher avant qu’il ne s’embrase, fît Ferrière en tendant une pièce de métal noircie, cabossée et à moitié fondue.

Rouville examina attentivement l’objet.
    — On dirait bien une lanterne sourde, dit-il.
    — C’est bien cela, confirma le capitaine de milice.
    Pourtant, ce type de lanterne de métal est fait pour protéger la flamme du vent. Il faut les allumer en ouvrant une petite porte et elles laissent passer des filets de lumière par de minuscules interstices.
    — Au fait, capitaine, s’impatienta Rouville.
    — Je crois qu’une main a ouvert la fameuse petite porte et a fourni suffisamment de brindilles sèches ou autre combustible pour faire un feu de camp dans le clocher. La corde devait être déjà passablement rongée lorsque le bedeau a sonné l’alarme. Et voyez le résultat, ajouta-t-il en donnant un coup de pied dans les débris.
    — On m’a dit, en effet, qu’on avait entendu seulement quelques coups. Au faubourg, nous n’avons rien entendu.
    Il faut ouvrir une enquête.
    — J’en ai bien l’intention, déclara le capitaine de milice.
    Quoi qu’en pense notre bon curé, le feu n’est pas arrivé comme ça, en plein jour. La main de l’homme était {
    l’œuvre.

    *****

    Marguerite était revenue tard chez elle, avec le petit Melchior dans les bras, épuisée comme tous l’étaient au village après cette journée infernale. Sa demeure avait été vidée de tous les blessés amenés quelques heures auparavant par le docteur afin de mieux les soigner.
    Heureuse de retrouver sa maison, elle eut toutefois du mal { s’endormir. Dès que le sommeil commençait { la gagner, elle revoyait René se précipiter dans l’église en flammes. Et ce moment fugitif où il l’avait maintenue fermement. Elle se rappelait précisément la chaleur de son corps. Elle la ressentait encore vivement, comme si le bras de René l’enlaçait toujours. Et pourtant, elle portait en son sein le fils d’Alexandre et, la veille encore, elle se réjouissait profondément de donner un enfant à son mari qui lui témoignait tout l’amour du monde. Ce dernier n’était toujours pas rentré. Elle ferma les yeux.
    Dans le faubourg Saint-Jean-Baptiste, Julie de Rouville s’était endormie en pensant { la terreur qui l’avait saisie au récit du courage du notaire s’élançant dans les flammes.
    Dans son cauchemar, elle pleurait à chaudes larmes tandis que le capitaine de milice annonçait qu’on avait retrouvé René Boileau mort dans les ruines de l’église. L’inconfort de l’oreiller, trempé de larmes, la réveilla. «René.» Elle murmura son prénom. Peut-être qu’un jour, il la regarderait autrement, de ce regard ardent qu’il avait pour sa cousine, madame Talham, et qu’elle n’avait pas manqué de remarquer. Ce regard, elle le souhaitait dirigé vers elle afin qu’il voie la femme amoureuse qu’elle pouvait être. Julie ne put se rendormir. Personne ne connaissait son secret et elle n’avait personne { qui le confier.
    Ce n’était pas le souvenir de l’incendie qui empêchait le notaire Boileau de s’endormir. La cruelle vision de Marguerite dans les bras de Talham s’imposait sans cesse dans son esprit, alors qu’il ne voulait se rappeler de la douceur du corps bien-aimé blotti au creux de son bras.
    Malgré tous ses efforts, l’image de Marguerite l’obsédait.
    Il lui était inutile de se battre contre lui-même, car sans le savoir, elle détenait une part de son âme. « De toute manière, je serai le parrain d’un petit Talham, aussi bien m’y faire tout de suite», conclut-il en s’endormant, finalement.
    Enfin chez lui, allongé auprès de sa chère Marguerite, le docteur Talham cherchait le sommeil. Quelque chose le turlupinait. Il avait beau reprendre en détail les événements de la journée, il n’arrivait pas { retrouver ce qui le dérangeait. « Ça me reviendra plus tard »,

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